Ça y est, le suspense est terminé. Il y a deux heures, Justin Trudeau terminait son bagel et avalait son café Tim d’un trait, avant de se rendre à Rideau Hall dissoudre son gouvernement et plonger le pays dans une campagne électorale qui durera jusqu’au scrutin prévu le 21 octobre prochain. Les pancartes électorales sont apparues par magie pendant la nuit et, pour les prochaines semaines, la politique fédérale sera au cœur des conversations de machine à café (ex aequo avec l’annulation de la prestation de Patrick Bruel à En direct de l’univers). Puisqu’on ne veut pas trop vous saouler avec ça (tous les médias vont s’en charger), Quatre95 vous propose ici un bref tour d’horizon des quelques chiffres et enjeux économiques qui devraient faire jaser.
Et de 43!
Le Premier ministre s’apprête donc à déclencher la 43e campagne électorale fédérale, durant laquelle les candidats des partis en lice se disputeront les 338 jobs de députés vacantes d’un océan à l’autre. Le Parti libéral de Justin tentera de maintenir sa majorité, lui qui avait fait élire 184 députés en 2015, loin devant les conservateurs, qui avaient obtenu 99 sièges. La lutte s’annonce cette fois serrée entre ces éternels rivaux, prédisent déjà les experts. Le Bloc québécois tentera pour sa part de profiter de l’étoile faiblissante du Nouveau Parti démocratique en sol québécois pour augmenter son nombre de députés, qui était de 10 au moment de lancer la campagne.
Justin va flasher son bilan économique
Malgré quelques tensions sur la scène internationale, Justin Trudeau pourra flasher le bilan économique de son premier mandat, plutôt positif, sans doute exacerbé par la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le pays. « Le chômage est faible, le taux est à 5,7%, tout près de son plus bas niveau depuis au moins 40 ans. Il s’est créé plus de 300 000 emplois depuis le début de l’année, il s’agit des meilleurs huit premiers mois depuis 2002. Le marché du travail a créé 1,2 million de nouveaux emplois nets depuis le début du mandat du gouvernement Trudeau », a décortiqué il y a quelques jours Gérald Fillion, le journaliste économique de Radio-Canada.
Chicane de déficit zéro
OK, ce n’est pas le sujet le plus sexy au monde, mais les partis devraient jeter les gants au sujet du déficit zéro. Avec des déficits annuels oscillant autour de 20 milliards de dollars, Justin Trudeau a rapidement renié sa promesse électorale de 2015 de ne pas dépasser un déficit annuel de 10 milliards jusqu’à atteindre un budget équilibré au lancement de la campagne de 2019. Au contraire, son parti se fait reprocher de ne pas avoir été assez regardant dans les dépenses. C’est pourquoi Andrew Scheer a annoncé il y a quelques mois à La Presse Canadienne vouloir faire un ménage dans les finances publiques et atteindre le déficit zéro d’ici cinq ans, qualifiant de « désastre » le bilan libéral. Le chef conservateur ajoutait lors d’un discours prononcé à Vancouver que les libéraux s’étaient lancés dans une « frénésie de déficits ».
De quossé la taxe carbone?!?
La taxe carbone, c’est en gros le principe du pollueur-payeur. Cette taxe, adoptée au Canada comme dans plusieurs pays dans l’espoir de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a été copieusement conspuée ici, à commencer par Andrew Scheer, qui a promis que son annulation serait son premier move s’il prenait le pouvoir. Malgré de vertes intentions avec cette taxe, Justin Trudeau devrait quand même se faire ramasser avec son récent feu vert au projet d’agrandissement du pipeline Trans Mountain, qui avait aussitôt suscité une levée de boucliers nationale.
En français svp!
S’il est élu, le chef du NPD Jagmeet Singh s’est engagé la semaine dernière à bonifier de 73 millions de dollars le budget consacré à l’intégration et à la francisation des nouveaux arrivants au Québec. Le gouvernement provincial aurait l’intention d’accueillir 40 000 nouveaux arrivants cette année, ce qui constituerait une baisse considérable par rapport aux années précédentes. Dans son plan de planification de l’immigration déposé en juin à l’Assemblée nationale, la CAQ avait par contre annoncé vouloir rehausser ce nombre pour atteindre environ 52 000 immigrants en 2022, un seuil semblable à celui qu’on retrouvait sous les libéraux.
15$ de l’heure
De son côté, le Parti vert du Canada – qui semble avoir le vent dans les voiles à l’heure où les gens se mobilisent pour l’environnement – a annoncé sur sa plateforme appuyer l’augmentation rapide du salaire minimum à 15$ de l’heure d’ici le printemps prochain. Le parti d’Elizabeth May propose également d’assurer un revenu garanti de 1200$ par mois au Québec pour contrer la pauvreté.
La bataille des 78 sièges
Le Québec abrite 78 circonscriptions, qui feront à nouveau l’objet d’une bataille déterminante sur l’issue du scrutin. Après avoir mis les luttes intestines derrière lui, le Bloc québécois d’Yves-François Blanchet tentera d’augmenter sa députation en promouvant ses idées visant à défendre le Québec dans la confédération. Enfin, l’histoire dira si le Parti populaire du Canada de Maxime Bernier, qui présente des candidats à travers le pays, parviendra à susciter davantage qu’un haussement d’épaules chez les électeurs. Mad Max devra commencer par remporter la victoire dans son propre comté, en Beauce, où il croisera le fer avec un candidat-vedette conservateur, l’ex-dirigeant de la Fédération québécoise des municipalités Richard Lehoux… mais il devra aussi affronter un autre Maxime Bernier portant les couleurs du Parti rhinocéros.
Maintenant, les jeux sont faits, rien ne va plus.
Bonnes élections.