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Le labeur gratuit des abeilles

Si on ne les paye pas, il faudrait au moins les garder en vie!

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On l’entend depuis qu’on est enfants: les abeilles se meurent et il faut à tout prix qu’on les sauve! Depuis les années 1950, les produits phytosanitaires et les insecticides ont décimé la population mondiale d’abeilles, la réduisant de plus de moitié.

Pourtant, les abeilles sont un des maillons les plus importants de notre chaîne alimentaire, mais aussi de notre écosystème déjà fragile. De ce fait, la sauvegarde de notre population d’abeilles et des autres pollinisateurs est un enjeu alimentaire, environnemental et économique.

Un insecte nourricier

L’abeille européenne, la plus répandue dans la production de miel, est le pollinisateur numéro un au monde. Elle est essentielle à la survie de près d’un tiers des aliments sur terre, incluant bon nombre de fruits, légumes et noix. Comme le rappelle l’ONU: «La pollinisation est un processus fondamental dans les écosystèmes terrestres naturels et gérés par l’homme. Elle contribue de manière essentielle à la production alimentaire et établit un lien direct entre les écosystèmes sauvages et les systèmes de production agricole.»

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Lorsqu’une abeille recueille le nectar et le pollen d’une fleur, une partie de ce pollen qui provient de l’organe reproductif mâle de la fleur, s’attache aux poils de l’abeille. Lorsqu’elle part recueillir celle de la prochaine fleur, une partie du pollen de la précédente est frottée sur le pistil, son organe reproductif féminin. Et de là, la nature opère sa magie et après quelque temps, un fruit et ses pépins peuvent se former, et le cycle de la vie poursuit son cours.

L’impact économique d’une ruche

Mais si les abeilles devaient être rémunérées pour leurs services, combien ça nous coûterait? Selon la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, pas loin de 500 milliards de dollars par an!

Aux États-Unis, c’est près de 25% des abeilles qui ont disparu entre 2006 et 2007.

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Pour le Canada, «la valeur économique des récoltes due aux abeilles domestiques se chiffre entre 3,15 et 4,39 milliards de dollars par année». Plusieurs des exportations alimentaires importantes du Canada, comme le canola des Prairies ou les bleuets du Lac-Saint-Jean, dépendent fortement de la pollinisation de ces abeilles. Et dans une même année, une ruche peut polliniser plusieurs cultures différentes. Par exemple de la Californie, où elles sont essentielles à la production d’amandes, elles peuvent ensuite être déplacées pour aller polliniser les vergers de cerises dans l’état de Washington, et ainsi de suite.

Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles

Depuis la fin des années 90, les apiculteurs et les scientifiques ont commencé à observer de nombreux cas de morts anormales et récurrentes dans les populations d’abeilles. Aux États-Unis, c’est près de 25% des abeilles qui ont disparu entre 2006 et 2007. Considérant que des chiffres de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) estiment que «la survie de 80 % des plantes à fleurs et la production de 35% de la nourriture des hommes dépendent directement des pollinisateurs», perdre le quart des meilleurs pollinisateurs est très alarmant.

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Au-delà du désastre alimentaire que ça représente, la mort (évitable) du cheptel d’abeilles est aussi un enjeu économique. Pour remettre à niveau la population de leurs ruches, les apiculteurs doivent tenter de les faire se reproduire plus vite, ou s’en procurer plus. Cela augmente les coûts de location des ruches, et l’industrie apicole américaine a notamment réinvesti près de deux milliards de dollars pour remplacer 10 millions de ruches.

Ces coûts supplémentaires se reflètent dans une augmentation des prix pour le consommateur. Et ce ne sont pas que les fruits, légumes et noix qui sont touchés. Les abeilles pollinisent aussi le foin, le soja et d’autres cultures qui se retrouvent dans le fourrage qui alimente les animaux qu’on consomme, surtout les bovins. Cela implique aussi une hausse des prix du lait et de la viande.

La nature reprend son cours

Il y a toutefois de quoi être optimiste. La COVID a sensibilisé beaucoup de gens aux enjeux écologiques et sanitaires auxquels on fait face. Plusieurs initiatives de ruches installées sur des toits de bâtiments dans les centres urbains gagnent en popularité depuis les dernières années. C’est pas ça qui va nous nourrir, mais ça conscientise au rôle des abeilles dans nos vies. Et au Québec, on a près de 50% plus de ruches qu’il y a 10 ans, et ce chiffre ne cesse de croître.

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Heureusement, on se met à interdire des insecticides ultrapuissants et néfastes, dont ceux qui font usage de néonicotinoïdes, qui sont particulièrement mortels pour les abeilles. Mais il reste encore énormément de travail à faire dans ce sens-là, car leur survie et la nôtre sont intimement liées. Et on devrait simplement se compter chanceux que les pollinisateurs ne demandent pas à être rémunérés!

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