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La question à 100$ avec Alexandre Champagne : comment gérer sa relation avec les likes sur les réseaux sociaux?

Quand l'obsessif devient problématique.

Par
Alexandre Perras
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Le photographe Alexandre Champagne annonçait la semaine dernière qu’il fermait son studio de photographie et qu’il allait mettre sur pied une nouvelle fondation : le Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (CIEL).

L’idée derrière le projet? Outiller les adolescents afin de les aider à mieux comprendre leur utilisation des réseaux sociaux. Le projet sera composé « d’un observatoire, d’une fondation ainsi que d’un centre d’éducation » qui permettront de concrétiser l’idée du photographe.

Trippant sur les projets d’entrepreneuriat (et de vie!), on a dérangé Alexandre alors qui travaillait sur ses impôts de l’année pour discuter de ce nouveau chapitre.

Tu dis avoir réfléchi au projet depuis un an et demi environ, mais d’où part le concept de CIEL? Qu’est-ce qui t’a poussé à concrétiser la chose?

J’ai réfléchi à cette affaire-là depuis mai 2017 environ. Ça fait longtemps que j’utilise les réseaux sociaux pour faire des levées de fonds, partager la visibilité que j’ai avec des causes qui en ont besoin et qui me tiennent à coeur… Et la vie a été bonne avec moi dans les dernières années, autant au niveau moral que financier. Puis à un moment donné, j’ai graduellement réalisé que ma capacité d’aide a été décuplée par ces éléments-là justement.

« Vous n’êtes pas ici pour apprendre à avoir des likes, vous n’êtes pas ici pour apprendre à avoir des gens qui vous suivent. »

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En quittant Trois fois par jour, j’ai ouvert mon studio et j’ai commencé les ateliers de photo. Graduellement, j’ai réalisé la portée que mes cours pouvaient avoir sur des gens. J’ai toujours commencé mes séances en disant : « Vous n’êtes pas ici pour apprendre à avoir des likes, vous n’êtes pas ici pour apprendre à avoir des gens qui vous suivent. » Et dès que je le disais, les gens semblaient mieux. C’était comme si ça enlevait cette pression supplémentaire qu’il faut plaire et performer sur les réseaux sociaux au travers de l’image qu’on diffuse. T’sais, on a comme exacerbé nos vices à travers les plateformes de réseaux sociaux qui sont, pour moi, des outils extrêmement puissants et nécessaires à la bonne évolution de toute personne qui s’en sert adéquatement. D’où l’idée de partir une fondation qui allait munir les adolescents de moyens pour se défendre contre ce qui peut être projeté avec les réseaux sociaux.

Pour rendre la chose possible et te consacrer à 100% à ce projet, tu mentionnes avoir tout vendu (ou presque). Il y avait certainement des considérations financières pour la fondation, mais tu parles aussi de ton ego. Peux-tu élaborer un peu? Est-ce que ta relation aux objets était devenue too much et malsaine?

Too much, oui. Malsaine, certainement. J’ai vendu toutes mes affaires. J’ai vendu ma Tesla, ma BMW, une de mes deux motos et un paquet de caméras que j’avais. Toutes des choses qui ne servaient absolument à rien, qui faisaient plaisir à mon ego et qui me causaient du stress supplémentaire. Maintenant, je me contente de ma voiture et de mon petit condo et j’suis full content. J’ai de la nourriture que je peux mettre sur ma table à tous les soirs, je m’habille une fois par six mois chez Simons avec des t-shirts à 10$ puis je m’achète deux paires de pantalons par année et j’suis ben correct.

J’ai réalisé que d’avoir une Tesla, une BMW et deux motos à 34 ans, pis que ça me coûtait pas loin de sept fois plus cher en véhicules qu’en hypothèque, c’était une idée de marde.

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S’il y en a qui ont des voitures à trois millions de dollars, tant mieux, ça ne me dérange pas du tout. Reste que pour moi, j’ai réalisé que d’avoir une Tesla, une BMW et deux motos à 34 ans, pis que ça me coûtait pas loin de sept fois plus cher en véhicules qu’en hypothèque, c’était une idée de marde. Surtout à 34 ans. Alors que je ne sais pas ce qui peut m’arriver demain, pis même si oui, je suis à l’aise financièrement, ça veut pas dire que je suis protégé pour la vie.

Aurais-tu quelques conseils pour tous celles et ceux qui rêvent de faire un 180 degrés avec leur vie, mais qui doutent et qui sont trop effrayé.e.s de se planter?

T’sais sans non plus être un grand sage qui a des années d’expérience, je dirais que la meilleure chose que tu peux comprendre dans la vie c’est que t’es responsable à 100% de tout ce qui t’arrive. Il y a deux sortes d’épreuves dans la vie, il y a celles que tu te crées et celles qui t’arrivent. Là je ne parle pas de maladie, de catastrophe naturelle, de maladies mentales et autres. Je dis que, si tu es dans une bonne position présentement, je pense que c’est important d’assumer 100% de ses responsabilités. Il n’y a personne qui va le faire pour toi! Plus j’étais déconnecté de la réalité en n’assumant pas mes responsabilités, moins j’étais heureux et plus j’étais angoissé et anxieux.

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C’est aussi hyper important de prendre le temps de choisir les personnes qui nous entourent. C’est important de se fier à son instinct. Tout le monde va émettre son commentaire. Il faut que tu en prennes puis tu en laisses, mais il faut s’écouter! Accepte les choix que tu fais! T’sais, chaque matin depuis lundi passé, je refais le choix de m’embarquer dans l’aventure de CIEL. Il y a même un matin cette semaine où j’étais comme : « Ah fuck it. Ça ne marchera pas, c’est trop gros! », mais non. Je dois refaire le choix et en assumer les conséquences!

La question à 100$ : aujourd’hui, comment deales-tu avec ta relation au « fame » et aux likes sur les réseaux sociaux?

Je te dirais que je deale avec ça au jour le jour. J’essaie d’évaluer quotidiennement ce que je fais à mesure que je le fais. C’est un beau laboratoire en fait. T’sais j’ai cette chance-là justement, alors raison de plus d’essayer de comprendre c’est quoi la patente!

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C’est quelque chose d’assez spécial d’avoir autant d’attention. Ça m’a fucké pendant vraiment longtemps, mais en même temps j’en ai tiré profit beaucoup. Faque je peux pas dire que c’est bon ou pas bon, moi je pense que l’abondance de quelque chose doit devenir un levier pour autre chose. Moi, avoir des likes je m’en calisse comme dans l’an 40. D’un autre côté, pour tout être humain, c’est l’fun de sentir que ce qu’on fait est apprécié. Mais après ça, c’est à nous d’aller voir ce qui fait qu’on veut avoir des likes justement. Quand ça devient obsessif, il y a un problème. Il faut que tu aies quelque chose à apporter sur la table, du moins, plus que de strictement carburer aux likes.