«Il est minuit moins un», titrait ce matin La Presse en réaction au nouveau rapport plus qu’alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur le réchauffement climatique bientôt «incontrôlable».
Le nombre d’incendies de forêt, d’épisodes de sécheresse, d’inondations et autres catastrophes naturelles pourrait grimper dans un futur pas si éloigné si on ne fait rien pour limiter les dégâts dès maintenant, selon le titanesque document de 3000 pages rédigé par plus de 234 scientifiques.
À la lumière de ces nouvelles glauques, et avec une autre vague de canicule qui frappe une bonne partie de la province actuellement, il se peut que votre écoanxiété fasse un retour en force. Heureusement, certains trucs existent pour refroidir vos nerfs (et un peu ceux de la planète aussi).
Agir pour combattre le spleen environnemental
Si on peut se sentir seul au monde lorsqu’on se fait assaillir par une vague d’écoanxiété, rassurez-vous: vous êtes loin d’être un cas unique.
Selon un sondage Léger portant sur l’anxiété réalisé en 2019 pour l’émission Bien Entendu, 48% des répondants déclaraient avoir peur des changements climatiques et 35% des catastrophes naturelles. Deux ans plus tard, à l’heure où la Terre semble à bout de souffle et où les changements climatiques sont sur toutes les lèvres, on peut présumer que ces chiffres ont grimpé considérablement.
Cette écoanxiété a animé plusieurs discussions chez nos collègues. « Habituellement, je suis plutôt du genre optimiste. Mais ce matin, quand j’ai entendu les conclusions du rapport à la radio, entre la chronique météo qui annonce une canicule et les nouvelles qui parlaient des incendies qui ravagent les forêts en Grèce, j’ai eu un gros moment de panique en me disant “ok, c’est le début de la fin” », a raconté ma voisine de bureau.
« J’ai lu quelques articles sur le rapport du GIEC ce matin et là j’ai du mal à me concentrer. Et comme il fait particulièrement chaud aujourd’hui, c’est comme une mise en abîme du réchauffement climatique et j’arrête pas de me dire que c’est rien par rapport à la catastrophe qui s’en vient… », avoue aussi Laïma visiblement découragée.
« J’ai lu quelques articles sur le rapport du GIEC ce matin et là j’ai du mal à me concentrer. Et comme il fait particulièrement chaud aujourd’hui, c’est comme une mise en abîme du réchauffement climatique. »
« En voyant la nouvelle ce matin, j’ai préféré ne rien lire. Puis finalement j’ai flanché. Honnêtement, j’ai lu plusieurs articles et je te dirais que ça m’a fait perdre espoir… », confie Clément, qui explique essayer de faire sa part pour la planète (réduire de beaucoup sa consommation de viande, se déplacer en vélo, ne pas acheter inutilement) sans pour autant sentir que ça changera les choses.
«Ça m’a comme paralysé. J’ai passé la matinée à me dire “Qu’est-ce que je fais là à faire du télétravail alors que je devrais me préparer pour l’apocalypse climatique?”, avoue pour sa part Sarah-Florence. Plus tard, en parlant avec une amie, on s’est dit qu’on est mieux de se concentrer sur les trucs sur lesquels on a le contrôle, parce que même si on va se cacher dans un bunker, ça n’empêchera pas les changements climatiques».
«j’ai passé la matinée à me dire “Qu’est-ce que je fais là à faire du télétravail alors que je devrais me préparer pour l’apocalypse climatique?”»
Sans surprise, le thème de l’impuissance, un des symptômes de l’écoanxiété, est revenu souvent dans les discussions. Mais face à cet Everest de défis écologiques, l’inaction est justement un comportement à proscrire.
Selon Christina Popescu, doctorante en psychologie de l’UQAM qui se penche sur les questions d’écoanxiété, il faut «se concentrer sur la résolution de problèmes» et s’investir dans des actions collectives» pour se sortir de ce spleen écoanxieux. Dans un récent article paru dans L’actualité, l’experte explique qu’il est «plus apaisant d’aller à la rencontre de gens qui partagent nos valeurs environnementales et qui veulent faire des changements, même à petite échelle», plutôt que de rester dans son coin à ruminer ses angoisses.
Un autre méthode pour endiguer cette écoanxiété, selon madame Popescu, est également de trouver une «quête de sens» en réfléchissant aux «origines du réchauffement à la façon dont on y contribue, et à ce qu’on peut faire pour se sentir davantage en harmonie avec sa propre vision du monde».
Être pleinement conscient de son environnement
Si elle ne se limite pas simplement à diminuer l’écoanxiété en tant que telle, la pratique de la pleine conscience, une forme de méditation, peut aider à la contrôler selon Karine St-Jean, psychologue et auteure du livre Apprivoiser son écoanxiété.
La pleine conscience permet ainsi de «devenir présent à soi et à l’impact qu’on a» comme l’explique la psychologue dans un article de La Presse paru l’automne dernier. «La pleine conscience nous amène aussi à être présents à ce qui se passe à travers nos cinq sens. La beauté du coucher de soleil, le plaisir d’entendre la neige qui crisse sous nos pas… Cela nous amène à sentir la connexion qu’on a avec la Terre. Plus cette connexion est forte, plus nous serons enclins à prendre soin de la planète».
«La pleine conscience nous amène aussi à être présents à ce qui se passe à travers nos cinq sens. Cela nous amène à sentir la connexion qu’on a avec la Terre. Plus cette connexion est forte, plus nous serons enclins à prendre soin de la planète».
Comme la devise le dit si bien, pour avoir un corps sain dans un esprit, il faut parfois permettre à l’esprit de «décrocher» en activant ses muscles et en stimulant d’autres parties du cerveau. Dans cette optique, la doctorante Christina Popescu recommande de «s’ancrer dans le moment présent» en pratiquant une activité physique ou créative comme du chant, de la musique ou des arts plastiques lorsqu’on se sent submergé par les mauvaises nouvelles en lien avec l’environnement.
Malgré tout ça, vous sentez que la bouilloire est sur le bord de déborder et vous avez besoin de parler de vos angoisses? Des groupes de soutien et de discussions sur l’écoanxiété existent sur les réseaux sociaux. Si vous préférez consulter un professionnel de la santé mentale sur ces questions, des cliniques comme Mindspace offrent des services spécialement conçus pour répondre aux besoins des personnes écoanxieuses.
On espère que ces quelques pistes de solution vous aideront à retrouver un peu de calme, parce qu’on aura sûrement besoin de toute notre énergie pour affronter ce qui s’en vient.
Pour finir sur une note un peu moins déprimante, voici une photo de bébés lynx pour le National Geographic afin de se rappeler qu’on a une maudite belle planète à protéger.