.jpg)
Si le grand manitou de la magie de Noël avait à vous conseiller un café pour être pimpant dans le temps des Fêtes, ce serait un allongé, un sucre. C’est ce que boit l’agent des pères Noël, du moins.
La technologie s’est rendue au Pôle Nord, faut croire, ou à Saint-Hubert – c’est là que se trouve son royaume.
Par un jeudi matin de décembre, Pierre Héroux, vêtu de sa cravate et de son chapeau rouge en v’lour (son habit de gérant) prend le temps de m’accorder une entrevue en cette période extrêmement achalandée dans l’univers des pères Noël. Son Google Calendar qu’il me montre à l’aide de son iPad est rempli de plusieurs cases de couleurs (une pour chacun de ses « employés »). La technologie s’est rendue au Pôle Nord, faut croire, ou à Saint-Hubert – c’est là que se trouve son royaume.
Il est venu à notre rencontre accompagné de son fidèle Rudolphe, sa chauffeuse. Dans son cas, le p’tit renne au nez rouge est une femme, sa femme.
«Je suis père Noël professionnel depuis plus de 5 ans», lancera d’entrée de jeu M. Héroux qui gère avec ses trois associés 5 pères Noël, 2 lutins, une fée des étoiles et une mère Noël. Une équipe qu’il veut agrandir l’an prochain tant la demande est forte : 58 contrats jusqu’à maintenant cette année. La saison débute vers la mi-novembre jusqu’à la fin décembre.
Je dis à mon boss: “ Hey René, on a des costumes de père Noël, je le mets et je me promène dans le magasin toute la journée ”», confie celui qui n’a plus jamais accroché son habit depuis.
C’est par un 24 décembre dans un Walmart qu’il a eu l’appel du Pôle Nord. Alors gérant adjoint pour la multinationale, il trouve un costume de père Noël dans les confins du backstore. « Je dis à mon boss: “ Hey René, on a des costumes de père Noël, je le mets et je me promène dans le magasin toute la journée ”», confie celui qui n’a plus jamais accroché son habit depuis.
Trois ans plus tard, sa passion est si forte qu’il met sur pied sa propre compagnie Lesperesnoel.ca. «Le premier contrat qu’on a fait, c’est la parade du père Noël en 2017.» Rien de trop grand pour ce René Angelil sauce Saint-Nicolas qui croit avoir un don, celui de l’affinité avec les enfants.
Démocratiser l’accès au père Noël
Pour les gestionnaires de l’entreprise, c’est presque une mission bénévole que celle d’offrir des services de pères Noël. Pour 75$ vous avez une demi-heure et pour 25$ de plus, vous avez une heure avec un père Noël. Ajoutez à cela que la plupart vont sacrifier leur 24 décembre pour l’occasion, ça ne fait pas cher la minute de moment magique. « On veut rendre le père Noël accessible à tous. Même aux moins nantis», raconte Pierre Héroux qui concentre sa pratique dans le corporatif, dans les garderies et même dans les familles réunies pour Noël.
C’est toute une coordination que d’être Gérant de père Noël. «On fait une maison à l’heure le 24. Je pars de Laval, je viens à Montréal, je passe par Pointe-aux-Trembles, Sainte-Julie, Saint-Bruno. Je m’organise pour que les pères Noël n’aient pas à zigzaguer », explique le gestionnaire qui enfile également son costume pour aller à la rencontre des enfants.
« C’est pas une entreprise où on va faire beaucoup d’argent, mais on va se mettre riche en sentiments. »
« C’est pas une entreprise où on va faire beaucoup d’argent, mais on va se mettre riche en sentiments », ajoute celui dont la paye se trouve principalement dans les yeux qui brillent des enfants. « Le père Noël n’est pas là pour le 1%, il est là pour tout le monde», poursuit-il.
Dans cette optique, il a changé les couleurs des habits de ses pères Noël qui sont habituellement rouge, or et blanc. Il est revenu aux couleurs originales et a troqué les accents dorés pour l’argent. «J’ai regardé des photos du père Noël et dans le temps, c’était comme ça. C’est l’évolution qui fait que c’est devenu or et par le fait même un personnage qui donne l’impression d’être bien nanti.»
Pierre se concentre à temps plein à son entreprise naissante : tous les costumes sont faits à la main par leur «fée des tissus» et ils assurent même l’entretien des costumes. Les pères Noël n’ont qu’à fournir leurs bottes et leur Rudolphe.
Père Noël à l’ère du #MeToo
«L’image du père Noël n’a jamais été ternie. C’est un personnage que tout le monde aime», exprime Pierre qui n’a pas l’intention que cela change.
Le consentement et les a attouchements c’est une réalité avec laquelle ils doivent composer. « Je suis très clair avec mes pères Noël, je leur dis quand vous prenez des enfants sur vos genoux assurez-vous toujours qu’on voit vos mains », explique-t-il.
« Je suis très clair avec mes pères Noël, je leur dis quand vous prenez des enfants sur vos genoux assurez-vous toujours qu’on voit vos mains », explique-t-il.
Dans son « day to day » de gérant, il prend donc le temps d’aller voir ses nouveaux pères Noël au travail pour s’assurer que tout se passe bien, en plus de répondre aux courriels et de mettre à jour son annonce sur Kijiji. Il demande également à la police de lui fournir la liste de « leurs empêchements » pour être certain que tout est conforme. Mais c’est vraiment par précaution, car ses pères Noël sont cleans. Ils le font vraiment par amour pour les enfants, sans arrière-pensées.
Sinon le 25 décembre, Pierre Héroux le passe auprès de sa famille et ses petites-filles qui sont conscientes que leur grand-papa aide le vrai père Noël. « Je leur dis que le père Noël a toutes les maisons du monde et il vieillit. Il n’a pas le temps de toutes les faire, alors moi je l’aide », explique-t-il souriant.
Et le reste de l’année ? Si vous passez chez les Héroux par une belle journée ensoleillée, vous pourriez apercevoir une trâlée de barbes et perruques sur la corde à linge. Rien de mieux que les rayons UV pour s’assurer que les postiches soient bien blancs.
En plus l’entretien des costumes, ils assurent la comptabilité et en juillet, ils organisent un «BBQ post-mortem» pour parler des bons coups de l’an dernier et de la saison à venir. « On est allés faire du bateau et j’avais mes pères Noël à vraie barbe, tous les bateaux sur le lac Memphrémagog me saluaient », comme quoi la magie de Noël ne frappe pas juste en décembre.