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On nous dit partout que c’est normal de se sentir un peu « down » à ce temps-ci de l’année. Peut-être est-ce dû au surmenage des Fêtes, à une lampe de luminothérapie qui fonctionne mal, ou bien en êtes-vous à faire un choix de carrière, un choix décisif POUR LE RESTE DE VOTRE VIE? Dit de même, c’est vrai que c’est stressant. Vais-je regretter mon choix de carrière?
C’est en plein la période des inscriptions au cégep et à l’université pour les programmes qui débutent à l’automne. Pour vous, « les jeunes », c’est une des grandes décisions que vous aurez prises jusqu ’à maintenant dans votre vie. Le problème se pose avec une acuité particulière pour les gens qui ont du talent toutes sortes de choses et qui sont souvent tiraillés entre plusieurs intérêts.
Vais-je regretter mon choix de carrière?
Pour vous, « les vieux », qui retournez aux études, gare à vous! Car la conciliation travail-études (-famille dans certains cas) est un défi.
Pour dénicher quelques trucs afin de ne pas regretter vos choix (ou au moins, ne pas trop angoisser là-dessus), j’ai parlé à Annie Guillemette, conseillère d’orientation chez ConsultOption et à Marine Miglianico, psychologue à la Clinique de psychologie positive. Angoissé à l’idée de faire un choix « final »? Voici notre prescription pour réduire votre stress.
Faire ce qu’on aime
Choisir une carrière est une période angoissante et plusieurs ont peur de regretter leur choix. Selon Annie, « aimer ce qu’on fait nous donne une meilleure motivation qui, d’après les études, est associée à un meilleur succès ». Elle précise qu’un choix d’études ne force personne à occuper un travail en particulier. Les voies pour obtenir le job de vos rêves sont multiples! Les études peuvent justement servir à explorer nos possibilités. Son conseil : « y aller avec ce qu’on aime et avec ce dans quoi on se sent bon, ce dans quoi on arrive à se visualiser, ce qui correspond à nos valeurs. »
Marine soutient aussi l’idée de faire ce qu’on aime. Pour les jeunes adultes doués, caractérisés par l’intensité de la pensée, le fait d’aimer ce qu’ils font leur permet de déployer toute leur énergie, dit-elle.
Exit la recommandation de vos parents de « faire vos sciences » parce que vous ne savez pas quel domaine choisir.
Exit la recommandation de vos parents de « faire vos sciences » parce que vous ne savez pas quel domaine choisir. Le manque de motivation pourrait même avoir un impact (négatif) sur vos résultats scolaires et vous empêcher d’accéder (ou de poursuivre) des programmes très contingentés.
Bonne nouvelle pour les gens qui doutent! Le marché du travail est plus flexible qu’auparavant. Selon Annie, la « carrière linéaire (le fait de conserver le même emploi, dans la même organisation, toute sa carrière durant) est de moins en moins la norme de nos jours. Le monde du travail évolue rapidement et se flexibilise de plus en plus (travail à temps partiel, par contrat, saisonnier, etc.). Ça demande surtout une bonne capacité à gérer l’ambiguïté et à tolérer l’incertitude! », explique-t-elle.
Ces changements sociaux et économiques rendent les choix d’études un peu moins définitifs que ce qu’on s’imagine souvent.
Pour Marine, ces changements peuvent être bénéfiques pour les personnes douées. Ce qui tue leur curiosité naturelle et risque d’amener un désengagement par rapport au travail, c’est la monotonie au quotidien. Il y a plusieurs moyens d’y arriver. Vous pouvez conserver un job devenue un peu plate et poursuivre des activités intéressantes en parallèle, par exemple, ou faire carrière dans un domaine ou un métier dont les tâches sont variées à l’intérieur d’une même semaine. Entrepreneur, gestionnaire de projets, professeure d’université (hint : d’expérience, même là on se tanne).
L’embarras du choix
Que faire si vous êtes doué avec les études? Que vous ne pouvez pas procéder par élimination pour arrêter votre choix? Pouvoir faire « n’importe quoi » est-il toujours une bonne chose? J’ai questionné Marine et Annie sur la situation spécifique des jeunes adultes doués et elles m’ont répondu avec beaucoup de nuance. Pour ceux et celles qui sont doués et qui ont de bons résultats scolaires, choisir est synonyme de renoncement.
Selon Annie, ces jeunes ont souvent de la difficulté à prioriser leurs nombreux intérêts. « Le fait de choisir une option implique de renoncer à d’autres options et cette idée même les rend parfois inconfortables, voire anxieux. On travaille donc ensemble cette idée du choix “définitif” et cette peur du choix définitif. »
Vos forces devraient vous donner de l’énergie, vous procurer un sentiment d’authenticité et du plaisir.
Selon Marine, les doués ont besoin d’intensité, de justice et de sens. Souvent sensibles au regard des autres, ces derniers les amènent souvent à douter d’eux-mêmes et à se poser des questions sur leurs choix. Ces personnes sont donc caractérisées par le doute. Son conseil: recentrez-vous sur vous-même, sur vos forces! Vos forces devraient vous donner de l’énergie, vous procurer un sentiment d’authenticité et du plaisir.
L’orientation tout au long de la vie
Après avoir choisi ce qu’ils aimaient à 20 ans, certaines personnes en viennent à regretter ce choix. Notre identité à 17, 25 ou 35 ans n’est souvent pas la même. Selon Annie, « pour choisir une voie qui lui convient, la personne doit d’abord se connaitre elle-même et la fonction qu’elle veut que son travail occupe dans sa vie ». Veut-on un travail alimentaire, qui nous permet de faire plusieurs choses à côté, un travail qui fournit de bonnes conditions (comme un congé l’été) ou un travail où on aura d’importantes responsabilités?
Face à la multitude de métiers et de professions possibles, on peut se sentir un peu perdu. Annie affirme qu’aujourd’hui, on parle de plus en plus d’orientation tout au long de la vie. Il faut se rappeler que le diplôme n’est pas tout : « J’ai connu quelqu’un qui faisait du développement en entreprises avec un baccalauréat en enseignement. Des ingénieurs qui finissent par occuper des postes de gestion, des infirmiers qui finissent par travailler dans la recherche en santé ». Pensons au-delà du diplôme, au projet professionnel et à la personnalité de la personne : « Est-elle confortable de faire certaines démarches? D’aller cogner aux portes? De démontrer et faire valoir ses compétences? », demande Annie.
Pensons au-delà du diplôme, au projet professionnel et à la personnalité de la personne.
Que faire si vous ressentez un désir de changement professionnel? Marine dit que l’enjeu essentiel, particulièrement pour les doués, est de se sentir légitime dans son envie de changement. Par exemple, imaginez que vous avez un bon emploi, qui ne vous satisfait plus. Vous serez probablement confronté à des réactions incrédules de votre entourage, qui ne comprendra pas toujours pourquoi le désir de nouveauté l’emporterait sur un bon fonds de pension, un salaire élevé, les tâches auxquelles vous excellez depuis plusieurs années, etc. Son conseil : écoutez-vous!
Une fois la décision prise, vous aurez à faire face à des défis plus concrets, notamment l’aspect financier d’une réorientation de carrière : « laisser un emploi pour retourner aux études n’est pas toujours une option qui s’intégrera facilement dans un horaire et dans une planification financière », dit Annie. Ça peut rapidement devenir un casse-tête! Le travail n’étant qu’une sphère de la vie, il faut cibler ses priorités.
Et vous, quelle place occupe le travail dans votre vie?