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La Saucette de Percé : se jeter à l’eau glacée pour Opération Enfants Soleil
Samedi matin, 11 décembre, Percé. Pas moins de 85 téméraires se jettent dans une mer qui avoisine les 3 °C tout près du majestueux Rocher Percé. L’idée semble farfelue – un fantasme gaspésien de vivre le plein air autrement, diront certain.e.s… En fait, il s’agit simplement d’une baignade unique en son genre lors de laquelle la générosité patauge avec l’intrépidité.
Bienvenue à la 10e édition de la Saucette de Percé, un événement caritatif de grande envergure dont l’objectif est de récolter des fonds pour Opération Enfant Soleil, essentiellement pour l’acquisition d’équipement médical. Pour donner un aperçu de son ampleur, cette année, plus de 100 000 $ ont été récoltés, un record pour l’organisme!
Lorsque Dehors m’a demandé de couvrir l’événement, je me suis tout de suite proposé pour participer à l’épreuve, étant un grand fan du journalisme gonzo.
Sachant qu’un mercure « grimpant » jusqu’à -5 °C m’attend, je m’équipe rapidement et pars pour la ville mythique devenue carte postale.
Les vertus d’un sauna typiquement gaspésien
Lorsque j’arrive là-bas, l’appréhension est au rendez-vous. La dernière fois que j’ai tenté l’exercice de me mouiller dans une eau glacée, j’ai attrapé une pneumonie… Heureusement, aujourd’hui, la température est relativement clémente, peut-être même la meilleure météo des dernières années à en croire la cofondatrice et co-organisatrice de l’événement Karen Lévesque-Cahill. « Tu es chanceux! Lors d’une des éditions précédentes, il neigeait, alors quand les gens sortaient de la mer, une fine couche de glace collait à leur peau, rendant le séchage très pénible… Aujourd’hui, on y échappe! » Ok d’abord, je ne me plaindrai pas…
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Très vite après mon arrivée, ma peur du froid de la mer se dissipe tranquillement tant les gens sont festifs et heureux de participer à la Saucette. Sous les applaudissements, la musique de Noël et les compliments sur mon courage d’oser tremper mon corps dans l’eau, je commence même à avoir la grosse tête.
Nous sommes 10 équipes à participer. « Nous avons déjà été près de 200 personnes, raconte Karen. Certaines d’entre elles ont déjà participé sept fois, voire neuf fois. Une certaine compétition commence même à naître au sein des équipes, mais ça reste de bonne guerre bien sûr. »
«Nous avons déjà été près de 200 personnes. Certaines d’entre elles ont déjà participé sept fois, voire neuf fois.»
Par ailleurs, la créativité dont font preuve les équipes est magique : soulignons entre autres les Gentlemen du Grand Percé, qui ont récolté le plus gros montant, soit 20 000 $. Affublés de costards et cigare au bec – rappelant les mafiosos de la vieille époque, ces grands gaillards en sont à leur troisième participation et ont toujours décroché les plus hauts honneurs. « On est très compétitifs, alors on veut toujours terminer premiers. Avec 20 000 $, je pense qu’on va devenir immortels! », commente fièrement le porte-parole du groupe, Ghislain Pitre.
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Les pieds à l’eau, c’est frette; la taille submergée, c’est souffrant; de l’eau jusqu’aux épaules, c’est un choc thermique foudroyant!
Je me greffe à mon équipe composée d’inconnu.e.s, Les Solos, mise sur pied pour ceux et celles qui désirent participer en leur nom, et je pars dans la première marée. Ma stratégie : courir et sauter d’un coup. Les pieds à l’eau, c’est frette; la taille submergée, c’est souffrant; de l’eau jusqu’aux épaules, c’est un choc thermique foudroyant! Malgré l’impact du froid, je dois avouer que c’est excessivement revigorant. Je pense que ça pourrait même devenir mon nouveau réveille-matin. Petite leçon apprise à la dure : toujours s’assurer de savoir où sont les serviettes avant de s’immerger…
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De Sherbrooke à Percé, pour redonner à la Gaspésie
Parmi les équipes présentes à la Saucette, une histoire touchante m’a particulièrement interpellée. Il s’agit de celle des Grenouilles d’Anabelle, menées par Angèle Bourgault, qui habite à Sherbrooke et se rend jusqu’à Percé uniquement pour l’occasion. Son équipe s’est formée à la suite du décès de sa fille de sept mois du nom d’Anabelle en juillet 2013.
«La Gaspésie demeure le seul endroit où ma tête pouvait arrêter de penser et de ruminer»
Peu de temps après le drame, Angèle s’est réfugiée en Gaspésie parce que le deuil était trop difficile à vivre. « C’est pourquoi je me sens très redevable à la péninsule, confie-t-elle. La Gaspésie demeure le seul endroit où ma tête pouvait arrêter de penser et de ruminer et où je pouvais trouver un peu de calme dans cette tempête. » C’est là qu’elle a entendu parler de la Saucette et qu’elle a décidé de s’y impliquer en créant Les Grenouilles d’Anabelle, « grenouille » étant le surnom de sa fille.
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« Année après année, ça me fait un bien fou d’aller visiter la gang de la Saucette. Ça m’apporte une profonde sérénité. Je reste encore émue de la vague d’amour que ma cause soulève », témoigne celle qui s’implique depuis maintenant cinq ans. Alors qu’elle était seule lors de la création des Grenouilles d’Anabelle, des gens sensibles à son histoire se sont peu à peu joints à elles. Elle raconte même recevoir des dons du Nouveau-Brunswick. « Comme quoi la cause des enfants interpelle au-delà des frontières », souligne-t-elle.
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Bref, que ce soit pour relever un défi personnel, tripper en gang ou contribuer à une bonne cause, toutes les raisons sont bonnes pour aller se saucer à Percé. On se voit à la prochaine édition!