La masturbation au travail: tabou ou outil de productivité?

C’est bientôt la fin du télétravail généralisé, et vous savez ce que ça veut dire: terminé la procrasti-masturbation, ces petites pauses crapuleuses que vous vous accordiez au milieu de votre 9 à 5 à la maison (après avoir vérifié 50 fois que Zoom était bien fermé).

Sauf que pour certain.e.s, le retour au bureau ne sonnera pas forcément le glas de la masturbation au travail. Selon le magazine Time Out, ce sont carrément 39% de vos collègues qui se tripotent en cachette, par excitation du tabou ou pour se soulager du stress. Combien se lavent les mains avant de les enfourner dans la boîte de beignes commune de la salle de conférence? Le sondage ne le dit malheureusement pas…

On a voulu mener notre propre sondage maison au bureau d’URBANIA, mais personne n’a accepté de se prononcer sur la question à visage découvert. Et dans le fond, tant mieux. La masturbation est une activité saine et on est très contents pour tout le monde qui la pratique, mais on n’a pas besoin de savoir ni qui, ni où, ni comment. Ce que Dominique-du-marketing fait sur son heure de dîner, ne regarde que Dominique-du-marketing.

Savoir que 39% des gens se masturbent au bureau, ça a quand même de quoi rendre parano. Ces collègues qui poussent la porte du petit coin, quelles sont leurs intentions? Suis-je en train de ruiner l’orgasme de quelqu’un avec mon numéro deux? Qui trouve le travail sexy, alors que moi, je n’ai qu’une envie, c’est que 17h arrive?

En 2016, la compagnie de jouets sexuels Hot Octopus avait créé un coup publicitaire sous la forme de «GuyFi», un salon mobile de masturbation supposé soulager les businessmen de New York, parmi lesquels 80% souffriraient de stress et pour qui une petite crossette aurait le don de remettre au calme. Mais il n’y a pas que les businessmen qui en ont besoin. Selon la magazine Marie Claire, 44% des businesswomen se seraient déjà adonnées au plaisir solitaire au travail.

Et selon les témoignages récoltés par Cosmopolitan, cela concerne toutes les catégories de travailleurs et travailleuses, que ce soit dans les gyms, les entrepôts, les open spaces et les bureaux de direction.

C’est prouvé, la masturbation entraîne la production d’endorphines par le cerveau, une hormone bienfaisante qui diminue le stress, augmente le bien-être, améliore la confiance en soi, et toute une tripotée d’autres effets positifs pour le corps et l’esprit. En fait, c’est véritablement une alternative santé à la pause-clope qui relaxe celui qui la prend autant qu’elle empuantit l’espace de celui qui ne la prend pas.

Mais est-ce assez utile au travail pour qu’on ne puisse pas attendre de rentrer chez nous pour le faire confortablement dans notre lit? Selon le personnage interprété par Matthew McConaughey dans Le Loup de Wall Street: oui.

La power masturbation comme outil de productivité, c’est le genre de légende urbaine qu’on croit venir tout droit des génies de la Silicon Valley, un outil de productivité et de self-improvement révolutionnaire, comme le microdosage de LSD, les bains glacés de Wim Hof ou la méthode Pomodoro.

Or, un rédacteur et une rédactrice du site britannique de nouvelles Metro ont fait l’expérience de se masturber au bureau pendant une semaine et les résultats furent plutôt mitigés. Outre l’inconfort, les mauvaises odeurs, l’embarras et la difficulté à jouir dans un environnement hostile comme une salle de bain publique, les effets sur la productivité ne semblaient pas plus probants que ça. Au contraire, la rédactrice déclarait avoir bien plus envie de spooner et de boire un petit verre de vin, plutôt que de retourner à ses documents Word.

Question importante: est-ce qu’on a le droit de se masturber au bureau? Eh bien c’est simple, aucune loi du travail ne peut régir ce que vous faites dans l’intimité de votre cabine de toilettes. Mais votre liberté de vous secouer le sapin sur votre temps rémunéré s’arrête là où commence celle des autres.

En 2019, un employé d’Halifax a perdu son emploi parce que, malgré les avertissements malaisés des ressources humaines, ça faisait deux ans que tout le monde l’entendait faire marcher son petit moulin dans les toilettes. Lorsque l’employé a essayé de contrer son licenciement, avec l’aide de son syndicat, l’arbitre chargé de trancher sur le sujet a été clair: la masturbation n’a rien d’illégal et la toilette peut être considérée comme un espace privé. Par contre, imposer des bruits et des gémissements qui indiquent à ses collègues que quelqu’un est en train de s’adonner à un acte sexuel dans leur proximité immédiate, c’est inacceptable.

Conclusion: masturbez-vous si ça vous tente, mais uniquement si vous êtes capables de faire ça dans une discrétion absolue. Le consentement, c’est important en toutes circonstances.