Nous sommes une famille montréalaise plutôt sympathique, ayant décidé de tout sacrer là pour faire le tour de l’Asie durant environ sept mois. Nous ne sommes pas des hippies (sauf ma blonde qui porte encore des bijoux en bois), ni des gens riches, nous avons seulement décrété que ce projet supplantait en importance tous les autres. Voici le récit de notre voyage.
«Concentrate on yourrrr breathing…inhaaaaaaalllle slowwwwly….exhaaaaaalllleeeee deeppply…»
Assis en lotus au lever du soleil, j’ai du mal à suivre ces consignes, apparemment toutes simples. Je peine à reprendre mon souffle depuis l’estie de posture de l’arc. On m’a toujours dit que le yoga était relaxe. On m’a menti.
Je combats les fous rires chaque fois que le sensei Parmod (c’est son prénom) pousse quelques «oms» mystiques entre deux étirements. J’ouvre les yeux pour chasser la colonie de fourmis qui a décidé que mon tapis (emprunté) était la nouvelle place tendance dans le hood.
La vue est à couper le souffle de toute façon, alors mieux vaut garder les yeux ouverts. À quelques mètres s’étendent la mer et les hautes falaises en pierres rouges de Varkala. Notre dojo à ciel ouvert (je connais fuck all au yoga, mais un peu les arts martiaux) est improvisé sur un promontoire rocheux sous les palmiers, où s’excitent des oiseaux multicolores.
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Je ris un peu dans ma barbe rasée (j’y reviendrai) à l’idée de vivre ici mon baptême yogi, vingt ans après tout le monde. C’est comme fumer son premier joint à 40 ans au Burning man ou faire son premier saut en parachute en tandem avec Guillaume Lemay-Thivierge.
Mais bon, l’expérience ne m’aura pas convaincu de remplacer le karaoké comme nouvelle dépendance ni de ne pas juger quiconque emploie non-ironiquement le mot «namaste» hors des limites géographiques indiennes.
Deux constats sinon : je ne suis pas flexible et impossible de ne penser à rien. Quand le coach nous demandait de «frrrrreee your mind», moi je repensais au rêve étrange que je venais de faire, dans lequel Sébastien Benoit (?!) me vantait les mérites de son nouveau presse-ail. Sérieux.
Je méditais sinon sur le temps qui passe trop vite. Environ cinq semaines qu’on a quitté Montréal et j’angoisse déjà à l’idée de revenir changer mon char de bord de rue les lundis et jeudis.
Quand le coach nous demandait de «frrrrreee your mind», moi je repensais au rêve étrange que je venais de faire, dans lequel Sébastien Benoit (?!) me vantait les mérites de son nouveau presse-ail. Sérieux.
Bon ok, ce n’est même pas moi qui fait ça d’habitude, c’est mon père, qui habite au-dessus de chez nous. D’ailleurs, mes parents ne voudront jamais qu’on revienne, puisque Kellie, la fille qui habite notre logement «en attendant», aurait apparemment pelleté les escaliers de mes parents. Deux fois. Je sais reconnaître quelqu’un qui a un œil sur mon héritage.
Anyway, pas certain qu’on a envie de rentrer un jour, avec toutes les nouvelles terribles qui se rendent à nos oreilles.
Louis-José et Magalie séparés.
N’importe qui d’autres ça passe, même Judy et Yvon ou encore les deux cute de Don Juan qui sortent ensemble depuis leur deuxième année, mais Louigalie…esti.
Par solidarité, j’ai envoyé une lanterne en feu dans le ciel pendant une Puja.
Varkala donc. L’expression «petit paradis terrestre» ne doit pas se sentir la saveur du mois au panthéon des clichés tropicaux, mais il faut nommer un shah un shah. Les vagues étaient ÉNORMES, notre chambre était un bijou, la bouffe goûtait le ciel et les enfants étaient aux anges.
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Je ne maitrise pas encore la fonction «saturation» sur Instagram.
Résultat : on s’est accroché les pieds plus longtemps que prévu, ce qui fait que je n’ai pas grand-chose à vous raconter.
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Pis les nouveaux Passe-Partout?
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Ah oui, on s’est fait des amis!
Des compatriotes en plus, avec qui on a vécu une semaine magique. Gabrielle et sa fille Raphaëlle vivent à Chambly, mais c’est à peu près leur seul défaut. On a vraiment bondé rapidement. Les enfants ont fusionné, ce qui nous a donné un break et du temps pour virer notre première brosse (deux grosses Kingfisher et un Sex on the beach).
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Parenthèse: on avait croisé par hasard Gabrielle et Raphou (le surnom n’est pas de moi et je suis d’ailleurs contre) la semaine d’avant à Kochi, une autre ville du Kerala.
Quelques mots sur Kochi tant qu’à faire. On a passé cinq jours dans une portion franchement mignonne de la ville, nommée Fort Kochi.
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D’abord presque tout est accessible à la marche ou à moins de 50 roupies (1$) de touk-touk. Nous avons longé le front de mer pour observer les carrelets chinois, LA chose à voir à Kochi. Et c’est franchement impressionnant de voir les pêcheurs maintenir en vie cette technique ancestrale, héritée des explorateurs chinois il y a plusieurs siècles.
