Le guide ultime pour obtenir une place dans une coop d’habitation

Sur fond d’orage et de crise du logement, vous entrevoyez un bout de ciel bleu. Et cette éclaircie en forme d’espoir prend la forme des coopératives d’habitation.

J’habite dans une coop depuis trois ans, mais ma première application remonte à presque dix ans. Parlez-en à la dame de la Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain qui me trouvait snob parce que j’avais coché un seul choix de quartier (oui, l’un des plus en demande de Montréal). Elle m’a sèchement souhaité « bonne chance » au téléphone avant de raccrocher.

Aujourd’hui, j’habite mon quartier de rêve et… c’est vrai que je suis chanceuse. Je vais donc vous partager mes conseils personnels pour maximiser vos chances d’habiter un appartement décent à prix raisonnable, voire abordable.

Je pourrais résumer le processus en quatre étapes (faciles).

Pour moi, c’est une étape importante et le fun. Mais honnêtement, si votre seul but est de rentrer dans n’importe quelle coopérative, vous ne passerez pas beaucoup de temps là-dessus.

Mine de rien, il y a plus de 1200 coopératives d’habitation au Québec. Certaines sont de type familial, il y a aussi des coops d’artistes et d’autres qui n’ont aucune vocation particulière. Il y a des endroits où les animaux sont permis et d’autres pas. Ça vaut donc la peine de bien réfléchir à son style de vie et d’orienter ses recherches en conséquence.

Quelques questions à vous poser pour orienter vos recherches :

– Dans quelle région du Québec, ville, quartier, aimerais-je habiter?

– Est-ce que la coop que je considère accepte les animaux?

– Est-ce que j’ai le droit de fumer?

– Est-ce situé près des transports?

– Est-ce trop loin de la garderie de mon fils?

– Est-ce assez abordable pour moi? (Le loyer des habitations récentes coûte parfois plus cher.)

C’est la partie plate, mais ô combien nécessaire. Des fois, c’est possible de remplir le formulaire et de le soumettre directement en ligne, alors que d’autres coops préféreront recevoir le dossier de candidature par courriel ou par la poste.

Encore une fois, faites vos recherches. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à contacter la coop en question, la Confédération québécoise des coopératives d’habitation ou l’Office municipal d’habitation de votre région.

Votre choix s’est arrêté sur quelques habitations de rêve? C’est le temps de sortir votre violon! Écrivez une lettre de motivation adaptée pour chacun des endroits où vous comptez envoyer votre candidature.

Vous souvenez-vous quand, à 18 ans, vous avez envoyé votre CV partout et que personne ne vous a rappelé.e? Le problème, c’était la lettre de motivation qui était la même partout. Vous avez même oublié de changer le nom de la compagnie rendu au 20^e CV. Ne refaites pas la même erreur.

Dans votre lettre, mettez en valeur votre engagement communautaire, votre désir de partager la vie en groupe. Non, vous ne serez pas tout le temps ensemble, mais vous allez côtoyer vos voisin.e.s plus souvent qu’autrement, et le comité de sélection veut s’assurer que vous êtes « ben smatte ». Alors go, prouvez-le!

On lâche pas, le marathon est presque terminé. Le jour de votre entrevue, arrivez au moins 15 minutes à l’avance : c’est la base. Ensuite, préparez-vous. Il existe des séances d’introduction à la vie en coopérative. Celles-ci peuvent s’avérer très pertinentes pour comprendre les principes, vos droits et vos devoirs, surtout si vous n’avez jamais vécu en coop avant.

Ainsi, vous serez plus en confiance et plus à l’aise de répondre aux questions ou aux mises en situation, ou à tout le moins, vous aurez l’air de connaître la base. C’est important pour laisser une bonne impression.

Personnellement, on m’avait dit que j’avais peu de chance de rentrer dans une coop parce que je n’en avais jamais fait l’expérience. On m’avait d’ailleurs fortement recommandé d’assister à une séance d’information, mais à l’époque, les séances avaient lieu sur place, une seule fois par mois, à des heures qui ne cadraient pas avec ma vie de jeune femme qui occupait un emploi prenant de 9 à 5, voire 9 à 7.

Je m’y suis donc pris autrement. J’ai questionné mes ami.e.s qui habitent dans des coopératives, j’ai lu, je me suis documentée, j’ai regardé des vidéos. Puis, j’ai écrit mes réponses et je les ai pratiquées, comme pour un exposé oral. Eh voilà! L’impossible est devenu possible.

Comme le suggère le slogan de Nike, oubliez ce que le monde pense et « just do it ».

Dans une coop, on trouve généralement les comités suivants : entretien d’immeuble, finances, sélection, bon voisinage et secrétariat. Les comités varient d’une place à l’autre, mais règle générale, les comités d’entretien extérieur (pour prendre soin du terrain, tondre le gazon, pelleter l’hiver) et d’animation culturelle (pour organiser des activités qui ressemblent à des mini-fêtes de quartier, le budget de la Ville en moins) sont les plus populaires. Or, ça se peut que ces comités n’aient pas besoin de nouveaux membres.

La priorité ira donc à quelqu’un qui aura signifié son intérêt pour joindre la trésorerie. Si vous voulez un conseil, moins de gens souhaitent s’impliquer dans les finances ou le secrétariat. Si vous les mettez en premier dans vos choix de comités, cela pourrait augmenter votre chance d’être choisi.e. C’est ce qui est arrivé à une personne que je connais et c’est ce que je vous recommande de faire, quitte à changer de comité deux ans plus tard (durée générale d’un mandat).

C’est aussi le moment de parler des heures de bénévolat que vous avez faites au début de la pandémie et de votre implication au CA du musée d’art de Joliette. Ou encore, des tablettes de chocolat que vous avez distribuées au secondaire pour financer la construction d’une école au Guatemala. Mettez toutes les chances de votre côté.

Vous savez aligner des chiffres? Dites-le! Tirer des joints, retaper des meubles ou créer des sites web? C’est pas le moment d’être humble, votre place est en jeu.

En espérant que ces quelques trucs vous aideront à trouver votre place au soleil. Sur ce, bonne recherche!