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La question à 100 $ avec Monia Chokri : actrice ou réalisatrice?

À l’occasion de la sortie du film « Babysitter », on a parlé de sa double vie professionnelle et de la mesure du succès.

Par
Billy Eff
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Trois ans après le succès de La femme de mon frère, son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Monia Chokri revient à la charge avec Babysitter. Dans ce deuxième film, dont la production a été entamée à l’été 2020, la cinéaste et actrice aborde les relations de pouvoir de manière touchante en empruntant aux codes de l’horreur et du fantastique.

Babysitter, adapté de la pièce du même nom écrite par Catherine Léger (scénariste de La déesse des mouches à feu) détonne quelque peu du premier film de Chokri, en révélant un monde un peu plus déluré, et résolument personnel.

Alors que le film sortait en salles le week-end dernier, nous avons attrapé Monia au téléphone. On lui a demandé ce que ça prend pour être une bonne patronne sur un plateau et si elle sentait une pression dans sa double job de réalisatrice et d’actrice.

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Allô Monia! Vous avez présenté le film à Montréal la semaine dernière et à Québec hier soir. Quelle est la réaction du public, à date?

C’était super, Québec c’est ma ville natale, alors c’était le fun. C’est un film qui est très personnel dans le propos, et même dans mes choix visuels. C’est cool parce que ça rejoint le public, c’est une belle prise de risques, et en général il est bien reçu. Mais c’est aussi un film qui polarise: soit les gens adorent, soit ils le détestent. Il n’y a pas de juste milieu, c’est pas médium, comme réaction!

Est-ce que les recettes au box-office sont encore une bonne mesure pour déterminer le succès d’un film?

Je crois qu’il va falloir qu’on redéfinisse notre manière de concevoir le succès au cinéma, parce que même si les gens ne vont plus en salle, le cinéma bouge vers d’autres plateformes. De toute façon, on est déjà en train de le voir, on consomme différemment. On regarde ça d’une autre manière.

Quelle est la plus grande leçon que vous avez tirée depuis votre première expérience de réalisatrice?

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Je ne sais pas si c’est une leçon, mais j’ai appris avec le temps qu’il faut jamais lâcher la drill, sur son projet.

« je suis quelqu’un de plutôt positif. Mais qui anticipe tous les scénarios! »

Même jusqu’à la toute fin, jusqu’au marketing, quand le film est presque fini et qu’on envoie les invitations des gens pour la première, il faut surveiller toutes les étapes. On doit pouvoir suivre ce qui arrive jusqu’à la fin, fin, fin! Ce n’est pas une question de contrôle, c’est une question d’être en phase avec tout ce qu’on fait, et avec son art, jusqu’au bout. Ça demande énormément d’énergie et de travail, mais c’est la seule manière de bien faire les choses, dans ce métier, il faut travailler vingt fois plus que tout le monde.

Pour le côté «patron», d’être réalisatrice, qu’est-ce que ça prend comme talent?

C’est vrai que ça prend un talent, et un certain leadership naturel, pour ne pas l’enfoncer dans la gorge des gens. Moi je crois beaucoup à mes équipes et à la collaboration. En même temps le leadership, c’est quelque chose qui ne se travaille pas, c’est une question de confiance en soi, de savoir gérer une équipe.

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À quel moment considérez-vous que vous avez make it?

Jamais je pense que je make it, c’est toujours à refaire. C’est drôle parce que Cronenberg présente un film cette année à Cannes. Il y a des gens que je connais qui l’ont vu et qui m’ont dit que c’était vraiment, vraiment nul. Reste à voir les critiques qui sortiront, mais je me suis dit que si même Cronenberg, qui est un réalisateur établi et avec une feuille de route importante pour le cinéma, doit faire face à ces critiques-là, c’est que c’est toujours à refaire.

« On dirait tout le temps que j’oublie que je joue dans le film. Ça ne m’intéressait pas, cette partie-là du film. »

Je ne suis pas fataliste, je pense toujours qu’il y a de l’espoir, je suis quelqu’un de plutôt positif. Mais qui anticipe tous les scénarios!

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La question à 100$: est-ce que ça complique ou ça simplifie les choses, d’être à la fois actrice et réalisatrice?

Les deux, je dirais. C’est plus compliqué pour certaines choses, comme l’organisation de ma journée, de manière très concrète, entre se faire maquiller, travailler sur l’éclairage sur scène, courir vers la coiffure.

On dirait tout le temps que j’oublie que je joue dans le film. Ça ne m’intéressait pas, cette partie-là du film. Je ne l’ai pas fait pour performer ou avoir un rôle, mais pour essayer de voir ce que c’était. C’est surtout ça qui m’intéressait, plus que de rayonner avec ce rôle-là. Mais c’est le fun comme exercice, en tout cas. Ça demande beaucoup, je ne crois pas que je vais le refaire, mais ce n’était pas inintéressant à faire!

Heureusement, j’avais une bonne équipe, ce qui a vraiment permis d’alléger la tâche. C’était plus simple pour le jeu, par contre, parce que je savais déjà ce que je voulais faire. Je n’avais pas à diriger, je me lance et c’est simple, parce que la communication entre réalisatrice et actrice se fait à l’intérieur de moi.

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