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L’alcool: relaxant bien mérité ou obstacle à la productivité?
Boire au bureau, c'est presque rendu normal.
Quoi de plus agréable que de s’ouvrir une bière ou de se préparer un negroni en revenant du travail après une journée éprouvante ? Mieux encore, pourquoi ne pas se verser un ti-drink directement au bureau avec les collègues ? La consommation d’alcool au bureau est en vogue ces jours-ci, et on s’est demandé pourquoi.
Un verre entre potes
Boire sur la job, c’est devenu monnaie courante. De nombreuses entreprises encouragent la consommation au bureau — on pense par exemple aux agences de pub, aux start-ups et aux cabinets d’avocat. De nos jours, on dirait que toute entreprise cool et dans le vent se doit d’avoir de la bière de microbrasserie en fût mise à disposition pour ses employés. C’est peut-être parce qu’une récente étude affirmait que d’être un peu cocktail permet de résoudre des problèmes de manière plus créative? Ceci dit, bien que tout ça sonne ouvert d’esprit et décontracté, parfois, ça fait un peu Mad Men.
La ligne entre le travail et la vie sociale s’amincit, et l’alcool y est pour quelque chose.
Alors que jadis plusieurs compagnies se dotaient de politiques de prévention de l’abus d’alcool, cette pratique est à la baisse au XXIe siècle. Dans certaines entreprises, se torcher est même encouragé. On a tous un ami qui travaille dans une start-up en tech et qui passe régulièrement des week-ends arrosés dans des chalets pour faire du team bonding. La ligne entre le travail et la vie sociale s’amincit, et l’alcool y est pour quelque chose. Serait-ce une tactique des employeurs pour nous faire bosser plus longtemps? Peut-être. Prendre deux-trois verres de blanc au bureau fait oublier qu’on y est jusqu’à 21h et facilite du même coup le développement d’une culture d’entreprise « de gang » où les heures supplémentaires sont plutôt du temps passé à aider ses amis sur un dossier.
Et ça, c’est sans compter tous les évènements liés à l’alcool, qui, dans certains domaines, sont presque incontournables. 5 à 7 de lancement de produit, souper avec un client potentiel, réseautage… Toutes les occasions sont bonnes pour trinquer et se magasiner au passage un hangover bien senti qui risque d’affecter notre productivité le lendemain matin.
Boire pour compenser
Une métaétude faisait récemment le lien entre une charge de travail élevée et une consommation d’alcool qui l’est tout autant. Selon la publication du British Medical Journal, les individus qui travaillent plus de 49 heures par semaine étaient 12% plus à risque de boire au-delà des limites raisonnables. Une autre étude démontrait le lien entre faker des émotions positives au travail et consommation d’alcool élevée. Le constat : plus tu fakes, plus tu bois.
La surconsommation de bières et d’autres délices du genre serait l’un des plus importants motifs d’absentéisme au bureau.
Davantage de stress, donc, plus d’alcool? Oui, et la tentative de s’automédicamenter avec un cocktail ou deux est tout à fait naturelle. L’alcool sécrète de la dopamine, une hormone qui diminue les effets du stress, et plus on utilise un stimulant pour obtenir notre holy dose de dopamine, moins notre cerveau en produit par lui-même. Au bout de la ligne, c’est un cercle vicieux dont il devient difficile de se défaire.
C’est quoi, dans le fond, la limite acceptable?
On a tous vu les publicités malaisantes (sorry, not sorry) d’Éducalcool sur la juste consommation : 10 verres par semaine pour les femmes, 15 pour les hommes. Bien que cette division ultra-genrée semble moralisatrice, force est de constater que les milléniaux sont de grands ados en ce qui a trait à la gestion de leurs drinks. L’alcool est le premier facteur de risque de mort prématurée et de maladies pour les 25-59 ans dans le monde, soit la tranche de la population qui travaille le plus. Serait-on trop nonos pour boire convenablement? On dirait bien, puisque la surconsommation de bières et d’autres délices du genre serait l’un des plus importants motifs d’absentéisme au bureau.
D’un autre côté, les milléniaux (encore eux! 😡) semblent épouser la sobriété comme jamais. Et certaines femmes disent refuser toute consommation d’alcool au travail pour éviter le harcèlement. Même Google reconnaît que c’est un problème !
Qu’est-ce qu’on conclut de tout ça? Loin de moi l’idée d’être moralisatrice, mais mettons que les chiffres parlent. On jugeait les années 1970 pour leur whisky d’après-midi, mais force est de constater que les 5 à 7 de job les accotent parfois pas à peu près. À vous de tracer votre limite — on est des adultes, après tout.
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Si vous pensez que votre consommation d’alcool est excessive, ces ressources pourraient vous aider.
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