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La question à 100$ : quel est le pire achat mode du designer MARKANTOINE?
Markantoine Lynch-Boisvert n’a pas perdu de temps.
Quatre ans après avoir quitté les bancs d’école, il s’illustre déjà comme l’un des designers de mode les plus audacieux du Québec, déballant son « streetwear haut de gamme » tant sur Instagram qu’au Musée des beaux-arts de Montréal.
Explorant les matières et les textures sous sa marque homonyme MARKANTOINE, il se permet d’avoir pas mal de fun. Du fun gothique exotique, même. Et si vous suivez un minimum le star-système québécois, vous verrez que pas mal de monde embarque dans son trip, quitte à faire jaser.
Le créateur n’hésite pas à qualifier ses collections contrastées, éclatées, un peu grunge, même, d’art. N’en déplaise au Conseil des arts du Canada et du Québec, qui ne considère pas la mode comme telle. Du même coup, il dénonce le manque d’aide financière allouée aux designers d’ici.
Les créations actuelles de Markantoine sont quasi uniques, écoresponsables, locales et conçues à la main.
Les créations actuelles de Markantoine sont quasi uniques, écoresponsables, locales et conçues à la main. Et dès le 19 août, vous pourrez retrouver 20 de ses morceaux dans toutes les boutiques Simons du pays, une première pour le designer qui a jusqu’ici tout fait lui-même.
Celui qui fait rayonner Shawinigan-Sud au travers des vitres de son petit atelier de la rue Atateken a accepté de prendre un moment avec nous pour répondre à nos questions d’argent.
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Si ta situation financière était un outfit, quel serait-il?
J’aurais probablement des sneakers Versace, une casquette Alexander McQueen, des jeans Saint Laurent et un t-shirt MISBHV. Ça, c’est ma situation financière de rêve.
Maintenant… ma situation financière présente… je suis tout nu! Non, je ne dirais pas tout nu, mais j’aurais deux-trois trucs de friperie mélangés avec du designer local et mes trucs à moi.
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Ça a été quoi la première vente de MARKANTOINE?
C’était une robe de ma première collection, elle avait vraiment fait parler! On n’avait pas testé les éclairages avant le défilé, pis la robe est devenue vraiment transparente. Donc… la fille était clairement toute nue en dessous.
Quand les photos sont sorties on était comme : « On post tu ça ou pas sur les réseaux sociaux? » Finalement, ça s’est avéré être une robe très demandée! J’avais trouvé ça super drôle.
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Tu partages ta business et ta vie avec ton chum. Lui as-tu déjà caché des décisions d’affaires?
Bien sûr qu’il y a plein de décisions que je lui ai cachées pour pas avoir à me chicaner avec lui! Mais tsé, qui ne lui feraient pas de mal. Pour le bien-être de tout le monde! Lui, il est plus involved dans la photographie et la direction visuelle de la marque.
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Quelle dépense niaiseuse t’apporte beaucoup de bonheur?
Mon café quotidien. Ça ne me dérange pas de payer 5$ pour aller voir les gens au café qui sont de bonne humeur… ça commence bien ma journée. C’est une dépense qui me rend heureux!
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Es-tu plus du genre cheap ou dépensier?
Je suis dépensier méthodique. Que ce soit pour mon brand, quand on a besoin d’avancer de l’argent. Que ce soit pour m’acheter une bonne bouffe, pour sortir avec mes ami.e.s, ou pour acheter un vêtement particulier… je vais le faire, je me prive pas.
Mais ma marque MARKANTOINE n’a pas de dettes! Parce que depuis deux ans et demi, j’ai l’opportunité de travailler comme enseignant en mode au collège LaSalle. Et maintenant j’ai aussi des opportunités en direction artistique, avec le Cirque du Soleil, notamment. J’ai également conçu les costumes pour un film il y a deux ans… Ça m’amène toujours à travailler dans le même milieu, à rencontrer des gens qui pourront m’amener ailleurs!
Tout ce que je fais avec la marque, je le réinvestis beaucoup dans la recherche, dans le développement, pour amener les matières ailleurs!
C’est plus comme ça que je gagne ma vie en ce moment. Tout ce que je fais avec la marque, je le réinvestis beaucoup dans la recherche, dans le développement, pour amener les matières ailleurs!
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Si t’avais pas lancé MARKANTOINE, t’aurais fait quoi?
Avant de faire du design, j’étudiais en théâtre. Mais les gens de théâtre, je m’excuse… ils m’ont vraiment tapé sur les nerfs. J’ai décidé de quitter ce monde-là, mais c’est drôle, aujourd’hui, tous mes ami.e.s c’est des comédiens ou des gens de l’industrie! J’ai comme rattrapé ces gens-là, donc ouais, je pourrais être comédien.
Ou alors chirurgien esthétique! Ça a toujours été quelque chose que je voulais faire aussi. Aujourd’hui, je modifie des tissus, pis j’aurais modifié des corps. C’est similaire en quelque part! Et j’aurais été beaucoup plus riche!
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As-tu déjà eu une jobine poche avant d’être designer?
Oh mon dieu, oui. Mon père a une concession automobile. Quand j’avais 15 ans, je descendais en vélo jusque-là pour laver tous les chars de la cour chaque jour de la semaine. C’était mon pire cauchemar. Je ne comprends pas que je l’ai fait. Je ne comprends pas comment j’ai passé cet été-là!
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Je lis partout que tu viens de Shawinigan-Sud. As-tu un sentiment d’appartenance fort envers ton lieu de naissance?
Je pense que ma mère a un sentiment d’appartenance à ce que je dise que je viens de là! Les gens, ça leur fait du bien, ça leur fait plaisir, pis ils ont l’impression qu’il y a des gens qui réussissent à Shawinigan. Donc je pense que je leur dois le respect de dire que je viens de là!
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Et la question à 100$ : c’est quoi ton pire achat mode?
J’ai acheté un foulard Alexander McQueen quand il est mort en 2010. C’était 500$, super cher pour un foulard, et je l’ai JAMAIS MIS! Je l’ai encore, thank God, mais… je l’ai juste acheté par folle dépense. Parce que c’était McQueen, parce que c’était sa dernière collection, pis parce que j’étais un jeune idiot qui mettait son argent n’importe où.
C’est devenu comme un objet de collection, mais j’suis pas trop un collectionneur dans la vie. J’aime ben ça me débarrasser des choses!