Je n’ai jamais été très difficile, culinairement parlant.
Quand j’étais petit, il n’y avait que deux aliments auxquels ma luette ne permettait pas le passage : les champignons et le fromage. Aujourd’hui, j’ai 42 ans et, je l’avoue, la situation n’a pas beaucoup évolué. Les champignons sont toujours persona non grata dans mon assiette et, exception faite du fromage en crottes, de la burrata et du mozzarella sur la pizza (en quantité raisonnable), la majorité des fromages le sont aussi.
Le pire, là-dedans, c’est que mes parents étaient convaincus qu’il ne s’agissait que d’un caprice. Le nombre de fois où on mangeait des nouilles asiatiques avec la promesse « d’avoir enlevé tous les champignons de mon assiette » pour finalement avoir à trier ces excroissances fongiques par moi-même parce que l’autorité parentale était convaincue que j’allais les avaler sans m’en rendre compte.
Par quelle sorcellerie ça aurait été possible? Je l’ignore, mais à ce jour, j’éprouve encore du stress post-nouilles asiatiques. On ne mange pas de ça chez nous.
Afin de venger mes petits compagnons de traumas alimentaires et éviter que votre enfant difficile ne devienne un adulte difficile, je vous ai préparé, en colligeant plusieurs listes en ligne, un classement de leurs 15 pires ennemis à l’heure du souper. Oui, avec un peu de bonne foi et de talent culinaire, tout se mange, mais le plaisir de découvrir est quelque chose qui s’apprend.
…Et non pas quelque chose qui se développe en laissant des champignons-surprises traîner dans votre assiette.
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15 – N’importe quoi d’épicé
Les premières impressions sont toujours cruciales. Ça peut faire un très bon TikTok de mettre un piment jalapeño dans la bouche de Mathis pendant qu’il fait son coloriage, mais vous risquez de créer une connexion entre le délicieux incendie buccal que provoque les piments et la détresse de se faire trahir par la personne ayant la charge de son bien-être.
Je suis moi-même un enthousiaste de nourriture épicée et c’est un intérêt que j’ai développé de mon propre chef entre autres grâce à l’engouement médiatique pour la cuisine mexicaine des années 90. Résistez donc à l’envie de faire rire vos 128 abonnés Instagram et tenez Mathis au courant de ce qu’il met dans sa bouche. C’est pas tout le monde qui peut gérer l’épicé, enfant comme adulte. Laissez-le décider s’il a envie d’essayer ou non.
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14 – Les avocats
Ça peut sembler complètement coucou à première vue, mais les avocats se trouvent sur à peu près toutes les listes d’aliments maudits par les enfants difficiles. Il faut dire que la texture surprend. Les enfants ne gèrent pas bien le mou inattendu et les avocats passent du semi-dur à la bouillie en l’espace de quelques heures.
Le petit noirci gris foncé qui recouvre l’avocat dès qu’il est le moindrement un peu trop mûr n’est pas très vendeur chez les trois à six ans et l’aspect luisant aussi, c’est louche pour un esprit pas encore habitué à penser de façon critique. Pour passer par-dessus ces détails peu ragoûtants, offrez-leur des avocats déjà éffoirés pour les aider à se familiariser avec ce nouvel aliment.
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13 – Les petits pois
Le problème, avec les petits pois, c’est qu’en plus d’être verts, ils viennent toujours dans un petit jus étrange. Ça prend du courage.
Pourtant, c’est si bon, des petits pois. Surtout ceux cultivés dans le jardin qu’on mange directement de leur écosse. Et que dire des petits pois mange-tout qu’on peut dévorer avec leur délicieux emballage naturel? Plus sucré, le pois mange-tout pourrait vous aider à préparer le terrain pour les petits pois. Mais par pitié, ne forcez pas votre enfant à manger du vert juste pour le principe « d’avoir du vert ».
L’amour du vert, ça s’apprend.
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12 – Les olives
Il y a des gens qui n’ont jamais été capables de faire la paix avec les olives après un traumatisme d’enfance.
Je l’avoue, les olives sont un acquired taste. Elles ont un goût très prononcé qu’on aime ou qu’on n’aime pas et certaines ont une consistance huileuse qui les fait rouler dans la bouche. Je comprends les ti-poux de ne pas y trouver leur compte. Les olives, c’est comme les pratiques sexuelles alternatives, c’est pas pour tout le monde.
