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Le constat inconfortable de «L’industrie de la vieillesse»

Une websérie qui donne un brin froid dans le dos.

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Comme le dit si bien l’adage, il y a deux certitudes dans la vie: la mort et les taxes.

Nos cheveux vont éventuellement blanchir. Nos épaules vont se courber. Les petits et grands bobos vont s’accumuler. On n’aime pas tellement y penser, donc on y pense pas.

Et la plupart du temps, avant de mourir, on va vieillir. On n’aime pas tellement y penser, mais le miroir nous le rappelle chaque jour quand même. Nos cheveux vont éventuellement blanchir. Nos épaules vont se courber. Les petits et grands bobos vont s’accumuler. On n’aime pas tellement y penser, donc on y pense pas. Ni individuellement, ni collectivement.

Et vivre dans le déni sur cette question, c’est un problème majeur comme l’explique si bien la websérie documentaire de Denys Desjardins L’industrie de la vieillesse.

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Le casse-tête des retraités

L’industrie de la vieillesse, c’est onze courts épisodes de moins de 20 minutes, chacun dédié à un enjeu auquel les aînés sont confrontés. Des enjeux auxquels on sera aussi éventuellement confrontés: vieillissement rapide de la population, soins à domicile, résidences privées, soins à la carte, etc.

C’est court, déprimant, parfois révoltant et ça ouvre franchement les yeux sur une partie de la vie qu’on a de la difficulté à concevoir quand on a 20, 30 ou 40 ans et qu’on vit notre best life. Comme l’explique bien l’un des intervenants: auparavant on prenait notre retraite à 65 ans, alors que l’espérance de vie moyenne était d’à peine quelques années de plus. Aujourd’hui, quelqu’un peut passer 35 ans de sa vie sur le marché du travail et 40 ans à la retraite. Sachant qu’un quart de la population du Québec aura plus de 65 ans en 2031, on ne pourra pas fournir pour tout le monde.

Aujourd’hui, quelqu’un peut passer 35 ans de sa vie sur le marché du travail et 40 ans à la retraite.

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Il y a beaucoup de tapes dans le dos qui se donnent lorsqu’on parle de notre système de santé, mais comme Denys Desjardins nous le fait comprendre : sa structure n’est pas du tout adaptée à un vieillissement précipité de la population. Nos aînés se retrouvent donc en position vulnérable face aux pourvoyeurs de soins privés. Pas le choix de payer. Parfois, au prix de devenir un « fardeau » pour la famille.

Bien qu’il existe des manières d’alléger les frais, la paperasse qui vient avec est intimidante. À 38 ans, ça me fait chier d’attendre au téléphone lorsque j’appelle Revenu Québec et je ne comprends pas toujours toutes les subtilités des procédures, des formulaires à remplir, du jargon de crédits d’impôt de je ne sais pas trop. J’ai de la difficulté à imaginer à quel point ça serait compliqué si j’avais 35 ans de plus.

Pourquoi donc regarder cette damnée série alors?

Premièrement, parce que ça nous brasse. On rêve tous du moment où on pourra lâcher le volant et penser à quelque chose d’agréable comme disait si bien le directeur Giroux, dans Radio-Enfer. Ce moment-là ne viendra peut-être jamais. Pas pour nous, en tout cas. Comme l’affirme un intervenant de la série, le système va profiter à une seule génération. Les plus jeunes vont simplement le financer.

L’industrie de la vieillesse m’a cependant ouvert les yeux sur la vraie nature de la retraite et sur la nécessité d’y réfléchir maintenant.

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Bon, je ne suis pas non plus un adepte de la technique scared straight. Mes parents ont beaucoup trop essayé de me faire peur dans la vie, ça a eu l’effet d’un vaccin contre l’anxiété envers mon propre futur. L’industrie de la vieillesse m’a cependant ouvert les yeux sur la vraie nature de la retraite et sur la nécessité d’y réfléchir maintenant.

Ce n’est pas une ligne d’arrivée. Ce n’est pas la période de la vie «où on se repose» de notre passage dans le monde du travail. On nous a élevés à croire que c’est une forme de paradis qu’on doit financer nous-mêmes, mais rien n’est plus inexact. Du moins, à mes yeux. C’est une deuxième vie que la société nous accorde. Je me vois très mal m’isoler de la société et attendre tranquillement la mort en voyageant une fois par année. Ma génération aura fort probablement besoin de travailler plus longtemps et ça ne me dérange pas trop. J’ai le goût. J’y suis prêt.

Ce n’est pas une ligne d’arrivée. Ce n’est pas la période de la vie «où on se repose» de notre passage dans le monde du travail. C’est une deuxième vie, du moins à mes yeux. Une chance de faire les choses à son rythme et de réaliser de vieux rêves. S’isoler du monde actif et attendre la mort n’est plus une option. Ma génération aura fort probablement besoin de contribuer activement plus longtemps et ça ne me dérange pas trop. J’ai le goût. J’y suis prêt.

On n’aura pas les moyens pour devenir vieux comme nos parents et c’est correct.

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La game a changé. On n’aura pas les moyens de vieillir comme nos parents. On en sera peut-être mieux, qui sait? L’important c’est la qualité des années, pas la quantité, non?

L’industrie de la vieillesse est disponible sur Tou.tv. Les onze épisodes durent le temps d’un film et ça soulève d’excellentes questions qu’on doit se poser très tôt. Je vous invite aussi à regarder le site 2031.quebec qui vous projettera au coeur des problèmes qui se pointent à l’horizon.

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