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Le tire-allaitement : nouvelle tendance ou solution miracle ?

Une nouvelle voie lactée pour les bébés.

Par
Alexia Boyer
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« Tu allaites ou tu donnes le biberon ? », se font souvent demander les jeunes mères, comme si la nutrition infantile imposait de devoir choisir son camp : nourrir son enfant au sein ou avec de la formule.

Il existe pourtant plusieurs alternatives qui permettent de contourner ce faux choix, parmi eux le tire-allaitement exclusif (TAE).

Marie-Anne Miljours et Roxanne Bédard font partie de celles qui ont trouvé leur équilibre avec cette méthode.

C’est quoi, ça, le « tire-allaitement »?

L’expression « tire-allaitement exclusif » désigne le fait de nourrir son bébé au biberon, mais uniquement avec son lait maternel. « Souvent, on pense que les tire-laits servent seulement au cas où on ne peut pas donner le sein, mais c’est possible de nourrir exclusivement son enfant au biberon avec son propre lait », explique Roxanne.

Pour Marianne, le choix de se tourner vers le tire-allaitement s’est fait de pair avec son conjoint, qui souhaitait participer à l’alimentation de leurs jumelles. « C’était un choix de couple pour permettre à mon conjoint de créer une relation de proximité. » De plus, ses bébés sont nés prématurément et n’avaient pas l’énergie de téter au sein, comme beaucoup d’enfants nés avant terme.

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Roxanne, quant à elle, a commencé par nourrir son bébé au sein. Il avait toutefois besoin de boire de grandes quantités quelques jours après sa naissance pour éliminer des symptômes de jaunisse. Comme Roxanne avait mal à la poitrine lors de la tétée, elle s’est tournée vers un tire-lait reçu en cadeau. À partir de ce moment, la jeune mère a pratiqué le tire-allaitement exclusif (TAE).

« Si je suis capable de tirer mon lait sans douleur et qu’il peut boire, c’est un bon compromis. »

Roxanne a finalement tiré son lait pendant un an après la naissance de son premier enfant, et elle a pu le nourrir six mois de plus grâce au lait qu’elle avait congelé. Forte de cette belle expérience, elle a décidé de recommencer avec son deuxième bébé, qu’elle tire-allaite depuis maintenant huit mois.

#breastpump

Si vous rencontrez l’expression pour la première fois dans cet article, c’est normal : il existe encore très peu de ressources en français sur cette pratique. Alors que le TAE est largement répandu aux États-Unis, où le congé de maternité est souvent très court, il l’est beaucoup moins au Canada et en Europe.

De ce fait, le personnel médical n’est pas toujours très informé à ce sujet.

« Quand mon bébé avait trois semaines, une pédiatre m’a dit que ça ne servait à rien de tirer mon lait, car ça ne fonctionnerait pas sur le long terme », se remémore Roxanne.

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La méconnaissance du tire-allaitement signifie que les jeunes mères sont souvent livrées à elles-mêmes. Marie-Anne a ainsi été forcée d’insister auprès du personnel de l’hôpital pour obtenir des réponses à ses questions. Roxanne, qui a quant à elle accouché en plein temps des fêtes et en période de confinement, a dû se débrouiller seule.

Une communauté essentielle

C’est grâce à Internet que les deux femmes sont parvenues à trouver de l’information sur la pratique. Roxanne est d’abord passée par Instagram, notamment en consultant des comptes en anglais. « Aux États-Unis, beaucoup de consultantes en lactation sont spécialisées dans le tire-allaitement exclusif. »

Par la suite, elle et Marie-Anne ont rejoint le groupe Facebook « Tire-allaitement exclusif au Québec (TAE) ». Il compte à ce jour 8000 membres, et, comme son nom l’indique, rassemble une communauté de personnes qui expriment (le terme correct pour dire « pomper ») leur lait pour nourrir leur bébé.

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« C’est vraiment un groupe unique, car ce sont des informations que peu de gens connaissent », explique Roxanne, qui compte désormais parmi les modératrices.

« Les marraines d’allaitement sont de super ressources pour celles qui allaitent au sein, mais le tire-allaitement est un monde à part. »

Les jeunes mères échangent ainsi des conseils, et « partagent les mêmes peines, les mêmes deuils, et les mêmes frustrations ». Marie-Anne y a, notamment, trouvé un comparatif des tire-laits qui lui a été fort utile.

Toute mention de l’allaitement au sein est d’ailleurs proscrite, pour ne pas risquer de réveiller des traumatismes. « On le fait pour protéger les autres, car ça peut être un gros deuil, d’arrêter de nourrir le bébé au sein. Certaines le vivent comme un échec », raconte Roxanne. Marie-Anne est de cet avis et parle du deuil de l’allaitement qu’elle a dû faire : « j’aurais aimé allaiter mes filles en tandem [les deux en même temps] ».

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Le tire-allaitement constitue rarement un premier choix. Souvent, il s’impose comme substitut à l’allaitement au sein.

Mais quel que soit le mode d’alimentation choisi, Marie-Anne rappelle que « le plus important, c’est un bébé bien nourri et une maman heureuse. On entend beaucoup que l’allaitement est primordial, mais si la maman n’est pas heureuse, ça ne sert à rien. »