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11 – Les citrons (ou n’importe quoi de trop sûre)
Une autre blagounette que tout le monde trouve drôle sauf Mathis. Honnêtement, j’ai l’impression qu’aucun parent digne de ce nom n’oserait donner une tranche de citron à un enfant en âge de s’en rappeler, mais c’est quand même chien de donner à manger à votre progéniture un aliment que vous n’appréciez pas vous-même.
L’empathie, c’est peut-être pas payant pour les likes, mais ça aide à bâtir une relation de confiance avec votre enfant.
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10 – Le tofu
La texture, c’est le nerf de la guerre avec les enfants difficiles et le tofu peut avoir plusieurs consistances. Un bon tofu ferme ayant mariné dans quelque chose d’intéressant pourrait plaire à une jeune bouche fine. Personnellement, j’haïs pas trop le tofu, mais n’essayez pas de me convaincre qu’il s’agit d’un délice des dieux. Vous ne tromperez personne, y compris vous.
Par contre, si la seule chose qui vous importe, c’est que votre enfant mange santé et qu’il diminue sa consommation de viande, attendez-vous à un combat digne de Enter the Dragon qui risque de se finir en croquettes de poulet.
Qui sont un délicieux repas lorsque consommées avec modération, soit dit en passant.
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9 – Les navets
C’est tellement niaiseux, un navet. Et n’essayez surtout pas de me dire que c’est votre légume préféré, parce que je ne vous croirai simplement pas. N’essayez pas non plus de me dire que c’est succulent lorsque sauté dans du beurre avec une poignée de sucre et des épices à steak, ce sont là trois condiments qui rehausseraient le goût d’une poignée de sable à un niveau comestible pour le commun des mortels.
Si vous voulez que votre enfant développe un amour pour les légumes, commencez donc par les carottes, les poivrons crus ou le concombre. Je n’ai rien contre les navets, mais jamais je ne me lèverai au milieu d’un restaurant pour clamer haut et fort : « Garçon, une chaudière de vos meilleurs navets, s’il vous plaît! » Ne forcez pas vos enfants à consommer un aliment que vous n’aimez pas vous-même.
Finissez leurs crisses de navets et laissez-les vivre pleinement leur enfance.
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Les choux de Bruxelles, c’est pas tant bon en soit et les enfants ont raison de les repousser systématiquement Dorez un peu la pilule : faites-les griller au four avec de l’huile d’olive, de la pancetta et du parmesan. Ça aide à faire passer la texture râpeuse et le goût amer de ces petites boules de tristesse vertes.
Des fois, j’me lève le matin et j’ai l’air d’un épouvantail. Quand ça arrive, je prends une bonne douche, un café, je me coiffe, je me taille la barbe et je mets de beaux vêtements propres. C’est pas miraculeux, mais ça aide.
Vous aurez compris que dans cette histoire, c’est moi, le chou de Bruxelles. Pimpez vos choux de Bruxelles, c’est ce que j’essaie de vous dire.
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7 – Le fromage bleu
Côté texture, c’est pas la fin du monde. Elle avoisine celle du fromage féta. Le goût surprend un peu et vous ne devriez pas en vouloir à Mathis de ne pas apprécier les aliments qui goûtent le jus de bas.
Si votre enfant en vient à développer un goût pour les fromages fins, ça viendra de lui, et non de vous. Rappelez-vous la première fois qu’on vous a donné une gorgée de bière. C’était dégueulasse, hein? C’est la même chose pour le fromage bleu. Les vins et fromages, c’est votre trip. Pas celui de Mathis. Laissez-le manger du P’tit Québec avec des raisins et regarder YouTube.
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6 – Les cornichons
S’il existe une nourriture inutile à donner à votre enfant, c’est bien un maudit cornichon. Les concombres sont si goûteux et faciles d’accès, pourquoi leur compliquer la vie avec des saveurs aussi agressives? Bien sûr, il existe des façons d’apprécier les qualités des cornichons dans un contexte optimal, notamment dans une omelette s’il s’agit de cornichons sucrés.
