Le pouvoir insoupçonné de l’humour au travail

L’humour est une arme redoutable à dégainer pour se sortir de bien des situations au travail. Mais faut-il être pour autant le roi ou la reine de l’impro? Non! Je vous rassure, nul besoin d’être le clown du service pour savoir détendre l’atmosphère!

Selon Maryvonne Cyr, formatrice à l’École de l’humour, il faut élargir la vision qu’on a de l’humour : ça va au-delà de la simple blague. Elle le définirait plutôt comme « la prise d’une distance émotive face à ce qui nous arrive ».

L’humour, c’est être en mode solution et pas nécessairement dans le stress. Nous pouvons canaliser nos peurs grâce à l’autodérision et dire à ses collègues : « Imaginez-vous dans 6 mois, on va en rire! ». Le but n’est pas de minimiser les problèmes ou de les nier, mais de savoir relativiser la situation.

Lors de ses formations, Maryvonne donne des conseils pour intégrer l’humour dans son quotidien, mais elle se retrouve souvent face à des participants qui ont des blocages et qui pensent que l’humour c’est : « Je fais des blagues ».

Elle entend souvent les fameux leitmotivs « mais je ne suis pas bonne », « Je ne me rappelle jamais des blagues » ou encore : « Je ne trouve jamais quoi dire ». On réduit trop et on n’ose pas assez!

Beaucoup d’entre nous sont comiques avec leur famille et leurs amis, mais ils ne le sont pas au travail par crainte de ne pas être pris au sérieux. Néanmoins, il est possible d’amener sa compétence d’humour sans perdre sa crédibilité.

Selon Maryvonne, l’humour est quelque chose d’essentiel à intégrer dans le milieu du travail. Plus les relations avec nos collègues en sont teintées, plus notre sentiment d’appartenance est fort.

Maryvonne le rappelle : l’humour joue un rôle de lubrifiant social qui tisse les liens entre les gens. En l’utilisant avec ses collègues, le climat de travail est agréable, la productivité et la communication sont meilleures. Cela augmente également le taux de rétention. Bref, c’est un cercle vertueux.

Selon la formatrice, l’humour est une aptitude aussi importante que de savoir utiliser Excel! À titre d’exemple, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) a intégré l’humour dans ses compétences d’embauche.

La formatrice explique ceci : en recherchant des gens qui ont de l’humour, le CHUM souhaite travailler avec des personnes capables d’adaptation et qui possèdent une certaine sensibilité.

Selon elle, quelqu’un qui a de l’humour, c’est quelqu’un qui est à l’écoute de son environnement : il intervient au bon moment pour détendre l’atmosphère. Elle ajoute : « Ces personnes sont capables d’intelligences émotionnelle et intellectuelle pour dédramatiser une situation. C’est une compétence super forte! ».

Selon Maryvonne, les façons sont multiples et chacun a sa manière de répondre avec humour. Certains vont utiliser l’ironie, d’autres vont dire des blagues. Il ne faut pas essayer d’être performant.

Il s’agit de changer son attitude, sa façon d’être et surtout, se permettre d’essayer! Au pire, il y aura un blanc. La formatrice tient à nuancer que l’on ne peut toutefois pas révolutionner tout seul son ambiance de travail. Elle rappelle qu’il faut déjà que l’humour y soit valorisé, comme au CHUM.

Elle conseille d’instaurer ce type d’ambiance à petite échelle, tranquillement, avec certains collègues : « Tu peux commencer à faire des petites blagues et voir l’impact. On peut se permettre d’essayer, d’être comme on est avec nos amis et d’ouvrir la discussion ».

Elle ajoute : « Ça commence avec toi si tu as une attitude plus légère. Ton attitude positive va allumer quelque chose ».

Bref, vous l’aurez compris, si au bureau l’ambiance est un peu terne, c’est à vous de prendre l’initiative et de vous lancer. Vous serez surpris que d’autres prennent la balle au bond!