Il y a de fortes chances qu’on ait déjà cogné à votre porte pour solliciter auprès de vous des dons monétaires. Ces collecteur.rice.s de fonds sont facilement repérables : ils portent généralement un gilet de couleur vive, sont munis d’une tablette et d’un cartable avec le logo de l’organisation pour laquelles ils amassent des fonds. Ah, et aussi, généralement, ils débarquent presque toujours au mauvais moment.
Bien que plusieurs jugent cette méthode obsolète, plusieurs grandes organisations continuent d’y recourir. Alors… ça doit toujours fonctionner?
Une méthode trop intrusive?
À l’heure où on est sursollicité.e.s d’un peu partout, certain.e.s questionnent la pertinence et l’efficacité de la collecte de fonds en personne.
Ayant évolué dans le domaine du porte-à-porte pendant près de cinq ans, j’ai parlé à un nombre incalculable de personnes et sûrement agacé plus d’un.e. Mais ça n’empêche pas mon ancien directeur de croire que c’est un médium essentiel.
« Ça nous permet de rejoindre certaines personnes qu’on n’arrive pas à rejoindre autrement », via le web, par exemple.
La sollicitation en personne fait donc partie d’un éventail de méthodes pour lever des fonds qui permettent aux organismes de bienfaisance de financer leurs activités.
Une réputation entachée par les fraudes
André Emmanuel est collecteur de fonds depuis mai dernier à Engagement Public (connu également sous le nom de Public Outreach), une entreprise spécialisée en gestion de programme de dons mensuels. Il fait du porte-à-porte et de la rue (solliciter les gens aux coins de rues achalandées, par exemple) pour récolter des dons pour différentes ONG, telles qu’UNICEF, Médecins Sans Frontières (MSF), Amnistie internationale, ou, encore, la Fondation de l’hôpital de Montréal pour enfants.
Le collecteur de fonds explique que les articles publiés dans la presse traitant de la fraude à la porte rendent plus réticent.e.s les possibles donateur.rice.s à fournir leurs informations bancaires.
« cette réticence nous permet de travailler encore plus fort sur nos compétences et nos habiletés sociales », NUANCE CLAIRE, CHEFFE D’ÉQUIPE DANS LA MÊME ENTREPRISE.
Des causes humaines
Ayant fait du porte-à-porte en banlieue et dans différentes villes du Québec, j’ai beaucoup apprécié l’accueil chaleureux que m’ont réservé de nombreuses personnes.
On me proposait parfois de prendre place dans leur canapé, et on me donnait même de la nourriture!
Convaincre des personnes de donner de l’argent à une ONG, c’est tout un art. Aller à la rencontre des gens de toutes les origines et classes sociales est surtout une expérience inoubliable.
Mon objectif n’est pas de vous convaincre de vivre cette expérience, car je comprends que vous ne soyez pas tentés de frapper aux portes par -20 degrés et de rentrer chez vous gelés jusqu’aux os, mais plutôt de vous faire comprendre que le porte-à-porte s’avère essentiel parce que « le contact humain donne un visage à l’humanitaire ».
Une activité rentable?
Les shifts durent généralement 5,5h. Les collecteurs de fonds commencent à 14h30 pour terminer vers 20h00. Je vous rassure, ces derniers ne passent pas tout ce temps à cogner aux portes. Il faut compter le briefing, les pauses et le débriefing en fin de journée.
Pour rentabiliser l’investissement des ONG dans l’entreprise, les collecteurs de fonds doivent aller chercher au minimum un don de 30$ mensuel par quart de travail.
Les meilleurs collecteurs de fonds peuvent MÊME obtenir jusqu’à 150/200$ en dons mensuels en une seule soirée!
Pour y parvenir, ça prend tout de même une certaine endurance physique (monter les escaliers des triplex, rester debout pendant plusieurs heures), mais surtout une endurance mentale pour faire face aux refus. J’aimais me dire que tout était dans la tête. Selon moi, la persévérance m’a aidée à poursuivre et à ne rien lâcher pour recueillir des donations.
Selon André Emmanuel, « tu peux avoir la meilleure motivation possible, mais face aux multiples refus, tu peux finir par te décourager. Cependant, grâce à la mentalité d’équipe et au soutien entre collègues en faisant quelques portes ensemble, par exemple, je retrouve mon énergie ».
Il ajoute : « Pour faire ce travail, il faut beaucoup d’énergie et de force mentale. Il faut aussi beaucoup d’introspection pour savoir ce qui n’a pas marché et savoir comment s’améliorer pour atteindre l’objectif demandé. Et, surtout, il faut s’amuser! »