Mais le gros pickle à l’ail sur le smoked meat, c’est beaucoup pour un palais de quatre ans et demi. C’est un plaisir sophistiqué d’adulte en boisson. Débutez par les délicieux petits cornichons sucrés et laissez votre enfant vous dire s’il aimerait essayer les autres.. À la maison, vous pouvez très bien faire toutes les recettes de la terre sans maudits cornichons.
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5 – Les poivrons cuits
Un poivron cru (surtout rouge), c’est la meilleure affaire au monde pour Mathis. Ça explose de saveur dans la bouche et ça se trempe dans de la trempette mayo-ketchup. Mais un poivron cuit, c’est lourd et c’est mou. Ça se cache bien dans un fajita (et je comprends l’objectif de faire consommer des vitamines), mais c’est pas très vendeur pour un palais difficile.
Quand j’étais petit (jusqu’au Cégep, pour être 100% honnête), mon père me faisait des petits sacs de crudités pour mes lunchs afin que je consomme ma portion de vitamines quotidienne. C’est une habitude que j’ai gardée et je m’en fais encore aujourd’hui. C’est une bonne alternative aux recettes ambitieuses, et ça familiarise vos jeunes avec lesdites saveurs.
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4 – Le fromage cottage
C’EST PAS PARCE QUE VOUS DÉVELOPPEZ UN DRÔLE DE GOÛT POUR CETTE PUTTY GRUMELEUSE EN VIEILLISSANT QUE MATHIS ET JULIETTE DOIVENT EN SOUFFRIR, BON! C’est votre palais qui fait défaut, pas le leur.
Mon paternel s’est fait de la crème Budwig avec du fromage cottage à la place du yogourt pendant plusieurs années. La seule chose qu’il ait accompli avec cette concoction diabolique, c’est de faire renoncer ma sœur et moi au fromage cottage.
Ew.
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3 – Le brocoli
Soyons honnête, là. Ça a la texture de poils de brosse à dents. Il existe tellement de bons légumes que la fascination de l’adulte moyen pour le brocoli me surprendra toujours. Personnellement, je préfère le céleri. La texture est agréablement croustillante, ça ne goûte presque rien et ça réhydrate. Et que dire des tomates avec un p’tit peu de sel? Divin. Voulez-vous bien reconnecter avec votre enfant intérieur et lâcher le brocoli un peu?
Selon moi, un peu comme les choux de Bruxelles, c’est un légume qui gagne à être cuisiné de manière un peu funky. Passez-le dans la friteuse après l’avoir couvert de tempura et les petites bouches fines risquent de s’ouvrir grand.
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2 – Les crevettes
Lorsque je n’étais qu’un ti-poute, avait trouvé un set de napperons Passe-Partout dont un qui mettait en vedette ce cher Pruneau s’apprêtant à dévorer une chiée de crevettes. C’est là que je me suis rendu compte qu’une crevette, ça ressemble à un très petit monstre marin. C’est pas beau et c’est encore moins appétissant.
On s’entend que même à l’âge adulte, là, les crevettes, c’est la fraude des mers. Il y a tellement de meilleurs produits à aller chercher sous l’eau. Côté texture, on est à mi-chemin entre le caoutchouc et la vesse de loup. Et quand c’est pas noyé dans le beurre à l’ail, ça goûte l’aquarium. Si vous voulez introduire vos enfants aux fruits de mer, commencez par un aliment qui ne ressemble pas à une bibitte sortie tout droit d’un cauchemar. Une pétoncle, ça n’a jamais fait pleurer personne.
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1 – Les champignons
J’ignore à partir de quel âge ou après quel type de trauma on se met à aimer les champignons, mais manger des champignons par choix équivaut selon moi à renoncer à son cœur d’enfant. Imaginez, y a même des gens qui vont dans le bois pour les cueillir. Il faut être détraqué en maudit pour courir après des aliments qui se nourrissent eux-mêmes de noirceur et de caca.
Si au moins ça avait bon goût, peut-être que ça vaudrait la peine de braver cette texture batracienne. Mais non, ça goûte presque aussi mauvais que ça en a l’air. Écoutez votre enfant (et votre enfant intérieur) et imposez un tarif émotionnel de 25 % sur les champignons à l’heure du repas. Paix, harmonie et prospérité infinie à la famille qui trouve d’autres légumes à consommer au souper.