La Place 0-5 sera bientôt remplacée par un autre portail. Voici tout ce que vous devez savoir

Comme bien des nouveaux parents, j’ai inscrit ma fille sur La Place 0-5 environ 0,05 milliseconde après que le test de grossesse ait affiché « positif ». Malgré tout, les places tant convoitées dans les CPE demeurent hors de ma portée et le fonctionnement de cette plateforme semble être un mystère qui rivalise avec celui de la Caramilk.

Alors que le gouvernement annonce un grand virage pour la distribution des places dans les garderies subventionnées, j’ai décidé d’aller à la source en posant mes questions à Carl Renaud, sous-ministre adjoint au ministère de la Famille.

Renaud me le dit d’emblée, « ce sera un gros changement de culture ». Le processus devrait devenir plus simple, plus équitable et plus transparent. À titre d’exemple, il cite que les parents devront attendre que leur enfant soit né avant de pouvoir l’inscrire sur le portail. « Plutôt que de calculer l’ancienneté sur la liste d’attente, l’attribution des places se fera en fonction de la date d’entrée souhaitée ».

Attention, ce processus vise uniquement les places en CPE et en garderie subventionnés. Les garderies privées peuvent utiliser la plateforme, mais elles ne sont pas obligées de suivre la liste et il en va de même pour celles en milieu familial. Ces dernières, bien qu’également subventionnées, comblent leur place elles-mêmes et décident quels enfants elles admettent.

« Au moment où le système recommande un enfant à un service de garde, le parent reçoit automatiquement la même notification », m’explique le sous-ministre. Les installations n’auront plus accès à la liste, alors il sera impossible de faire passer un enfant avant un autre juste parce que le parent a l’air sympathique ou qu’il se présente au CPE au bon moment.

Les parents, toutefois, pourront voir un indicateur dudit rang qui sera mis à jour tous les mois. Eh oui, on pourra bientôt savoir si on peut espérer une place en CPE ou s’il nous faudra sortir un REER pour la garderie privée Reggio Emilia où les enfants font des siestes dehors comme dans les glorieux pays scandinaves.

« Au niveau des politiques d’admission, on a une réglementation qui est harmonisée », explique M. Renaud. Les places sont d’abord attribuées en fonction de cinq critères d’ordonnancement (enfant d’un employé de l’installation, fratrie, enfant qui n’occupe pas une autre place subventionnée, etc.). Ensuite, chaque installation a le droit de consacrer jusqu’à 50 % de ses admissions annuelles pour des priorités prédéterminées : besoins particuliers, familles du quartier, familles d’un employeur donné, précarité socio-économique, etc.

Lorsqu’une place se libère, le système recommandera automatiquement les enfants selon les priorités établies et les cinq critères d’ordonnancement. Parmi les enfants référés, celui qui attend depuis le plus longtemps aura la place en premier.

« Les parents pourront savoir si un service de garde en question réserve des places selon certaines priorités en accédant à sa fiche », précise le sous-ministre.

Découvrez les critères détaillés ici.

En gros, la réponse à cette question est oui.

Renaud m’explique qu’il n’y a pas de maximum d’inscription sur les listes de services de garde. On peut donc inscrire les enfants dans des services de différents quartiers ou régions. « Cela dit, l’enfant qui a déjà une place subventionnée n’a pas la même priorité qu’un enfant qui n’est pas placé dans la région visée ». Donc, si votre enfant fréquente un CPE à Montréal, mais que vous souhaitez déménager à Laval, il peut être inscrit sur les listes, mais ne passera pas devant les enfants qui sont dans des garderies privées et qui espèrent un CPE.

Dès que M. Renaud m’a parlé des places en fonction de la date d’entrée souhaitée, je lui ai posé la question : j’ai donc seulement à mettre une date d’entrée rapprochée de la naissance pour faire en sorte que mon enfant soit plus loin sur la liste? Qu’est-ce qui va empêcher les parents de faire pareil? « La décision d’utiliser la date d’entrée est pour rendre le processus plus équitable. Si le portail recommande votre enfant pour une place et que vous la refusez parce qu’il est trop jeune, il sera retiré de la liste du service de garde en question. Vous pourrez évidemment le réinscrire, mais il aura perdu son ancienneté. »

Alors, parents, ne tentez pas ce stratagème, à moins d’être prêts à envoyer votre enfant à temps plein à la garderie à un très jeune âge, car il pourrait bien vous coûter une place de rêve.

Alors, qu’avons-nous à faire en tant que parents avant ce fameux virage? M. Renaud recommande à tous de mettre à jour les données dans Place 0-5, puisque celles-ci seront transférées sur le nouveau portail. « On invite les parents à se créer un identifiant au service d’authentification gouvernementale et à consulter régulièrement leurs courriels », précise-t-il.

Sur papier, le changement semble encourageant, mais reste que le nouveau portail ne s’attaque pas au principal problème souligné par les parents : le nombre de places disponibles. Ceci dit, Carl Renaud nous enjoint à ne pas perdre espoir. « Depuis 2021, des milliers de places ont été créées, d’autres ont été converties (de non subventionnées à subventionnées) et plus de 14 000 places sont en voie de l’être. »

Alors, tenez bon, les parents! Peut-être qu’un jour, nos petits-enfants auront tous des places dans des services de garde de rêve avec des éducatrices rémunérées à leur juste valeur.

Pardonnez mon cynisme momentané, étant enceinte d’un bébé qui naîtra après l’apparition du nouveau portail, j’ai sincèrement hâte de voir le changement sur le terrain.

Beaucoup d’infos à retenir? Consultez régulièrement le site web du gouvernement.