Bon, on s’est fait prendre comme des poissons (ho-ho) en acceptant de lever l’immense filet en famille. En échange de cette expérience, le pêcheur voulait de l’argent pour l’aider à nourrir les cinq familles à son service. On est touristes ou on ne l’est pas.
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C’est d’ailleurs pour ça qu’on s’est aussi tapé la fameuse ballade en pirogue dans les backwaters, un réseau de lagunes et lacs parallèles à la mer, qui font l’orgueil du Kerala. Ça me tentait moyen, mais ça aurait été comme visiter Paris sans la tour Eiffel ou Granby sans la cantine Chez Ben on s’bourre la bedaine.
La première partie était jolie, à flotter doucement dans un dédale étroit de canaux et témoigner en chemin de la vie rudimentaire des gens habitants des bicoques au bord de l’eau. L’eau sur laquelle on pagayait était par contre tellement polluée que ça enlevait du charme à l’expérience.
Les choses se sont gâtées en après-midi, où on devait survivre à une interminable ballade en genre de gros ponton, où un monsieur frêle s’échinait à faire avancer le bateau avec un long bambou.
C’était pas si mal au final, mais comme tous les guides de voyage parlent presque des Backwaters comme la chose à voir avant de mourir, j’avais peut-être juste mis la barre trop haut. J’avais vécu la même chose en allant voir Les invasions barbares.
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Pas aussi glamour que les gondoles de Venise…
De retour à Varkala.
On était tellement rendus amis avec Gabrielle et sa Raph (mieux), qu’on a sollicité la première comme vérificatrice de poux, notre nouveau fléau.
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Chasseuse de têtes.
Non, ce n’est jamais amusant avoir des poux, mais ça l’est encore moins en Inde, où les produits vendus en «pharmacie» ont l’air d’avoir été fabriqués par le chaman local.
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Bref, la guerre fait rage depuis une grosse semaine et jusqu’ici les poux mènent 3-0. Oui, parce que je suis le seul épargné. Ils ne sont pas cons les poux. Ils préfèrent fonder une famille dans la luxuriante tignasse de Martine plutôt que dans le désert de mon crâne dégarni.
C’est pourquoi Martine, qui fait une obsession de tout ça, a coupé les cheveux de tout le monde. J’ai rasé ma barbe par empathie.
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Nouveau look!
Un pharmacien nous a aussi prescrit un shampoing ayurvédique miracle qui pue et jusqu’ici (je touche du bois), il marche!
Parlant d’ayurvédique, le Kerala est réputé pour ses traitements inspirés de cette médecine traditionnelle indienne, reposant sur l’harmonie entre le corps et l’esprit.
J’en ai donc profité pour me faire faire un massage. C’est du sérieux. Un médecin est même venu me passer un questionnaire pour savoir ce que je souhaitais guérir.
L’Inde du Sud s’est avérée paisible, au ralenti, comme si l’écrasante chaleur assommait tout le monde en permanence.
À court de bobos, je lui ai dit que j’étais assez stressé en général. Il a griffonné l’information sur sa feuille. Une heure plus tard, un massothérapeute prénommé «Joy» me versait de l’huile chaude partout sur le corps comme si j’étais un participant de la course au cochon graissé du festival de Saint-Perpétue. J’ajouterais que Joy est l’être humain qui a passé le plus de temps à me taponner les fesses depuis Marie-Josée en secondaire quatre.
J’écris ces lignes de Trivandrum, encore plus au sud. L’Inde achève, après une ultime escale à Madurai. Ensuite, le Sri Lanka.
L’Inde du Sud s’est avérée paisible, au ralenti, comme si l’écrasante chaleur assommait tout le monde en permanence.
Le Sud semble s’en sortir mieux que le Nord aussi. Les gens sont plus aisés, les autos sont plus belles, les trottoirs sont plus propres, les autoroutes se construisent, les maisons sont plus spacieuses et les chauffeurs de touk-touk ont des meters.
Il y a même ici un gros centre d’achats tout neuf et populaire auprès de la jeunesse branchée, aussi chic que le Carrefour Laval.
Dans un des magasins électroniques, une statue de Ganesh trônait au milieu des nouveaux iPhone. Au cinéma où nous sommes allés rien comprendre d’un film indien, tous les spectateurs se sont levés d’un bon pour l’hymne national avant la représentation.
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C’est tout ça que je retiens de notre passage en Inde: une volonté de conserver les traditions tout en fonçant tête baissée dans la modernité.
Quant à nous, on a aussi pris un peu d’expérience de voyage. Victor n’hésite pas baragouiner en anglais avec tout le monde, Martine gère les affaires plates, mais essentielles, moi je suis un pas pire négociateur et Simone, notre mascotte, représente bien les French Canadians.
On était une famille, on est rendus aussi une équipe.
Ah oui, on a un blogue écrit surtout par nos enfants, ce qui est SUPER MIGNON.
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