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La question à 100$ avec Safia Nolin: comment ignorer les étapes de la vie adulte
Safia Nolin caressait le rêve de devenir chanteuse depuis son plus jeune âge et ce rêve, il est plus concret que jamais avec tout ce qu’elle a pu réaliser au cours des dernières années. Un deuxième album, un deuxième album de reprises, des spectacles partout au Québec (et en France), un spectacle sur la scène principale des Francofolies, l’auteure-compositrice-interprète vit son rêve à fond.
J’ai pu lui parler au lendemain de la dernière représentation de Plamondon symphonique, une série de trois spectacles regroupant onze chanteuses canadiennes interprétant quelques-unes des chansons de Luc Plamondon. Le tout était présenté en version symphonique avec l’Orchestre symphonique de Montréal et Les Petits chanteurs de Laval.
Safia a accepté de nous parler de mentorat et de ces « grandes étapes » de la vie d’adulte qui se mettent sur notre route bien malgré nous.
On a pu te voir dans Camp Rock. On t’a invitée à y participer comme mentore. As-tu apprécié l’expérience?
J’ai vraiment aimé ça, c’était vraiment l’fun! J’adore les jeunes. Le futur est dans les jeunes. Je trouve que je communique vraiment mieux avec les kids. C’est juste plus simple. Pour te donner une idée, j’étais en spectacle avec d’autres artistes et l’OSM pour Plamondon symphonique et il y avait aussi Les Petits chanteurs de Laval. Oui, il y a des adultes dans la troupe, mais il y a aussi plusieurs ados et à la fin de la représentation, lors du salut, alors qu’on applaudissait l’orchestre, j’applaudissais les jeunes des Petits chanteurs. C’est venu tout seul, j’ai fini par faire des signes du devil aux kids. J’étais tellement contente pour eux! Des jeunes qui performent à la Maison symphonique, c’est malade!
Si on switch la situation. Aurais-tu aimé avoir un.e mentor.e plus jeune?
Ouais, vraiment! Ça aurait été tellement bénéfique dans ma vie, mais après ça, it’s too late, et j’suis très contente d’où je suis en ce moment. Puis je suis ce genre de personne qui est relativement rationnel. En ce sens où, c’est ça qui est ça, et c’est cette expérience du passé qui m’a forgée à être qui je suis aujourd’hui. Mais c’est sûr! Je pense que ça peut être vraiment bénéfique.
Et aujourd’hui? Ça te dirait d’avoir un.e mentor.e? Qui, mettons?
Oui, tout le temps! Il n’est jamais trop tard. Céline Dion!
Tu voulais faire quoi comme métier quand t’étais jeune?
Je voulais littéralement être chanteuse! Je dois dire que j’ai aussi eu une passe vétérinaire à un moment donné. T’sais, tous les kids ont déjà passé par vétérinaire, astronaute et chanteuse, haha! Je ne me souviens pas d’un moment durant lequel j’ai eu le déclic d’être chanteuse. Dans ma tête, je suis née et je voulais être chanteuse. Céline Dion et Britney Spears ont toujours été autour. Je capotais sur eux. Je voulais littéralement devenir comme elles. Bon, je suis pas encore comme elles, mais t’sais, pour la partie chanson, c’est fait!
Quotidiennement, comment deales-tu avec le stress qu’implique une carrière? Une vie d’adulte?
C’est vraiment bizarre parce que pour moi, c’est vraiment aléatoire. Je pense qu’il y a des aspects que je trouve super difficile, t’sais mettons, les attentes, la pression, la comparaison, etc. Tout ce que moi j’appelle de surnaturel, je trouve ça plus difficile. Parce que t’sais, l’attention et le regard constant sur ma vie, c’est quelque chose d’assez surnaturel… Mais il y a autre chose que je réussis bien, genre la gestion de l’argent, de la business qu’implique la vie d’artistes. Tout ça, je suis capable de gérer ça.
Mais la partie plus « flottante » de ce que le surnaturel représente, c’est vraiment aléatoire. C’est-à-dire que des fois je me sens super bien dans ma peau, pis je fonce, je me compare à personne et je sais ce que je veux. Mais il y a d’autres journées où je suis comme : « Oh, mon dieu, je suis tellement has been. Je dois partir au Mexique pour qu’on m’oublie. »
T’es devenue maman d’une p’tite golden retriever, dernièrement. Elle s’appelle Pizzaghetti. Tu disais vouloir attendre d’avoir une maison avant d’avoir des chiens. Est-ce que c’est encore vrai?
Non! Hahaha. En fait, ça me stresse d’acheter une maison et je ne veux pas acheter à Montréal parce que je trouve ça vraiment angoissant. Et ultimement, c’était ben beau tout ça, mais je ne savais pas vraiment où je voulais vivre.
Comment dire ça. Plusieurs de mes ami.e.s sont propriétaires et de la minute qu’ils le sont devenus, c’était vraiment stupide pour eux de payer un loyer. Et pour la majorité d’entre eux, ça ne fait pas de sens que je « gaspille » mon argent dans un loyer alors que j’avais l’argent pour m’acheter une maison. On me dit même que la maison devrait être ma prochaine étape, t’sais. C’est comme si l’achat de propriété était nécessaire pour accéder à la vie d’adulte. Je suis tellement pas d’accord! C’est pas juste ça, devenir un adulte! Ça coûte vraiment cher. Je veux le faire, je vais le faire, mais je vais prendre mon temps pour bien le faire justement.
À la place, je me suis acheté un camper van!Je m’essaie à la van life cet été! Yo, 28 ans. C’est le moment dans ma vie où je peux me permettre de le faire. Ça me tentait depuis longtemps et ça fait beaucoup plus de sens pour moi que de faire ça avant d’acheter d’une maison, t’sais!
Trouves-tu que les étapes qu’on devrait tous vivre dans nos vies sont de trop grosses pressions, justement?
Hey, mais tellement! Et même moi qui marche « à côté de la track » dans la société : « Je suis une artiste. Je suis une lesbienne, etc. » Ça m’affecte énormément par rapport au fait d’avoir des enfants, d’avoir une maison, etc. En fait ce qui me rend heureuse, en ce moment, et j’espère garder ça vraiment longtemps dans ma vie, c’est de m’en câlisser! C’est bizarre, parce que toutes ces pressions-là, personne ne nous les a jamais clairement imposées. Mais nous, en tant qu’humains, on se l’est imposé! Il n’y a rien de naturel là-dedans. L’instinct ne nous dicte pas de nous trouver un 9 à 5 pour ensuite avoir un enfant, puis un deuxième, un chien, deux voitures et finalement la banlieue. On le sait pas pourquoi, mais faut qu’on le fasse!
La question à 100$ : c’est quoi ton plus bel accomplissement?
Hey… Ayoye. Dans toute ma vie, genre? C’est une énorme question haha. Bon, je suis vraiment fière de ce que j’ai fait dans les dernières années. Je trouve que j’ai pu m’affranchir. Je suis vraiment fière de mon deuxième album. J’ai aussi fait un film que personne n’a regardé, mais ce film-là, j’en suis vraiment fière!
Mais si je peux y aller plus concrètement, mon moment le plus marquant de ma carrière, c’était vraiment les Francos, l’année passée, sur le stage. C’était un climax pour moi. Il y avait tellement de monde, c’était fou. C’est vraiment un moment dans ma vie où je me suis dit avoir franchi une étape, justement.