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L’Université du Québec à Rimouski est une grande université de petite taille. Cette accroche est partout, sur toutes les plateformes, dans toutes les communications officielles et non officielles. On y côtoie des gens de tous les domaines dans un même milieu d’apprentissage. Il y a donc des visages qui reviennent souvent dans le paysage ou des noms qui acquièrent rapidement le titre de légende.
Pierre Rioux est de ceux-là. Celui qu’on surnomme affectueusement le « papa de l’UQAR » est un auxiliaire d’enseignement et de recherche au département de biologie qui cumule près d’une trentaine d’années de service. Pierre est connu non seulement des étudiants qui franchissent la porte de son laboratoire, mais aussi de ceux qui fréquentent les milieux de vie communs. On le reconnait à sa petite taille et à son visage empreint de bonté et de sollicitude.
Souvent à la cafétéria ou au Baromètre (le bar universitaire), il parle avec ses étudiants pour s’enquérir de leur cours ou d’une éventuelle réponse d’admission à la maîtrise. « Ce souci pour mes étudiants me vient tout à fait spontanément, naturellement », raconte-t-il. Pour l’étudiante en littérature que je suis, comme pour bien d’autres qui ne sont pas en biologie, Pierre Rioux est un visage qui cache certainement une histoire — ou plusieurs.
L’effet Rioux
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Lui-même diplômé du baccalauréat en biologie de l’UQAR en 1983, Pierre Rioux a su progressivement se tailler une place unique dans l’univers uqarien. D’abord assistant de recherche en biologie ou en océanographie, on lui a éventuellement offert d’être auxiliaire d’enseignement en laboratoire. Puis, il a obtenu un poste à temps plein. Aujourd’hui, il donne le côté « pratique » ou « expérimental » des cours de biologie.
Selon les témoignages de plusieurs étudiants, entrer dans la classe de Pierre, c’est d’abord le voir sautiller, impatient de commencer. Ses cours sont inévitablement ponctués de jeux de mots de toutes sortes, car comme il le dit si bien : « Trois heures à être sérieux, c’est trop long ».
« Trois heures à être sérieux, c’est trop long. »
En son honneur, les étudiants en biologie ont créé un prix citron décerné lors de leur bal de finissants. « Le nouveau Pierre » récompense une personne à l’humour marquant ou encore le créateur des meilleurs jeux de mots. Mais comme personne ne peut arriver à sa cheville de leur modèle, Pierre remporte depuis plusieurs années le prix nommé en son nom, confirmant ce que tous savent : personne ne pourra jamais le remplacer.
Un bon guide
Dans ma récolte de témoignages auprès des futurs biologistes, l’expression « papa de l’UQAR » a rapidement surgi. S’il est drôle et divertissant en laboratoire, la magie de Pierre s’opère réellement entre les quatre murs de son bureau. Sa porte toujours ouverte, il est toujours prêt à y accueillir les étudiants.
Avec le temps, l’accompagnement académique s’est ajouté à ses tâches. Il est devenu une ressource — précieuse ! — pour les étudiants. Ceux qui sont perdus dans leur cheminement scolaire, ou qui hésitent dans leur choix de cours, se retrouvent invariablement à sa porte pour lui demander conseil et assistance. Même chose pour un étudiant en échange qui doit s’assurer que son cheminement est conforme aux exigences de son université. « Pierre connait très bien les exigences des programmes à l’étranger ou des programmes aux cycles supérieurs. Il m’a appuyé et conseillé dans le choix de ma maîtrise », m’explique Jonathan, finissant en biologie.
Chaque semaine, des employeurs lui envoient des offres d’emplois qu’il relaye aux étudiants actuels ou à une liste de plus de 800 diplômés.
Mais plus encore, Pierre se dévoue à son rôle de « papa de l’UQAR », qui dépasse de loin ses exigences professionnelles. Chaque semaine, des employeurs lui envoient des offres d’emplois qu’il relaye aux étudiants actuels ou à une liste de plus de 800 diplômés qu’il garde précieusement dans son ordinateur. « Que devient-il ? Il est rendu où ? Ça fait longtemps que j’ai eu de ses nouvelles », me demande-t-il quand je mentionne une connaissance diplômée en biologie. Derrière ses questions, je perçois un réel souci des étudiants ayant croisé sa route.
Le secret de leur succès
En tout cas, Pierre est certainement l’un des acteurs principaux du succès des étudiants en biologie de l’UQAR. Il les rencontre, cible leurs forces, leurs faiblesses, la matière à approfondir ou à revoir. Un véritable centre d’aide à la réussite ! Il écoute aussi ceux inquiets de leur moyenne cumulative : « Je me suis toujours considéré comme un élève moyen, mais Pierre m’a fait comprendre que le succès professionnel ne se fonde pas sur des A. Il m’a fait comprendre que j’ai autant ma place sur le marché du travail que quiconque », me confie Benjamin, un autre finissant.
Pierre guide aussi les choix professionnels des indécis, des désorientés ou des anxieux. Il a ainsi aiguillé Lou, une diplômée du baccalauréat en biologie, dans ses questionnements au moment choisir la maîtrise à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER).
Et lorsque la journée s’achève, le soleil définitivement couché de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, on peut parfois voir Pierre quitter l’UQAR, passé 19 h, après une grosse journée de travail.
Si vous lui demandez pourquoi il en fait autant pour les jeunes gens qui croisent sa route, il vous répondra, un sourire modeste aux lèvres : « Simplement parce que j’aime ça ! »