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L’autre jour, c’était la fête des p’tits. Et à la fête de famille des p’tits, indicateur temporel marquant le fait que nous ayons survécu à la fête d’amiEs, nous étions chez le père des p’tits. Les grands-parents, oncles et tantes, nous et la blonde du père des p’tits. Blonde qui contient en elle-même tout ce qu’une mère de p’tits peut souhaiter pour sa progéniture : elle les aime tout plein, joue avec eux, souhaite être là pour eux dans les moments importants, sait même s’imposer comme vecteur de discipline. Et elle a un rire chouette, aussi. Elle est dans leur vie depuis un moment, partage de grands pans de leur quotidien.

Leurs yeux bouffis du matin, cette odeur chaude qu’ils ont tout de suite après le levé. Les toasts à beurrer, à couper. À se faire retourner parce que pas coupés de la “bonne manière”. Les crises. Les yeux contents. Les câlins. Leur laver les cheveux. Avoir les poches et la sacoche pleines de leur stuff, de leurs “petites pièces”, de roches. Leur lire une histoire. Les border. Avoir le dernier moment d’éveil du jour.

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Tout ça, quand à un moment donné du party, elle leur a dit un affectueux “mes chéris”, ça m’a pété dans la face. Ce-partage. Ça ne m’a pas surpris, là, chu pas innocente, mais j’y avais juste jamais vraiment pensé. Un point aveugle de ce que ça implique « une autre » dans la vie de mes p’tits. Une personne que je voudrais, en fait, accessoire, pas trop signifiante, pas trop existante, pas trop engagée. Parce qu’elle me rappelle que je n’ai pas réussi ma “vie de famille” et le portrait annuel du Sears qui le confirmerait. Parce qu’elle passe du temps avec eux et les fait rire et sourire et être bien et être heureux. Et que ce n’est pas moi qui le fais, pendant ce temps-là. C’est du temps que je n’aurai jamais avec eux. Elle aura peut-être même droit à des premières fois que je vais donc, nécessairement rater [y’a notamment une dent qui branle et qui veut tomber, là, j’espère en esti qu’elle va m’attendre parce que je me souviens très bien des nuits à ne pas dormir pendant qu’elle cherchait à sortir]. Et tout ça, émotivement, ça m’a fait ouch. Surtout parce que j’ai dû admettre que c’est mieux ainsi, ce partage. Que le portrait de famille, s’il avait eu à se perdurer dans le temps, il aurait été photoshoppé un peu plus, d’année en année, pour qu’on y voit des sourires.

Pis t’sais. Ma tête le sait bien qu’elle ne m’enlève rien, que c’est tellement chouette qu’elle soit si embrassante avec eux, qu’elle leur ait ouvert grand les bras pour les tenir proche de son cœur, qu’elle accepte la relation très proximale que j’ai encore avec le père des p’tits et qui fait en sorte qu’on puisse justement faire une fête, tous ensemble.

C’est dans ma chair que ça graffigne. Ça s’explique mal. Dire “l’autre”, c’est une manière simple de poser la distance, de se dissocier, de ne pas devoir avoir de relation réelle parce que justement, ce qui m’est autre ne peut me rejoindre. Mais. J’ai pas le goût de ça. Je ne veux pas ça. Elle n’est pas un accessoire. Ma tête le sait. Et il y a quelque chose dans cet engagement qu’elle a, dans la vie des p’tits, dans ce vouloir être là, dans le fait qu’elle filme avec enthousiasme et une pointe d’émotion le spectacle de fin d’année du p’tit, qui me crie très fort que c’est drette ça que je veux, pour eux. Une personne de plus qui les tient et les porte, qui complémente ce que nous sommes, le père pis moi. Je le dis avec un peu de tremblant, un peu de je-retiens-mon-souffle.

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C’est ma peur de ne pas suffire, mes propres insécurités, qui semi-chuchotent derrière. M’a ben finir par leur dire “tayeule”.

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