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Le cofondateur d’Igloofest nous raconte ses 5 pires obstacles
Organiser le « festival le plus froid du monde » n'est pas une tâche facile.

Quatre95 et la Banque Nationale s’unissent pour vous outiller à affronter l’adversité et les défis qu’implique une vie entrepreneuriale.
– 8 degrés, petite neige. «Fait beau aujourd’hui, hein?», me lance Nicolas Cournoyer alors que je me disais justement le contraire. Si le froid peut gâcher la bonne humeur du plus joyeux des humains en moins de deux, c’est tout le contraire pour le cofondateur d’Igloofest. Il faut dire que le «festival le plus froid du monde» a bâti son unicité à coups de superstars de la scène électro oui, mais aussi de flocons et de kits de Ski-Doo!
Mais alors, qu’est-ce qui a fait grimacer l’entrepreneur depuis la fondation du prestigieux festival en 2007? On sait que se lancer en affaires comporte son lot de défis, qu’il faut relever avec adresse et débrouillardise! À l’approche de la 14e édition, on a fait le tour des pires obstacles de l’histoire d’Igloofest!
Des artistes un peu frileux
Igloofest n’a plus besoin de faire ses preuves. Mais pour certaines vedettes, ça ne semble toutefois pas SI séduisant de jouer au grand froid. «Elles sont découragées à l’idée de performer dans ces conditions. On a eu droit à beaucoup de refus! Pour contrer cette réticence, on s’est toujours assuré d’offrir le meilleur accueil possible aux artistes. Heureusement, le bouche-à-oreille a joué en notre faveur!»
« Notre budget de programmation a triplé en cinq ans. »
Malgré une plus grande facilité à attirer de grands talents au fil des années, les organisateurs doivent maintenant faire face à un marché de plus en plus compétitif. «Notre budget de programmation a triplé en cinq ans. Tout coûte plus cher, ce qui fait que les cachets des artistes ont augmenté de manière exponentielle. Il a fallu revoir notre budget en conséquence.»
La température en yo-yo
Si le cofondateur d’Igloofest aime le froid et la neige, il est un peu moins down avec les cocktails météo et les extrêmes. En plus de repousser certains spectateurs (et donc les revenus) et de rendre difficile la prévision de la main-d’œuvre nécessaire, ça complique le montage du site.
«Par temps très froid, c’est une autre game. Les coûts de production sont vraiment à la merci de la météo. Un festival estival de la même envergure coûte environ 30% moins cher. Par exemple, on a déjà eu une fuite d’eau à cause du froid dans une salle utilisée pour la technique juste avant l’ouverture des portes. Ça a été un énorme branle-bas de combat pour maintenir la soirée! On a dû remplacer du matériel, dont l’ampli. On a finalement commencé avec une heure de retard. L’équipe a travaillé très fort pour lancer le show!»
« Les coûts de production sont vraiment à la merci de la météo. Un festival estival de la même envergure coûte environ 30% moins cher. »
« Les redoux peuvent aussi prendre des airs de cauchemar. «Le changement climatique, on le sent! Une fois, on a installé des bars, des châteaux et autres sculptures de glace. La pluie imprévue a rendu tout ça très dangereux pour les festivaliers. On s’est reviré sur un 10 cents en détruisant 20 000 à 30 000 dollars d’œuvres, qu’on a dû remplacer avec des décorations plus sécuritaires. Heureusement, on a toujours un budget pour les imprévus.»
Les erreurs d’aménagement
Nicolas le dit et le redit : le nerf de la guerre, c’est l’expérience client. Une réalité qui a apporté son lot de défis pour l’aménagement du site! «Depuis nos débuts, la courbe d’évolution de l’affluence a été assez drastique. On a toujours essayé de repousser plus loin les limites du site de façon sécuritaire. Pendant un set en 2016, plus de 7000 personnes se sont pointées. On venait tout juste de réaménager l’espace pour mettre un espace VIP devant la scène. On avait gardé un bon plancher de danse, mais c’était trop tassé! On a reculé les infrastructures de 50 pieds, ce qui a coûté quelques dizaines de milliers de dollars. Quand on fait des erreurs, on l’assume.»
Petit train va loin (ou pas)
Vu que le festival se tient au Quai Jacques-Cartier du Vieux-Port de Montréal, ses organisateurs doivent faire face au chemin de fer qui bloque parfois la circulation autour du site. «Quand le train passe, il passe. Ça peut vite créer des débordements, avant ou après un spectacle.»
Nicolas se rappelle en riant (un peu jaune) un set en 2017. «On a eu un appel 10 minutes avant le passage d’un train, ce qui coïncidait exactement avec la fin du spectacle. On a demandé au Vieux-Port la permission de continuer la musique pour éviter que 10 000 personnes tentent de partir en même temps. Des employés ont aussi veillé au bon déroulement de la fin de soirée. Heureusement, la plupart des festivaliers n’en ont même pas eu conscience!»
Un public qui change
Quand Igloofest a connu sa première édition en 2007, l’équipe tenait tout à bout de bras. «C’est par pur plaisir que nous nous sommes lancés dans cette aventure. On a pris des risques! Pourtant, le plus grand obstacle financier à ce jour est le changement de clientèle.» Les courageux qui viennent danser à -30 degr és ne sont plus nécessairement les mêmes!
«Avant, les spectateurs venaient pour l’expérience. Ils pouvaient être là tous les soirs! Aujourd’hui, les gens viennent davantage pour les artistes. Notre compétition est devenue mondiale : certains voyagent pour découvrir des festivals. C’est sans parler de notre époque où on peut presque tout regarder, manger et boire chez soi! Ça change forcément la réalité de l’industrie événementielle.»
« Notre compétition est devenue mondiale : certains voyagent pour découvrir des festivals. »
Pour contrer cette adversité qui a d’ailleurs mené à quelques années déficitaires, l’équipe d’Igloofest a adopté plusieurs stratégies. «On ratisse de plus en plus large par rapport à la programmation, pour développer de nouveaux publics. On a aussi changé le système de billetterie, ce qui a vraiment aidé à régulariser nos profits. On offre d’acheter des billets moins chers plus tôt, et on monte le prix plus près de l’événement. Pour des artistes plus populaires, on se permet d’aller plus haut», explique Nicolas.
Grâce à ces efforts, Igloofest peut se targuer d’être sur une pente ascendante. «Je suis très positif pour la prochaine édition. Ça s’annonce fou!»
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Igloofest se déroule jusqu’au 8 février 2020. Profitez-en pour venir visiter l’Arcade BN sur le site du festival!
Pour acheter vos billets : igloofest.ca/achat-en-ligne/