.jpg)
Le remède à vos lendemains de veille, dans une canette
On s’est tous et toutes déjà réveillé.e.s avec un mal de tête tonitruant, épuisé.e.s, absolument anéanti.e.s par la beuverie du soir d’avant. Combien de milliers de dollars auriez-vous donnés pour avoir une solution miracle à votre gueule de bois?
C’est exactement ce à quoi ont pensé Victor Gauthier et ses associés, en 2017. Tous étudiants à l’Université Bishop’s, dont la réputation des partys n’est plus à faire, c’est un lendemain de veille qui les a poussés à chercher un remède à leurs maux.
Un remède à tous les maux (de tête)
« La solution est venue du problème, explique Victor, 22 ans. On a découvert qu’il n’y avait pas de compagnies canadiennes qui offraient des boissons de récupération pour lendemain de veille. Il y a une filiale pour les sportifs, pour la concentration, mais axée sur les hangovers, il n’y en avait pas. C’est de là qu’on a fondé Recap. »
.jpg)
L’équipe a donc travaillé sur différents mélanges pour arriver à la combinaison gagnante : électrolytes, vitamines B6 et C et thiamine. En partant des effets néfastes de l’alcool sur le corps, ils ont élaboré une concoction qui permet de les neutraliser et de les contrer. Pour en retirer le plein potentiel, la consommation doit être double : on prend un Recap avant de commencer à festoyer, et un autre avant de se coucher. Vous pouvez le prendre le lendemain en vous levant, mais rendu là, les effets de la gueule de bois se seront déjà fait ressentir.
Les Québécois.es sont, après tout, de solides buveurs et buveuses, et tou.te.s pourraient profiter de lendemains de veille moins poqués.
« On a dû passer à travers tout un processus d’approbation par Santé Canada, trouver des points de vente, etc., explique Victor. On a un background entrepreneurial tous les trois, mais aucun d’entre nous n’est spécialisé dans le lancement de produits. On a fait une première production, dans des bouteilles en plastique, préparé plusieurs variations du branding, et surtout, on s’est assuré d’avoir un produit qui goûte bon. En trois semaines, on a vendu environ 10 000 bouteilles à des gens qu’on connaissait ou dans les quelques points de vente qu’on avait. »
Rentrer dans les grandes ligues
Pendant un moment, c’était un secret underground. La promotion se faisait avec l’aide de micro-influenceurs, dans des universités ou par bouche-à-oreille, le temps de trouver sa niche. Après avoir longtemps approché des épiceries, le groupe s’est rendu compte que son produit était en fait surtout nécessaire dans les dépanneurs!
Toutefois, se lancer dans un type de distribution comme des chaînes de dépanneurs, ça vient avec plusieurs autres défis. Après s’être frayé un chemin dans les allées des supermarchés, le groupe a enfin obtenu le gros meeting.
« On a eu un meeting avec un gestionnaire de catégorie chez Couche-Tard », raconte Victor, en faisant référence à la personne qui décide quels produits acheter et commercialiser. « On a été straightforward avec lui, on lui a parlé de notre concept et d’où on voulait aller avec ça. Il a trippé sur le concept, sur le produit. Mais ça a demandé des altérations, notamment un passage de la bouteille à la canette. »
.jpg)
Quelques semaines plus tard, la COVID est arrivée et a « chié dans la pelle », pour reprendre l’expression de Victor! Les trois amis ont dû vite se retourner pour trouver de nouveaux fournisseurs, puisque plus personne au Québec n’était capable de les approvisionner.
Victimes du canal de Suez
Ils ont finalement trouvé une compagnie outre-mer pour s’occuper de la mise en cannette du produit, mais la chance n’était toujours pas de leur côté. « On devait lancer en mai 2021, mais on n’a pas été capable, parce qu’en mars, nos produits étaient pris dans l’embouteillage du canal de Suez », confie Victor Gauthier.
Après tout un été de péripéties, avec notamment des frais de transport qui passent sans préavis de 3 000 $ à 30 000 $, l’équipe de Recap a finalement réussi à faire produire ses commandes par une compagnie de la Rive-Nord. « Le 11 septembre, le produit est arrivé dans les points de vente de Couche-Tard, et le 18 septembre, on dévoilait le produit à Occupation Double », relate le jeune homme de Saint-Jean-sur-Richelieu, fier de lui et de son équipe.
Depuis son lancement il y a bientôt cinq ans, Recap réussit à atteindre une croissance de plus de 300% année sur année, avec des revenus qui se dépasseront les sept chiffres cet année.
Et l’équipe ne voit pas son produit comme étant une nouveauté de fantaisie. Les Québécois.es sont, après tout, de solides buveurs et buveuses, et tou.te.s pourraient profiter de lendemains de veille moins poqués.
Créer sa niche
Le plus dur, concède Victor, sera ce qu’il appelle le CCC : le changement de comportement du consommateur. Vu que Recap offre des boissons qui ne contiennent pas de stimulants, ses compétiteurs directs sont les compagnies de boissons gazeuses; une concurrence avec laquelle, pour des raisons financières évidentes, l’entreprise québécoise ne peut simplement pas rivaliser.
« C’est comme quand Red Bull est arrivé pour faire compétition au café : on doit avoir une recette marketing assez complète, souligne Victor. Il faut créer une association entre le lendemain de veille et le Recap, comme toutes les compagnies qui s’associent au sport, ou les boissons énergétiques qui s’associent à la fatigue. »
Pour en retirer le plein potentiel, la consommation doit être double : on prend un Recap avant de commencer à festoyer, et un autre avant de se coucher.
D’ici la fin de l’année, l’équipe va continuer à travailler sur de nouvelles innovations, comme une nouvelle saveur sans sucre qui devrait voir le jour d’ici peu. Autrement, elle travaille activement à obtenir une certification bio, et procède en ce moment à une nouvelle ronde de financement.
Les campagnes de promotion lancées dans les dernières semaines semblent porter fruit, et la distribution en succursales Couche-Tard profite beaucoup à l’entreprise. Comme le fait remarquer Victor, « après deux ans confinés, on vit un moment Roaring 20’s! Les réouvertures de festivals, les 5 à 7, les BBQ : les gens sortent. Et ce ne sont pas de petits événements, tout est complètement plein ».
Avec cette attitude work hard, play hard, les occasions ne manquent pas pour faire de Recap la star de l’été!