Mamelon de vache ou amande?
Il y a 10 000 ans, une partie de la planète a opté pour le premier choix. Après avoir mis nos bouches à des endroits pour le moins étonnants, on a domestiqué les gros mammifères à taches noires.
Mais aujourd’hui, de plus en plus de gens remettent en question cette habitude. Tellement que les Producteurs de lait du Québec ont senti le besoin de rétablir certains faits dans une publicité qui donne la parole à des vaches.
Mais il suffit de visiter un café trendy et de commander un latte pour se rendre compte que le lait de vache a beaucoup de compétition.
« Avec quel lait? Soya, amande, coconut, riz, amande? […] quinoa, pois, peanut? […] chia, citrouille, sésame? »
« Avec quel lait? Soya, amande, coconut, riz, amande? […] quinoa, pois, peanut? […] chia, citrouille, sésame? Euh. Monsieur? Vous êtes toujours avec moi? »
C’est comme si l’humanité venait de se rendre compte qu’elle pouvait mettre à peu près n’importe quelle sorte de graines dans l’eau et les blender pour obtenir une substance blanchâtre qu’on peut mettre dans un café.
Mais est-ce vraiment du lait? Au Canada, non. On parle plutôt de « boisson », parce que ça ne constitue pas une « sécrétion lactée normale des glandes mammaires de la vache ». Aux États-Unis, cependant, le débat fait toujours rage. La Food and Drug Administration évoque même l’anatomie de l’amande pour faire valoir son point.
Bref, les compagnies de boissons végétales talonnent l’industrie laitière, si bien que les géants du lait de vache sont eux-mêmes tentés de s’y aventurer. Et on comprend pourquoi…
Les gros dollars des petites noix
Tous pays confondus, l’industrie du lait végétal représentait 16 milliards de dollars en 2018, et elle continue de grandir aux dépens des propriétaires de vaches et apparentés.
Dans les 12 mois précédant juillet 2018, les ventes de laits alternatifs ont augmenté de 9% aux États-Unis, atteignant 1,6 milliard $US en chiffre d’affaires, alors que celles issues du (vrai) lait ont diminué de 6%.
Avec 1,2 milliard de dollars de chiffre d’affaires, les boissons d’amande occupent la grande majorité du marché. Le lait de soya, qui était autrefois le lait alternatif par excellence, est déjà loin derrière, et continue de perdre de la vitesse…
Le p’tit nouveau prometteur, c’est le lait d’avoine.
La fois où New York a manqué de lait d’avoine
La Grosse Pomme a souvent le flair pour les nouveaux trucs cool et branchés.
En 2016, lorsque la compagnie Oatly a commencé son tour des cafés pour vendre des approvisionnements en lait d’avoine, plusieurs ont embarqué dans le projet. Le créateur de la compagnie n’était nul autre que Rickard Öste, l’inventeur suédois du lait d’avoine. Et la présence de son produit était une première sur le continent : s’il existait depuis deux décennies en Europe, il n’avait jamais traversé l’Atlantique.
La boisson crémeuse s’est révélée être si populaire en Amérique que l’entreprise n’a pas été en mesure de répondre au rugissement des New-Yorkais, qui a atteint son apogée au printemps 2018. « Je ne peux pas juste aller à l’usine, et dire ‘voici un seau d’avoine, allez faire du lait, maintenant!’, s’est défendu le directeur général de la compagnie, Mike Messersmith, au magazine New Yorker. Tout est allé trop vite ».
Leurs revenus, eux, sont passés de 1,5 million $US en 2017 à 15 millions $US l’année suivante.
S’il a argumenté que les pénuries faisaient partie du charme de la boisson d’avoine, la compagnie a tout de même décidé d’augmenter sa production de 1250% après l’épisode! Et leurs revenus, eux, sont passés de 1,5 million $US en 2017 à 15 millions $US l’année suivante.
Comme quoi, le glamour de la production « artisanale », ça a un prix! Mais on pense qu’on peut avoir le glamour ET le prix…
On cuisine
Bon, Oatly affirme avoir découvert une enzyme brisant les féculents de l’avoine, sucrant du même même coup le lait de manière naturelle. Mais nous, on pense que faire du lait d’avoine, ça peut être pas mal plus chill que ça.
Voici donc une recette testée et approuvée qui va vous faire sauver quelques bidous. Parce que du lait Oatly, c’est quand même 4,29$, et que l’industrie de l’emballage va suffisamment bien sans nous.
Les ingrédients et les outils
– 4 tasses d’eau (ça n’a pas de prix)
– 1 tasse d’avoine (moins d’un dollar en vrac)
– Une datte ou une cuillerée de sirop d’érable ou un peu de sirop d’agave (genre… 10 cents?)
– Une pincée de sel de table
– 1 coton à fromage (environ 10$ pour une pochette réutilisable)
– 1 mélangeur électrique (vous en avez probablement déjà un, sinon allez en adopter un au Renaissance)
– Le dernier EP de Milk & Bone (musique conceptuelle, 5$ sur Bandcamp)
La recette
1. Mettez tout dans le mélangeur
2. Blendez 25 secondes
3. Filtrez la substance avec le coton fromage
4. Servez-vous en criant « fuck le système! » et en blastant Ride or Die de Milk & Bone
Bon appétit!