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Le guide ultime pour « penser en dehors de la boîte »
Think outside the box. Personnellement, je déteste cette expression. C’est l’équivalent de répliquer « ben, fais-le » à quelqu’un qui dit « je ne sais pas comment le faire ». Une sorte de phrase fourre-tout qu’on balance pour avoir l’air de savoir de quoi on parle quand on n’a aucune réponse concrète à apporter. « Qu’est-ce que tu veux que je fasse au juste ? » – « Je ne sais pas, think outside the box ! ». Ha ouais…
Si elle m’insupporte c’est surtout parce qu’elle a été utilisée à toutes les sauces par des managers ou chefs d’entreprise eux-mêmes en manque d’inspiration. Elle fait lever les yeux au ciel comme ce collègue qui débarque tous les matins en criant « WAZZAAA !! ». Au bout d’un moment on en oublie la signification et ça devient juste irritant.
Pourtant le postulat de base est intéressant : on encourage un cheminement de pensées non conformistes. Ça ne veut pas dire qu’on attend de nous de créer le prochain iPhone, mais plutôt que l’on soit innovant dans nos idées ou solutions. Alors comment arriver à penser en dehors de la boîte avant même qu’on vous ne le demande?
On fait le point.
Définir la box pour mieux en sortir
Peut-être que quand on vous dit think outside the box, votre premier réflexe est de vous demander comme Brad Pitt dans Seven « What’s in the box ?! ». Contrairement à lui, vous auriez raison de le faire.
C’est le conseil de Michael Bahr, directeur de l’éducation pour l’Utah Shakespeare Festival. Il fait valoir que les meilleurs enseignants suscitent la créativité en imposant des paramètres à leurs élèves. Plus il les limite, plus ils sont créatifs. Cela part de la simple idée qu’on adore les règles pour mieux les enfreindre. Si on ne crée pas notre propre box, si on ne se limite pas, alors on sera moins innovant.
Dans plusieurs disciplines artistiques, on retrouve le courant de la « contrainte artistique ». En littérature, l’exercice du lipogramme consiste à rédiger un texte en se refusant l’utilisation d’une lettre. Un des exemples les plus connus est surement « La disparition », un roman de Georges Perec écrit sans le « e ». L’auteur considérait d’ailleurs que les contraintes formelles stimulent l’imagination.
Le compte Twitter @afrigadget met en avant l’ingéniosité de certains pour contourner les difficultés liées aux pénuries ou à l’absence de matériaux. Des initiatives qui sont souvent innovantes, écofriendly et qui participent à la réutilisation des déchets.
Aller chercher des avis divers
En journalisme on travaille sur un sujet avec un angle défini. On suit ce fil conducteur pour écrire notre article afin de ne pas trop divaguer, car certains thèmes peuvent être large à couvrir.
Quand je manque cruellement d’inspiration pour trouver un angle inédit, j’aime bien poser la question à des individus d’une façon random. Le moins ils sont liés au sujet, le mieux c’est. Quitte ou double, soit c’est totalement à côté de la plaque, soit c’est tellement du génie que vous n’auriez jamais pu y penser tout seul. Ainsi, je devrais créditer mon coiffeur ou plusieurs personnes en soirées pour m’avoir lancé sur des pistes qui sont devenus de bons articles.
Demander leur avis, ce que ça leur inspire, ou qu’est-ce qu’ils visualisent ? Ils ne feront pas tout le boulot, c’est ensuite à vous de reprendre leurs infos éparpillées pour construire quelque chose avec, mais c’est un premier pied hors de la box.
Penser à plusieurs
C’est la suite logique du point précédent. Mais j’entends déjà des voix s’élever pour dire « c’est prouvé que le brainstorm c’est n’importe quoi ». Effectivement, plusieurs études ont dépeint cet outil de réflexion comme assez peu efficace. Les principaux arguments soulèvent l’appréhension de la critique, le conformisme des individus à la pensée du groupe et les extravertis qui dominent les conversations alors qu’ils n’ont pas forcément les meilleures idées. Chacun se reconnaitra.
Mais alors, on y arrive mieux à plusieurs ou en adoptant la posture du penseur de Rodin solo dans son bureau ?
J’amène mon grain de sel à la réflexion en proposant un entre-deux. Si on veut penser en dehors de la boîte grâce à un brainstorm, il sera efficace avec un groupe réduit de trois ou quatre personnes triées sur le volet parmi vos amis ou collègues les plus proches. Ceux à qui vous pouvez tout dire, avec qui vous faites déjà ça en fin de soirée ou en lendemain de brosse.
Se former à de nouvelles pratiques
Élargir ses connaissances, s’instruire. Là aussi on fait quelques pas hors de sa boîte et en même temps on l’agrandit, double win.
On a l’habitude d’avoir le même chemin de réflexion ce qui nous limite aux mêmes solutions. Pour avoir de nouvelles idées, on peut se former en allant piocher de l’inspiration dans d’autres secteurs. Si vous avez un esprit scientifique et que vous travaillez dans la recherche, allez prendre des cours d’écriture ou de journalisme. Qu’importe que ça soit ou non votre point fort, cela vous permettra d’apprendre à vulgariser et à expliquer plus simplement des notions compliquées.
Je donne un exemple précis. Vasyl Lomachenko, un des meilleurs boxeurs de sa génération. À l’âge de 9 ans, son père l’a mis à la danse traditionnelle ukrainienne pendant quatre années consécutives, grâce à ça il a le jeu de jambes le plus impressionnant du game. Depuis le début de sa carrière, il cherche constamment à se diversifier en intégrant à la boxe des éléments tirés d’autres sports pour améliorer sa pratique du noble art. Il est aujourd’hui double champion olympique et champion du monde dans diverses catégories.
Il a littéralement pensé outside the boxe…I’m out.