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Période libre

Le journal d’une expatriée : au royaume du catcalling

Récit d’une bonne soirée entre filles au Danemark.

Par
Violette Cantin
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Québécoise effectuant sa maîtrise dans la ville d’Aarhus au Danemark, la journaliste Violette Cantin raconte une fois par mois ses aventures outre-mer.

Tout comme vous, j’ai toujours cru que la Scandinavie était parfaite. Après trois mois ici, je sais maintenant que c’est FAUX.

Mon opinion a changé un mercredi soir paisible, lorsque deux de mes amies et moi sommes sorties boire une (ou deux ou trois ou quatre) bières qui goûtent l’urine, une spécialité locale (la bière, pas l’urine).

Sur une terrasse, près du bucolique canal d’Aarhus, nous sirotions le pas si divin nectar depuis une trentaine de minutes, lorsqu’on nous a dérangées pour la première fois.

Un homme – visiblement très intoxiqué – s’est tout bonnement tiré une chaise et assis avec nous, coupant court à notre fascinante conversation sur le dating game au Danemark. Malgré nos demandes fermes et répétées de nous laisser tranquilles, impossible de le déloger : nous sommes donc entrées nous enfiler une autre bouteille à l’intérieur du bar. S’en est suivi une série de catcalls tous plus disgracieux les uns que les autres : sept fois en trois heures, si mon compte est bon.

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Les plus mémorables : deux sexagénaires qui ont tapé dans la fenêtre adjacente à notre table avant de mimer un cunnilingus (probablement des féministes), ainsi qu’un étudiant propret qui nous a abordées avec la phrase : « Hey, do you know why are all Danish women cunts? » (il est cependant devenu beaucoup plus affable en apprenant que nous n’étions pas Danoises ; un vrai gentleman).

Mes amies Iraia, Haley et moi prenons la pause entre deux visites de harceleurs. Malgré le catcalling incessant, nous gardons le sourire.
Mes amies Iraia, Haley et moi prenons la pause entre deux visites de harceleurs. Malgré le catcalling incessant, nous gardons le sourire.

Avec tout ça, et puisque l’un de nos harceleurs intoxiqués rôdait toujours dans le coin, mon amie et moi avons appelé un taxi pour rentrer à la maison, alors que nous prévoyions marcher. Au Danemark, les taxis coûtent une beurrée, et Uber n’est même pas disponible à Aarhus (mon cerveau de Gen Z s’en trouve complètement déboussolé).

Une belle soirée entre filles, donc.

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C’est Marseille, bébé

À ne pas sous-estimer, toutefois : les bonnes matinées entre filles.

Comme toute Québécoise en Europe qui se respecte, dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai filé en France.

Celle-ci s’est présentée lors de ma semaine de relâche automnale, pour rejoindre une amie qui se trouvait à Marseille (je n’avais pas eu de conversation en québécois en présentiel depuis plus de deux mois, j’avais sérieusement besoin d’un hit). Bien sûr, Aarhus et Marseille sont assez éloignées l’une de l’autre (trois heures de bus, deux heures d’avion), mais je m’en suis remise à ma mentalité jovialiste de Nord-Américaine selon laquelle « en Europe, tout est proche ». (Note à moi-même : c’est faux.)

Moi avec le Château d’If en arrière-plan. J’ai pu vivre mon moment nerd de fan du Comte de Monte-Cristo.
Moi avec le Château d’If en arrière-plan. J’ai pu vivre mon moment nerd de fan du Comte de Monte-Cristo.
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Aussitôt arrivée, j’ai mis le cap sur le Vieux-Port, qui s’est avéré tout aussi spectaculaire que prévu. Malgré une éreintante journée de voyage, je suis restée fidèle à moi-même : je ne suis, au fond, qu’une brave femme qui aime manger. J’ai donc arpenté les quais, à la recherche d’un kiosque de crêpes.

En dix petites minutes, je me suis fait aborder au moins cinq fois par des gentilshommes très enclins à commenter mon apparence à la manière d’agréables et subtils gérants d’estrade. Sauf pour celui qui m’a lancé, d’un ton réprobateur : « Pfff, tu te crois belle? ».

Dude, je me suis levée à cinq heures du matin, j’ai voyagé toute la journée et je veux juste me mettre une crêpe dans yeule avant d’aller crasher à l’auberge jeunesse, peux-tu me câlisser patience?

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Mais ça, ce n’était qu’un aperçu de ce qui m’attendait. Le dimanche matin, mon amie et moi nous sommes rendues au Vieux-Port (encore lui) pour profiter du marché hebdomadaire et admirer les splendides étals des marchands. Un homme nous a aussitôt abordées ; nous nous sommes détournées, excédées, mais il nous a suivies. Nous avons alors entamé une course pendant laquelle le truand nous a littéralement pourchassées avant d’abandonner en criant : « Allez vous pendre! ».

Bon. D’abord, je n’irai pas me pendre avant d’avoir fini les six saisons de Sex and the City (je n’en suis qu’à la deuxième. On est bien en 2001, right?). Ensuite : possible de nous LAISSER TRANQUILLES, SVP ?!?

Mon amie et moi nous sommes acheté une bonne paella au marché pour nous remettre de nos émotions.
Mon amie et moi nous sommes acheté une bonne paella au marché pour nous remettre de nos émotions.
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Outre le catcalling, je garde de magnifiques souvenirs de mon séjour à Marseille. J’ai par exemple plus ou moins forcé mon amie à aller voir Le comte de Monte-Cristo au cinéma (mon deuxième visionnement après avoir lu le roman à l’adolescence ; je ne me tanne pas) et le lendemain, nous avons visité le Château d’If (la prison où est incarcéré le personnage d’Edmond Dantès… concept, n’est-ce pas?). J’ai aussi pu manger de la bonne nourriture et boire du bon vin, ce qui est rare pour moi qui vis au Danemark.

EN BREF

Le divin repas

Vous avez été nombreux à m’écrire des recommandations de repas typiquement canadiens que je pourrais servir à mes colocs (chaque semaine, l’un d’entre nous cuisine pour le reste de l’étage). La suggestion la plus courante : le pâté chinois.

Au risque de m’aliéner mon lectorat, je dois avouer que je n’aime pas le pâté chinois.

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Désolée, vraiment. Je ne comprends juste pas en quoi c’est bon (je suis ouverte aux arguments, par contre). J’ai donc opté pour du poulet mariné, comme me le cuisinaient mes parents jadis. Photo ci-jointe.

La langue maudite

Deux fois par semaine, je me rends à mon cours de danois. C’est passionnant, très difficile, et je me sens comme si j’étais à l’école primaire (j’apprends à dire quelle heure il est et à nommer les meubles de ma chambre ; vous voyez le genre). Avez-vous des trucs pour apprendre une nouvelle langue svp? J’ai besoin d’aide.

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Vi ses! Et à tous les hommes qui lisent ceci : on ne siffle pas les madames dans la rue, svp.

PS Ah oui, la prochaine fois, je vais peut-être parler davantage de ma vie danoise si vous êtes sages, parce que dans l’ensemble, je tripe vraiment!

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