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L’enfer, c’est l’hiver… nucléaire

Une bédé à -30°C.

Par
Mathieu Roy
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Ça y est, on a atteint notre quota. Notre seuil de tolérance, comme le mercure est dans le négatif. L’hiver a officiellement perdu de son attrait — du moins pour ceux qui pataugent dans la slush brune quatre mois par année. Il paraît qu’à Montréal c’est carrément cauchemardesque et que les habitants sont pris en otages à chaque tempête. Ça pourrait être pire. Il pourrait y tomber de la neige radioactive pendant dix ans comme dans Hiver nucléaire de Caroline Breault alias Cab.

Le réacteur de Gentilly-3 a explosé et crache des atomes au-dessus de la ville depuis une décennie. Les tracteurs et les grattes travaillent 24/7. Des quartiers entiers ont dû être abandonnés à leur sort, engouffrés par le froid. Le monde se promène en ski-doo dans les rues quasi désertiques et la vie suit son cours normal — whatever that means. La question qui brûle les lèvres : pourquoi sont-ils restés ? Bah, allez savoir pourquoi certains voudraient mourir pour une parcelle de terre. Pas de Montréal bashing : ils ont déjà assez souffert. C’est super dur sur le moral de vivre constamment sous le point de congélation. Imaginez que vous vous réveillez un matin avec un troisième œil ou un p’tit bras qui vous pousse dans le front. Ça s’est sans parler des mégas flocons prêts à vous écrabouiller si vous n’êtes pas assez vigilants. Seuls les irréductibles et les cassés sont restés captifs de cette prison de frimas.

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Les gens n’y sont pas malheureux pour autant. Les affaires roulent bien et les coursiers à motoneige zigzaguent à travers le no man’s land de la métropole qui baigne dans une lueur verdâtre pour livrer votre loyer et autres produits essentiels comme du sirop Buckley’s. En attendant que ça fonde, il faut bien se divertir alors il y a encore des bars et des restos, mais plus d’aéroport. La scène locale est bigarrée et l’harmonie règne entre les « mutantés » et le reste de la population. Cela laisse entrevoir un rayon d’espoir pour l’avenir même si celui-ci est irradié. Il n’y a rien comme une bonne catastrophe nucléaire pour donner un boost d’empathie à l’humanité.

Prenez garde aux pigeons à longue queue dont les crottes corrosives percent des trous ou encore des goélands bicéphales qui se tiennent dans le parking de la Belle Province.

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Sauf que l’incident a aussi eu des conséquences monstrueuses sur la faune urbaine qui a revêtu des allures de film série B. Prenez garde aux pigeons à longue queue dont les crottes corrosives percent des trous ou encore des goélands bicéphales qui se tiennent dans le parking de la Belle Province. Mais le plus grand danger rôde sur le Mont-Royal puisque c’est maintenant le territoire du très agressif raton polaire – imaginez des ratons laveurs sur le jus avec des yeux glow in the dark et ayant un faible pour les bagels du Fairmount.

Aucune saison n’est plus polarisante que l’hiver. Deux choix s’offrent à nous : regarder le ciel en le maudissant à la moindre bordée ou embrasser notre nordicité et profiter pleinement du plein air (mais encore faut-il savoir le faire !) De toute façon, au rythme auquel la planète se réchauffe…

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Hiver nucléaire, de Cab, est publiée aux éditions Front Froid.