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Laissez-moi donc sacrer au bureau!

Petit guide du bon usage des gros mots sur votre lieu de travail.

Par
Lucie Piqueur
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Ostie.

Voilà, c’est fait : j’ai sacré au travail.

On est des professionnels, tabarnak!

Vous me direz que chez URBANIA, on n’est pas trop du genre à porter des petites cravates en employant un langage châtié. N’empêche, chez nous comme dans n’importe quel lieu de travail, il y a un art et une manière de sacrer (ou pas) devant ses collègues, ses boss et ses client.es. On ne va pas commencer à jurer gratuitement toutes les trois secondes. On est des professionnels, tabarnak!

Tout le monde le fait

J’ai demandé aux personnes de mon entourage quel était leur rapport avec les sacres sur leur lieu de travail. C’est simple, la plupart d’entre elles parlent au travail comme elles parlent dans la vraie vie. En général, personne n’a de problème avec quelques petits gros mots entre collègues proches, mais tout le monde évite de sacrer devant ses clients. En 2019, personne ne sera renvoyé pour un petit bout d’viarge, mais il reste que lorsqu’on travaille auprès du public, ça fait partie de la job de se forcer un peu pour bien parler.

Fait intéressant, 66% des sondé.es sacreront si leur boss sacre.

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Ma petite enquête personnelle semble bien refléter la réalité. D’après un sondage réalisé auprès de 1542 travailleurs, la majorité des gens admettent employer un langage vulgaire de temps en temps au bureau. Même que 33% d’entre eux ne souhaitent pas travailler dans une entreprise ou sacrer est strictement interdit. Fait intéressant, 66% des sondé.es sacreront si leur boss sacre.

Des sondages et des études du genre, il y en a de plus en plus, car on voit bien que les gros mots sont plus acceptés au travail et à la maison que – mettons – du temps où le clergé nous checkait. Comme c’est la mode d’accuser les milléniaux de tous les maux, les chercheurs et chercheuses se questionnent sur une soi-disant culture de leadership permissif et ses conséquences. Ce qui est drôle, c’est qu’apparemment, sacrer aurait plutôt des conséquences positives au travail. Selon une étude rapportée par l’émission Les Éclaireurs, « les pilotes et les chirurgiens qui étaient autorisés à sacrer pendant leur travail composaient mieux avec des situations stressantes, comme un décollage difficile ou une chirurgie urgente, que d’autres pilotes et chirurgiens qui se voyaient dans l’impossibilité de jurer! »

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Il y a quand même des limites

De retour à mon petit sondage maison, mon entourage s’accorde pour dire qu’il y a une différence entre les sacres qu’on lance en l’air pour pester contre l’univers et les sacres dirigés vers quelqu’un. Ces derniers sont, évidemment, bien plus problématiques. Comme le rappelle le journal Les Affaires, jurer comme un charretier quand on s’adresse à ses collègues peut s’inscrire dans une dynamique de harcèlement psychologique. Les employeurs ont le devoir de garder l’environnement de travail plaisant pour tout le monde, et ça peut impliquer de nous forcer à dire « tabarnouche » au lieu de son mot cousin.

L’autre zone interdite du domaine des gros mots, c’est celle des jurons sexistes, racistes, homophobes et leurs amis peu fréquentables.

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L’autre zone interdite du domaine des gros mots, c’est celle des jurons sexistes, racistes, homophobes et leurs amis peu fréquentables. Oui, oui, vous allez me dire que même le fucking président de la première puissance mondiale dit des vulgarités horriblement péjoratives à la job… Mais considérez ça comme l’étrange exception qui confirme la règle. Je me souviens d’un commentateur de soccer en France, qui n’était pas connu pour son discours particulièrement soutenu, mais qui ne dérangeait personne. Le jour où il a commencé à avoir des problèmes à la job, c’est lorsqu’une vidéo de lui en train de lancer une injure homophobe hors antenne a fuité sur Twitter.

Même si les gros mots perdent en importance avec le temps, il faut toujours se rappeler que les mots ont un poids et une histoire. Si vous avez besoin de sacrer, n’en profitez pas pour faire du mal aux autres. Tournez-vous vers des jurons moins chargés, comme ceux sur les thèmes de Dieu ou du caca.

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Et la laïcité?

Et justement, parlons-en de Dieu! En plein débat public sur la laïcité dans la fonction publique, la question des sacres au travail devrait-elle devenir un enjeu? Si certains lieux de travail doivent devenir des zones stériles de toute religion, devrait-on aussi se garder de mentionner l’Église quand on se coince les doigts dans son tiroir? Qu’est-ce que vous en pensez, vous?

Pour finir, si vous vous trouvez dans le cas où vous devriez impérativement arrêter de sacrer au boulot, il existe quelques astuces pour y arriver. Le site de recherche d’emploi Monster propose d’utiliser le bon vieux pot à gros mots, dans lequel on met une pièce dès qu’on laisse un sacre s’échapper de notre bouche. L’article suggère aussi de remplacer petit à petit les jurons par d’autres mots plus neutres, par exemple sur le thème amusant des fruits. En ce qui me concerne, si quelqu’un se met à crier « pastèque! » ou « noix de coco! » en ma présence à la place des sacres, c’est clairement un motif de renvoi… voire pire.

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