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La science, c’est loin d’être plate!

Oubliez le scientifique à lunettes entouré de béchers : bienvenue sur le terrain.

Par
Constance Cazzaniga
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URBANIA et l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) s’unissent pour montrer que les scientifiques n’ont rien à voir avec les rats de laboratoire.

L’image que le cinéma et la télé nous envoient des scientifiques est souvent à des années-lumière de la réalité. On nous les présente soit comme des gens un peu cinglés – parlez-en à celui qui a dû annoncer à sa chérie qu’il avait réduit les enfants – ou comme des personnes plutôt solitaires et schizothymes – pensons à la gang de Big Bang Theory. Mais dans la vraie vie, les scientifiques sont souvent habiles pour communiquer et sont loin de passer leurs journées dans un laboratoire à développer une substance verte pour la baptiser Plaxmol.

Emmy L’Espérance et Dan Ngoyo Mandemvo, qui étudient à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), en sont deux beaux exemples. Déjà, ce n’est pas l’idée de faire un parc d’attractions rempli de dinosaures qui les motive, mais plutôt la perspective de changer le monde grâce à leurs recherches, qui pourraient bien avoir des impacts concrets sur l’environnement. En plus, Emmy et Dan ont fait du travail de terrain et ça, c’est pas mal plus excitant qu’apprendre le tableau périodique par cœur!

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Le terrain, un laboratoire stimulant

Tel un aventurier des temps modernes, Dan a quitté la Belgique, où il vivait, pour faire une maîtrise en sciences de la Terre à l’INRS après y avoir effectué un stage d’été de premier cycle, une expérience « incroyable » qui l’a enrichi culturellement et scientifiquement. C’est donc à la mine Con, près de Yellowknife (alias le « bout du monde », aux yeux de l’étudiant), qu’il a posé ses pénates pour une dizaine de jours à l’été 2020. Habillé d’un treillis, de chaussures de sécurité et d’un casque, il passait son temps dehors pour cumuler des données sur la température de l’eau, le pompage et les fractures de roches.

«Je pense que c’est une technologie qui va voir le jour, puisqu’avec le réchauffement climatique, on voudrait réduire nos émissions de gaz à effet de serre et que la géothermie est vraiment une réponse intéressante»

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L’objectif? Déterminer avec précision le potentiel géothermique de la mine inondée dans l’espoir qu’on utilise davantage la géothermie comme source d’énergie pour chauffer nos maisons. « Je pense que c’est une technologie qui va voir le jour, puisqu’avec le réchauffement climatique, on voudrait réduire nos émissions de gaz à effet de serre et que la géothermie est vraiment une réponse intéressante, surtout dans les zones reculées comme celles où se trouvent certaines communautés autochtones », explique ce détenteur d’un master en ingénierie des mines qui a conçu un modèle numérique de la mine pour y simuler les processus physiques négligés avec un modèle analytique plus conservateur.

Emmy, de son côté, s’est transformée ces deux derniers étés en agricultrice. Au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS, elle a cultivé le blé d’abord dans le cadre d’un stage d’été de premier cycle, puis pour sa maîtrise en microbiologie appliquée orientée sur l’environnement et la microbiologie. Son but, « c’est d’augmenter la quantité d’azote dans les plantes pour améliorer la qualité des grains de blé à l’aide du ratio champignons/bactéries ». En français, ça veut dire qu’elle augmente la quantité de champignons dans ses sols puisqu’ils relâchent de l’azote en décomposant la matière organique – dans ce cas-ci, des déchets de l’industrie de la bière ou des pâtes et papiers pour favoriser l’économie circulaire. Plus d’azote veut dire plus d’acides aminés, les composantes des protéines. Or la quantité de protéines influe sur la qualité du grain de blé, qui a besoin de gluten pour être transformé en pain et autres sous-produits.

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Ultimement, ses recherches pourraient servir à réduire l’épandage de fertilisants azotés synthétiques et diminuer les polluants qui se trouvent dans nos eaux. « Ça fait du bien de savoir qu’on fait quelque chose qui en vaut la peine, avoue Emmy. Je suis fière d’où je suis en ce moment. J’aimerais ça, changer le monde. » Même son de cloche chez Dan : « J’essaie d’ajouter ma pierre à l’édifice. Aujourd’hui, la géothermie n’est pas encore connue comme on le voudrait, mais peut-être que plus tard, je pourrai dire que j’étais un précurseur. C’est avec beaucoup de fierté que je le fais. »

Les scientifiques au-delà du sarrau

On l’écrivait d’entrée de jeu : les scientifiques sont souvent habiles pour communiquer, contrairement à l’idée reçue. Entre le travail de vulgarisation et la multitude de congrès où exposer ses recherches, il faut être capable d’avoir des conversations avec des gens, pas juste des rats de laboratoire.

«On vient tous de communautés différentes, de divers endroits du monde, ce qui fait en sorte que les conversations sont tellement diversifiées»

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D’ailleurs, la jeune microbiologiste insiste sur les liens qui unissent les personnes qui étudient à l’INRS, un établissement dont elle salue l’accueil et l’encadrement. « On vient tous de communautés différentes, de divers endroits du monde, ce qui fait en sorte que les conversations sont tellement diversifiées, ajoute-t-elle. J’apprends toujours sur de nouvelles cultures et de nouveaux domaines scientifiques. »

« Ce qui m’a surpris quand je suis arrivé à l’INRS, c’est qu’il y a une diversité incroyable », s’enthousiasme également Dan, qui se passionne aussi pour la photographie aérienne. Comme quoi les scientifiques ne voient pas juste le monde par l’oculaire d’un microscope!

Eh oui! Des gens sociables à l’esprit créatif qui travaillent au grand air, c’est aussi ça, les scientifiques. Emmy pense d’ailleurs qu’il est dommage que la perception du grand public soit empreinte de préjugés, étant donné que « la science, c’est justement un domaine où la communication est super importante, parce que si personne ne se parlait, on ne serait pas capable de découvrir de nouvelles choses ».

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Pour découvrir des scientifiques qui sont tout sauf plates, vous pouvez suivre l’INRS sur Facebook et Instagram. Mieux encore, vous pouvez vous inscrire pour un stage d’été de premier cycle ou trouver votre direction de recherche à l’INRS, et faire l’expérience du terrain à votre tour!