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La fois où on a voulu construire un rond de feu flottant
Je fais partie de ceux et celles qui ont une passion pour les feux de camp. Heureusement pour moi, je suis entouré de personnes qui partagent cet engouement. Depuis plus d’une décennie, ce sont les braises (et la Labatt 50) qui unissent mon groupe d’amis. Que ce soit pour brûler des sapins de Noël défraîchis, flamber des notes de cours, ou réchauffer un spa maison : toutes les raisons sont bonnes pour alimenter le feu.
Maintenant que vous êtes attendri.e.s par ce plaidoyer touchant sur notre amitié, laissez-moi vous raconter la fois où on a construit un radeau chambranlant avec un plancher en gazon synthétique dans le seul objectif d’y faire des feux. Aussi saugrenu que ça puisse paraître, c’est bel et bien arrivé.
La construction
En tout, pas moins de 750 $ ont été investis dans ce projet. Dès lors, je dois vous avouer que le ROI (retour sur investissement) a été très faible. Nous n’avons utilisé le radeau qu’une seule fois.
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Le plan, c’était de construire un hexagone géant. Chaque côté devait avoir une longueur de 1 m 20, ce qui, selon nous, offrirait assez d’espace pour six passagers sur notre chic embarcation. Nous avons, en fait, construit deux demi-hexagones à joindre postérieurement pour que ce soit plus facile à déplacer. Le sol était en contre-plaqué.
Nous sommes des gens fiers. Nous ne pouvions pas nous pavaner avec un plancher en contreplaqué. Nous avons donc opté pour un gazon synthétique très classe.
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Ce n’est pas tout d’avoir une structure et un plancher vert, il faut qu’il puisse flotter. Ce sont des barils étanches, faits pour les randonnées de canot-camping, qui ont fait le travail. La quantité de barils à acheter était très élevée. Mon ami a donc contacté un fournisseur de magasins de plein air (une telle quantité étant introuvable en magasin). Quinze barils et 250 $ plus tard, nous pouvions flotter!
P.-S. – Si jamais vous organisez une expédition en canot, contactez-nous avant d’acheter des barils. Il nous en reste. On va vous faire un bon prix.
On m’a rappelé la semaine dernière que je n’avais jamais remboursé ma part pour les barils. Oups.
Écrasé par le monstre
Nous avons découvert à quel point notre embarcation était lourde au moment où il a fallu la déplacer. Nous l’avons placée sur le dos pour coller les deux sections de l’hexagone et y attacher les barils. Il fallait la retourner en toute délicatesse pour qu’elle atterrisse en douceur dans l’eau.
Nous étions quatre pour la mise à l’eau. Nous nous sommes mis deux de chaque côté. Les premiers devaient soulever l’embarcation à 90 degrés et les seconds, les pieds dans l’eau, devaient l’intercepter et la déposer. Je faisais partie du deuxième groupe avec un joueur de football de 6’4. Quant à moi, je suis chétif et je mesure 5’8 (5’9 quand j’ai le torse bombé). Inutile de dire que mon rôle était accessoire. « Le sapin de Noël », comme dirait Karine d’OD.
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Cependant, le premier groupe n’arrivait pas à lever le navire à 90 degrés. Ça vous donne une idée du poids. Pour bien faire, mon compagnon du deuxième groupe a changé de côté pour les aider. Lorsque l’embarcation était enfin rendue à 90 degrés, j’étais seul pour intercepter ce monstre de deux mètres de haut. Je suis passé de sapin de Noël à coussin. Le radeau m’est tombé dessus et m’a projeté dans l’eau. Je me suis relevé rapidement, car mon iPhone 4 (ça ne nous rajeunit pas) était dans mes poches. Ça m’apprendra à ne pas rembourser les barils.
Mais bon, mon téléphone pouvait attendre patiemment dans un bol de riz, c’était le crépuscule et le feu crépitait. Notre projet qui avait nécessité beaucoup de travail et d’organisation portait enfin fruit.
Une belle idée… sur papier
Armés de nos chaises de camping, d’une Budweiser et de vestes de sauvetage, nous étions prêts pour l’aventure. Oui, on est assez épais pour faire un feu sur un radeau, mais pas assez pour oublier nos VFI.
Disons que notre radeau était TRÈS imparfait. Les deux parties de l’hexagone étaient moins bien solidifiées qu’on ne l’aurait cru. Il fallait donc maintenir un équilibre et bouger le moins possible. Si on s’approchait trop du centre, le bateau menaçait de se refermer sur lui-même, comme un pain pita qu’on plie pour en faire un burrito. Si on se tenait trop aux extrémités, le centre se levait et risquait de faire tomber notre foyer.
Aussi, ce n’était aucunement hydrodynamique. Encore là, je n’étais qu’un sapin de Noël et je laissais les joueurs de football du groupe travailler leurs muscles, pagayant de toutes leurs forces avec des pagaies de canots et de kayak.
On dira ce qu’on voudra, on a réussi. On a fait un feu sur l’eau. Les riverain.e.s étaient médusés. Ils et elles cessaient de parler et sortaient sur leur terrasse en se disant : « Quessé ça? C’est un feu devant chez moi? »
Après cette expérience, disons moyenne, le radeau a traîné pendant deux bonnes années chez mon ami. Il était tellement lourd qu’il a créé un trou en forme d’hexagone dans le sol. Il a même fini par s’intégrer dans la nature:
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Pour honorer cette expérience, on a fait ce qu’on fait toujours. On a brûlé les restes du radeau.