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Le piège de la gentillesse au travail

Ou comment arrêter d'être trop gentil.le.

Par
Pier-Luc Ouellet
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Je sais pas si je suis un vrai gentil. Être gentil, c’est comme être bon au lit; c’est les autres qui décident.

Mais je sais que je travaille très fort pour être gentil. Quand on m’accroche dans la rue, c’est moi qui m’excuse. Je tiens les portes ouvertes longtemps, au point où ça en devient malaisant. Si ma coiffeuse rate son coup, je lui dis que c’est très beau et je lui laisse un pourboire.

Certains diraient peut-être que j’ai pas de colonne, mais j’aime mieux dire que c’est parce que je suis gentil.

Mais si, dans la vie, la gentillesse est une belle qualité, elle peut aussi représenter un sacré problème dans le monde du travail.

Si vous vous sentez bloqué.e au travail, peut-être est-il venu le temps d’imiter Marie-Lise Pilote et d’enfiler votre costume de méchante.

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(Wow, quel référent daté).

Pourquoi il ne faut pas être trop gentil.le

Là, qu’on s’entende, on ne vous dit pas de rentrer au bureau demain matin et d’aller sacrer une claque sur la tasse de café de votre boss. Ça va nuire à votre carrière, et en plus, vous allez vous brûler.

L’affaire, c’est que si vous avez la réputation d’être trop gentil.le, ça peut se retourner contre vous. Souvent, les gens perçus comme étant gentils sont aussi perçus comme étant faibles, faciles à manipuler et sans défense.

Si vous n’osez pas dire non ou vous affirmer par peur de pas avoir l’air smatte, vous pourriez vous retrouver dans une situation où on profite de vous, on s’attribue le crédit pour votre travail acharné ou on vous garroche les tâches dont personne ne veut.

Ça peut aussi vous nuire au moment d’appliquer pour une promotion. Si on vous perçoit comme un tapis de salle de bain, y a de bonnes chances qu’on ne pense pas à vous quand viendra le temps de nommer un superviseur ou une vice-présidente.

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Au-delà de votre propre progression, un milieu de travail où tout le monde est trop occupé à être gentil.le peut également nuire à la qualité du travail.

Quand on n’ose pas dire la vérité à nos vis-à-vis par peur de les blesser, ça nuit à la communication.

Des fois, quand quelqu’un fait mal son travail, ou quand un.e employé.e n’est pas au bon endroit, on peut avoir l’air du gros méchant si on lui dit. Mais c’est nécessaire pour que tout le monde puisse donner son meilleur.

Pis de toute façon, c’est-tu plus gentil de donner encore plus d’ouvrage à l’équipe parce qu’on n’ose pas dire à Martine qu’elle sait pas comment faire des formules dans Excel comme du monde?

Peut-être pas.

C’est quoi, être gentil?

En fait, c’est peut-être notre définition de la gentillesse qui est à revoir.

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Être gentil.le, est-ce que c’est de se plier devant tout le monde, sans jamais s’affirmer? Est-ce que c’est de laisser nos collègues s’enfoncer parce qu’ils font fausse route? Est-ce que c’est de laisser les autres prendre le crédit pour notre travail et grimper l’échelle même si c’est vous, et pas eux.elles, qui avez les compétences requises?

Si vous avez répondu oui aux questions précédentes, vous avez mal cerné le ton de cet article. Je m’excuse si je le dis pas gentiment.

Des fois, être gentil.le, c’est aussi s’affirmer et penser aux bien-être de l’équipe (et à son propre bien-être), même si ça vient avec des discussions inconfortables.

C’est aussi penser qu’on mérite de progresser dans l’entreprise parce qu’on sait qu’on a le talent et les compétences nécessaires pour rendre notre milieu de travail plus agréable et performant.

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La gentillesse, c’est envers les autres, mais des fois, c’est aussi d’être doux.ce envers soi-même.

Comment faire pour être moins gentil.le?

Trouvez-vous un.e mentor.e

Y a probablement dans votre entreprise quelqu’un qui réussit bien et qui sait être un.e collègue agréable sans s’effacer. Prenez cette personne en exemple. Comment agit-elle en réunion? Comment dit-elle non?

Si c’est avec un.e supérieur.e que vous avez une bonne relation, vous pourriez lui demander de vous donner de la rétroaction sur votre travail. Qu’est-ce que vous faites bien? Que devriez-vous améliorer? Ça montrera que vous êtes un.e employé.e proactif.ve, et ça vous aidera à améliorer vos skills de communication.

Apprenez à dire « non » poliment

C’est parfois un des aspects les plus aliénants du monde du travail. C’est sûr que si on vous propose une nouvelle tâche et que vous répondez juste « non », vous allez, au mieux, juste avoir l’air bête.

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C’est pour cette raison qu’il y a tout un langage associé au monde du travail. Au lieu d’un simple « non », gardez quelques-unes de ces formules pratiques dans votre poche : « J’ai déjà une liste de tâche chargée, est-ce que c’est ce que je devrais prioriser? », « Ce n’est pas possible pour moi en ce moment, peut-être qu’on pourrait faire X à la place? ».

Il faut démontrer de l’ouverture tout en étant ferme.

C’est pas un équilibre facile à atteindre, mais quand vous allez le trouver, ça va vraiment vous aider.

Développez votre confiance en vous

Souvent, derrière une gentillesse maladive se cache un petit manque de confiance en soi. Faut travailler là-dessus.

Bon, c’est plus facile à dire qu’à faire, on en est conscient. Mais l’exercice en vaut la peine.

Prenez le temps d’évaluer objectivement vos forces et vos faiblesses.

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Vous faites des Prezi comme pas un? Soyez en conscient.e, et mettez l’accent sur cette force.

Ça vous aidera également dans vos conflits au travail. Un collègue essaie de vous prendre un mandat qui vous intéresse et vous motive? Si vous savez que vous êtes LA meilleure personne pour la job, ça sera beaucoup plus facile de vous imposer.

Avoir un.e collègue gentil.le c’est le fun. Avoir un.e collègue gentil.le qui réussit à grimper les échelons et à rendre votre milieu de travail plus agréable, c’est encore mieux.