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La question à 100$ avec LaF : la famille qui n’est pas près de se séparer pour des projets solos
Voilà, c’est fait! Le sextuor montréalais LaF a lancé son premier album studio, intitulé Citadelle, vendredi dernier. Un peu plus de quatre années se sont écoulées depuis la formation du groupe en 2015 et, visiblement, les choses se passent plutôt bien depuis.
Formée des trois rappeurs Bkay, Mantisse et Jah Maaz, et des trois beatmakers BNJMN.LL0YD, BLVDR et Oclaz, la troupe poursuit son ascension (plutôt fulgurante) dans l’arène du rap queb. Après une victoire aux Francouvertes et un EP, Hôtel Délices, chaudement accueilli, LaF se démarque dans le paysage musical québécois.
Entre leurs jobs, leurs entrevues et leurs shows, j’ai pu attraper Jah Maaz, BLVDR et Bkay pour parler du « travail » que représente un sextuor en musique, de cash et de hustle dans une industrie de plus en plus difficile à percer.
Quel a été le premier montant que vous avez empoché en tant que rappeurs? C’était quand?
Jah Maaz : Le premier montant empoché comme rappeur devait être 50$ y a quatre ans et je saurais pas dire où.
BLVDR : Environ 50$ pour un beat au secondaire autour de 2013.
Bkay : Je me rappelle pas vraiment parce qu’au début tout le cash qu’on faisait on le réinvestissait dans des clips ou de la merch.
À six gars dans le collectif, gérez-vous LaF comme une business? Une équipe? Ça doit être plus facile depuis votre signature avec 7ième Ciel?
Jah Maaz : On gère ça comme une équipe depuis le début même s’il y a un côté business qui s’impose, on est soudés et sur la même longueur d’onde. En effet depuis que 7ième ciel est là, on est moins préoccupés par le côté investissement d’argent et on peut plus focus sur la création.
BLVDR : Une équipe d’humains avec des émotions avant tout et ensuite une équipe d’humains avec des portefeuilles. Effectivement le label aide à aller chercher des subventions pour la matérialisation de notre art.
Bkay : L’argent c’est littéralement la dernière des données qu’on deal avec. Avant tout c’est vraiment une équipe, make sure que tout le monde est soin et puisse créer dans des conditions optimales tant sur le plan émotif que technique. Et ouais s/o 7ième ciel, ils nous aident pas mal.
Qu’est-ce que ça prend pour passer de « faire des beats et des bars » entre chums à un projet musical à proprement parler, tout ça, sans perdre l’authenticité des chums qui s’amusent?
Jah Maaz : Ça prend une envie commune de se dépasser et de créer quelque chose de plus gros que soi, ça prend des sacrifices et de l’honnêteté afin que tout le monde continue à s’entendre au sein du groupe et que le rendu final soit fidèle à nous.
BLVDR : On fait encore des « beats et des bars » entre chums. C’est la perception des gens qui change avec l’approbation des grands médias et les cases dans lesquelles les grandes plateformes de l’industrie musicale veulent nous placer. En même temps, quand ton produit devient de plus en plus léché et se forge une identité sonore unique, je crois que c’est là que les gens commencent à parler de professionnalisme. Mais le plaisir de créer de manière authentique est toujours au rendez-vous pour nous et ça se fait naturellement.
Bkay : Une volonté artistique X je pense. Nous, c’était vraiment le fait de vouloir faire des albums de musique qui se tiennent qui nous a fait évoluer et changer notre approche au rap, j’ai l’impression. On est still des grands amateurs de kickage de bars sur instrus génériques.
Qu’est-ce qui est le plus important dans l’éthique de travail d’un artiste?
Jah Maaz : Le plus important c’est de s’amuser et d’aller hors de ses zones de confort afin d’évoluer.
BLVDR : Je dirais la discipline et l’innovation continuelle.
Bkay : Le juste milieu entre hard work et laisser-aller.
Qu’est-ce qui vous gosse dans « l’industrie de la musique »?
Jah Maaz : Perso pour moi c’est le côté corpo, les gens qui entendent parler de ton projet et qui t’en parlent sans s’y intéresser vraiment.
BLVDR : Les gens qui percent uniquement grâce à leurs contacts et non leurs œuvres.
Bkay : Le bien paraître et les cases prédéfinies dans lesquelles les gens te mettent.
Réussissez-vous à vivre de LaF?
Jah Maaz : En partie, ouais.
BLVDR : LaF c’est ce qui me garde en vie, oui!
Bkay : Ouais.
Quels sont vos side hustle?
Jah Maaz : Le service traiteur.
BLVDR : DJ sets à gauche et à droite.
Bkay : J’ai été busboy pendant un bout (un peu trop long bout) mais maintenant, j’suis all in sur LaF.
Qui est le plus cheap de la gang? Pourquoi?
Jah Maaz : Denis, il veut jamais passer la weed.
BLVDR : Pas encore rencontré…
Bkay : J’sais pas pour vrai. Le partage prime pas mal.
Qui est le plus dépensier de la gang? Pourquoi?
Jah Maaz : Denis, parce qu’il fume toute la weed.
BLVDR : Soit Mantisse ou moi en termes de gear, sinon Bkay dans le vin nature ou Lloyd dans les jouets.
Bkay : Belv’ et moi on est assez épicuriens, des fois c’est harsh. Sinon, Mantisse dans des guitares et des pédales.
La question à 100$ : pour combien ($$$) seriez-vous prêt à quitter le groupe pour partir un projet solo?
Jah Maaz : Je fais pas ça pour le cash.
BLVDR : Le net worth à Jeff Bezos.
Bkay : No thanks.