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Marie Kondo n’est pas la première à provoquer des questionnements sur la consommation. Vous souvenez-vous du documentaire Minimalism: A Documentary About the Important Things, diffusé sur Netflix en 2017? Peu de temps après sa sortie, nos fils d’actualités se remplissaient de statuts prônant une vie plus légère, détachée de ce qui est matériel. Ce n’est plus cool de trop consommer et c’est tant mieux.
Ça n’en prend pas plus pour que bien des marques embrassent la mode de l’épuré et de l’écoresponsable. C’est bien, tant que ça ne devient pas une façon de justifier notre surconsommation. Et là réside toute l’étendue de nos contradictions. On veut s’alléger, mais on continue d’acheter. Il ne faut pas se leurrer, acheter c’est acheter. Peu importe si c’est biologique ou pas.
Le plus grand garde-robe du monde
L’artiste montréalais Benjamin Von Wong, en collaboration avec la designer Laura François, a tout récemment créé le plus grand garde-robe au monde. Les deux amis ont recueilli plus de 3000 pièces de vêtements, soit l’équivalent approximatif de tous les vêtements qu’on porte dans une vie, afin de nous faire voir la réalité en face. Depuis, les images de l’installation montée dans un centre commercial en Égypte ont fait le tour du monde.
«Chaque chose qu’on porte demande beaucoup de ressources pour être produite. L’industrie du vêtement fait un gros trou sur la planète. Si on pouvait voir toutes les choses qu’on a portées dans une vie, ça nous ferait peut-être repenser notre consommation», nous dit Laura François. À la fin de l’exposition, les vêtements ont été donnés à des réfugiés. «Pourquoi ne pas avoir une garde-robe qui peut servir d’endroit de partage, de don? C’est vraiment l’idée et le message de l’installation», poursuit-elle.
Comment contrer le fast fashion
Comment faire alors pour éviter de tomber dans le piège de la consommation? Parce que oui, ça devient aliénant. On sait quoi faire pour être un citoyen modèle, mais on vit dans un système qui fait tout pour le décourager et qui rend chaque étape compliquée.
Laura affirme que l’idée n’est pas de ne plus acheter des vêtements, mais de consommer en pleine conscience. «Si l’industrie arrêtait de produire des vêtements aujourd’hui, il y aurait assez de vêtements pour tout le monde. Les vêtements de seconde main sont la meilleure solution. Mais si tu dois acheter du neuf, fais-le comme un investissement et achète quelque chose que tu vas porter pendant des années», suggère-t-elle.
On pourrait d’ailleurs se mettre en gang et acheter la garde-robe de la millionnaire Theresa Roemer.
Laura François apporte cependant une nuance importante dans la problématique. «Tout achat de vêtement, qu’il soit éthique ou pas éthique a toujours un effet sur l’environnement. Même le coton biologique a besoin d’eau et d’espace. Il faut penser que tout ce que tu achètes a un impact sur la terre. Vaut mieux acheter quelque chose que tu vas vraiment aimer et porter 1000 fois plutôt que quelque chose que tu porteras trois fois». Comme quoi la question de Pierre-Yves McSween est indémodable : «en as-tu vraiment besoin?».
Greenwashing et mode éphémère
L’écoresponsabilité existe-t-elle vraiment quand on parle de vêtements? Fashion Revolution propose chaque année The Fashion Transparency Index où sont classées 150 marques internationales selon différents critères humains et environnementaux (durabilité, coût humain, impact environnemental de production, etc.). Le dur constat, c’est qu’aucune marque ne score en haut de 60%. «Posez le plus de questions possible, informez-vous. Plus le consommateur demande de l’écoresponsabilité, plus la marque va être consciente de la demande», nous dit Laura.
À tous ceux qui lisent cet article en espérant trouver la solution qui vous permettra d’éviter la surconsommation sans bouleverser votre vie: désolée, il n’y a pas de miracle. Pour réduire son empreinte écologique, il faut tout simplement arrêter de consommer.