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La saison des chasseurs de têtes est ouverte
Si vous avez visité LinkedIn au cours des dernières semaines, ou si votre boîte vocale se remplit de messages, vous avez sûrement remarqué que les chasseurs de têtes sont particulièrement actifs ces derniers temps.
La saison de la chasse est ouverte. Marie-Philip Gariépy, recruteuse chez Crakmedia, une entreprise techno de Québec, souligne qu’il y a habituellement deux moments très actifs durant l’année. «Personne ne veut changer d’emploi pendant les vacances. C’est cyclique. Après les Fêtes et après les vacances d’été, ce sont nos périodes les plus actives», dit-elle.
Mais cette année est aussi influencée par deux éléments, créant une sorte de tempête parfaite: la pandémie et la pénurie de main-d’œuvre.
Un contexte de chasse particulier
La pénurie se fait sentir dans toutes les sphères du monde du travail, du jeune salarié aux patrons, et elle touche tant les PME que les grandes entreprises. Les chasseurs de têtes que nous avons contactés constatent aussi une demande toujours très forte dans les secteurs technologiques et des métiers créatifs.
«La pandémie a provoqué une remise en question chez beaucoup de gens. Plus de 20% envisagent en ce moment une réorientation de carrière.»
«Plusieurs aspects entrent en jeu», explique Elisabeth Starenkyj, coprésidente de la firme de recrutement La tête chercheuse. «Premièrement, nous n’avions plus d’immigration entrante, notamment d’Europe. Ces personnes, très qualifiées, occupent de nombreux postes dans plusieurs industries. Sans leur apport, on se retrouve à manquer de personnel», indique-t-elle.
«La pandémie a aussi provoqué une remise en question chez beaucoup de gens. Plus de 20% envisagent en ce moment une réorientation de carrière, c’est énorme», ajoute-t-elle.
«Les grandes entreprises ont souvent leur département de recrutement interne, mais il arrive souvent qu’elles nous contactent parce que soit le nombre de postes est trop grand pour leur capacité interne ou soit c’est pour un un poste niché ou spécialisé», indiquent Claudie Leblanc et Magalie Derouin, associées et cofondatrices de la firme de recrutement Chassé-croisé.
Certains candidats de certains corps de métiers peuvent recevoir jusqu’à cinq offres par semaine. «On doit être pertinent, dit Elisabeth Starenkyj, c’est le secret.» De son côté, elle maintient une banque de candidats et ne les contacte que si le «fit» est bon. De cette façon, elle s’assure que les candidats répondent à ses appels.
Comment trouver les bons candidats
Les secrets d’un bon chasseur de têtes? «On doit être patient, empathique, positif, être un excellent communicateur et “marketer” pour bien représenter le client dans le marché. Il faut évidemment avoir une excellente compréhension des candidats, et on doit être bon négociateur», indiquent Claudie Leblanc et Magalie Derouin.
Avec la pandémie, les employeurs ont dû se réajuster, et les recruteurs aussi. Avec l’arrivée massive du télétravail, le bassin de recrutement s’est agrandi, car il n’est plus toujours nécessaire d’engager un employé qui habite dans la même ville que l’employeur.
«Je vois des choses que je n’aurais jamais vues avant. Des très grosses hausses de salaire ou des bonus pour retenir les employés.»
«Je me sers beaucoup de LinkedIn pour le recrutement, en utilisant une série de mots-clés, indique Marie-Philip Gariépy. J’étends mes recherches, je ne vise pas une région en particulier», sachant que le candidat idéal pourrait se trouver dans une autre ville, voire même un autre pays.
À l’inverse, les candidats reçoivent des offres concurrentielles d’entreprises situées dans une autre ville et même un autre pays. Et ces employeurs peuvent se montrer très agressifs dans leurs offres.
«Je vois des choses que je n’aurais jamais vues avant. Des très grosses hausses de salaire ou des bonus pour retenir les employés», remarque Elisabeth Starenkyj. «Les employeurs plus conservateurs, moins flexibles, 100% présentiel, vont avoir du mal à recruter.»
«Chaque candidat est encore plus précieux à cause de cette rareté, expliquent Claudie Leblanc et Magalie Derouin. Alors l’expérience qu’ils vivent avec nous, les chasseurs de têtes, doit être la meilleure possible. Le candidat doit sentir qu’il peut poser ses questions pour trouver les informations qui l’aideront dans son choix, alors que souvent, plus d’une opportunité d’emploi est à sa portée.»