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La question à 100 $ avec FouKi : plus dur d’être rappeur ou acteur?
Il est parfois facile d’oublier que FouKi n’a que 25 ans. En un peu moins de cinq ans, le jeune artiste s’est taillé une place de choix dans le cœur des Québécois.es, et est fort probablement un des seuls rappeurs de la province à plaire à autant de générations.
Cette année, Fouki ajoute une autre corde à son arc. Il passe au petit écran pour un rôle dans la nouvelle série de Bruno Blanchet, La mélancolite. On l’a donc appelé pour jaser avec lui de cette transition vers le métier d’acteur, de gestion de temps et d’argent, et de sa meilleure dépense!
FouKi, peux-tu me parler un peu de La mélancolite?
Essentiellement, Guy [Jodoin] est déprimé, et Bruno revient au Québec pour essayer de le sortir de ça. Je joue le neveu de Guy, qui suit Bruno partout dans la province pour recueillir des témoignages d’amour pour remonter le moral de Guy. Bruno court, et moi, je le suis avec mon VR.
«C’est plus facile d’être moins bon dans une série humoristique, même que ça peut rendre le tout encore plus drôle!»
C’est vraiment drôle, c’est très absurde. J’ai enfin vu les épisodes complets, et je trippe! Les shots sont vraiment belles, ça m’a étonné comment c’est sorti. Ce n’est pas une série à gros budget, donc je suis content du résultat. Ça nous a pris environ un mois à filmer, en tout et partout.
Comment ça s’est passé, quand est-ce qu’on t’a approché pour le rôle?
C’est assez drôle comme histoire, en fait. Mon parrain est auteur, et il a aidé Bruno à écrire la série, vu qu’ils sont amis. On ne s’était jamais rencontré, Bruno et moi, mais il avait vu le clip de Gayé et avait aimé ça.
Il a écrit la série en basant le personnage sur le rôle que je joue dans le clip. À un moment, durant une réunion, mon parrain demande à Bruno quel jeune acteur il verrait jouer ce rôle. Bruno, qui vit en Thaïlande et n’est plus trop au fait, a dit : « Je sais pas, mais je l’ai pensé en voyant un gars sur YouTube, FouKi! »
Mon oncle est parti à rire et lui a révélé que j’étais son neveu. Il pensait pas m’avoir moi, mais il a réussi!
C’était comment, de travailler avec Bruno Blanchet?
Sérieux, je l’adore, c’est vraiment un bon papy! Il est resté young, c’est ça, le plus beau, je pense. C’est devenu un ami, comme si c’était n’importe quel autre chummy de mon âge, il n’y a pas cette barrière générationnelle. Et jouer avec, c’était fou, parce qu’il pense à tellement de choses. Il joue plein de personnages différents, mais en plus, il réfléchit à la lumière, au son, à tous ces détails-là. Il court à gauche et à droite, c’est un vrai professionnel, tout en restant très drôle et friendly. J’essaie de faire la même chose dans la musique, justement : être juste assez drôle dans mes textes, mais rester sérieux quand même.
Est-ce que tu t’attendais à jouer, un jour?
Oui, j’ai toujours voulu essayer. Je ne sais pas si c’est ce que j’ai envie de faire de ma vie, mais c’est une belle expérience. Le fait de jouer, c’était pas si pire, j’ai essayé de garder ça naturel. J’ai déjà fait de l’impro et du théâtre, aussi, quand j’étais plus jeune. Donc je ne voulais pas surjouer, parce que je ne suis pas non plus un professionnel. Le plus dur, c’était d’apprendre mes textes sans musique. Je suis habitué de pratiquer mes paroles et de les apprendre avec un beat. J’ai dû m’adapter un peu, ça prend plus de temps. Alors je me suis créé mes propres mélodies, mon propre rythme.
Des trucs comme ça, un peu humoristiques, on s’amuse tellement sur les tournages, c’est sûr que ça donne le goût. Les choses dramatiques, c’est un peu moins mon vibe. Je ne serais pas du genre à faire cinq films en même temps. Si je continue à jouer, ça sera pour une saison 2 de Mélancolite, ou un autre truc humoristique.
Beaucoup de rappeurs ont essayé de devenir acteurs, avec des succès variés. Est-ce que tu as eu peur, quand tu as accepté le rôle?
Un peu, c’est certain, mais ce n’est pas comme si je quittais tout pour devenir acteur, c’est juste un side project, quelque chose que je fais pour le fun. Je m’inscris aussi bien dans la série dans laquelle je suis, c’est pas comme, par exemple, Yes McCann dans Fugueuse, où il fait du vrai acting intense. C’est plus facile d’être moins bon dans une série humoristique, même que ça peut rendre le tout encore plus drôle! Pour faire une série sérieuse, il faut vraiment que tu sois bon, à la Léonardo di Caprio.
Avoir eu du succès assez jeune dans un domaine qui te plaît, crois-tu que ça a eu une influence sur ta manière de concevoir le travail et l’argent?
C’est sûr! Quand j’ai commencé, je travaillais 30 heures par semaine à la pizzéria pour faire de l’argent, mais je faisais du rap toutes les autres heures de la semaine!
«L’immobilier m’intéresse, même si c’est chiant être proprio de plein de buildings.»
Si le rap n’avait pas payé, je serais probablement encore en train de travailler là-bas, je me serais donné encore quelques années. Mais si, à disons 30 ans, j’étais toujours en train de travailler, j’aurais fini par me trouver un autre hobby! Donc je me considère très chanceux de pouvoir vivre de ce que je fais.
Quel est le meilleur conseil financier que tu as reçu en début de carrière?
De ne pas abuser dans les dépenses, c’est pas mal le meilleur que j’ai gardé!
Tu peux aller au spectacle en limousine, comme tu peux y aller en Dodge, peu importe. Tout dépend des dépenses que tu vas faire. Elles peuvent être de luxe, ou raisonnables. Je connais des gars qui n’ont pas d’argent aujourd’hui, parce qu’ils ont mal joué leurs cartes.
Je ne suis pas quelqu’un qui achète trop non plus, mais je ne dirais pas que je suis prudent. J’aime les shoes, mais je vais pas m’acheter une nouvelle paire chaque semaine. Je connais des gens qui le font. Moi, quand j’achète quelque chose, c’est souvent parce que je suis écoeuré de pas l’avoir!
Quelle a été ta meilleure dépense?
Mon duplex! On l’a acheté en 2020, avec ma famille. L’immobilier m’intéresse, même si c’est chiant être proprio de plein de buildings. Faut que tu t’occupes des gens, des logements, ç’a l’air intense. Mais je trouve ça le fun, le côté immobilier, l’architecture. Justement, on fait des rénos en ce moment, et je mets la main à la pasta, j’aime ça.
Question à 100 $ : qu’est-ce qui est plus difficile, être rappeur ou acteur?
J’ai pas assez testé le métier d’acteur! (rires)
Honnêtement, la série, j’ai trouvé ça assez facile, parce que je n’avais pas à pleurer ou crier ou quoi que ce soit. Je pourrais le faire aussi, mais c’est pas nécessairement quelque chose dont j’ai envie. Les deux métiers sont assez durs. Mais ça m’a pris plus longtemps être bon à faire du rap que d’être bon à jouer, donc je dirais le rap! Et dans 15 ans, vous me trouverez autant à l’écran que sur CD.