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La fois où j’ai consolidé mes dettes avant que tout s’écroule
Un jour, je suis à la banque en train de pleurer avec mon nouveau-né (c’était il y six ans) parce que j’ai 1000$ de revenus par mois environ et un appartement à payer, puis je ne suis pas capable de payer mes dettes de crédit, dont ma marge étudiante de 10 000$. Mon enfant se demande WTF et la madame devant moi est quand même conciliante sans me traiter comme une épaisse, ce qui m’apaise vraiment. Elle me dit simplement qu’on va transformer ma marge en prêt, que je vais le payer pendant 10 ans et que je n’ai pas à me soucier de cette dette-là maintenant (tant que je la paye). Mon paiement est de 100$ par mois, ce qui est tiguidou. Je suis contente et fière de moi.
Puis je vais acheter du lait en poudre pour mon enfant et ma carte ne passe pas.
Je suis un peu fru, j’appelle la banque. On m’informe que je dois appeler les impôts. J’appelle les impôts, ils me disent que je dois payer 450$ par mois dans la prochaine année parce que je n’ai pas payé mes impôts de je sais pas quelle année. J’ai 20$ dans mon compte, je suis au bord de la crise de panique.
Je capote.
Je ne sais pas quoi faire pour augmenter mes revenus, alors je commence à vendre des Tupperwares. Ça marche le temps que je gagne mon montant de dette, je suis contente. Tout est bien qui finit bien. Presque.
Après cet épisode, j’étais toujours prise dans un statut précaire, car j’étais considérée comme pigiste au sens de l’entreprise pour laquelle je travaillais à l’époque. Mais disons que c’était une belle façon pour eux d’avoir le beurre et l’argent du beurre en me laissant assumer toute la charge des impôts et des autres dépenses de travailleuse autonome qui me mettaient toujours en danger du côté de mon compte de banque.
«J’appelle ma banque, ils me disent d’appeler les impôts, je les appelle, et on me dit que je dois payer 24 000$ tout de suite sinon mon compte n’est pas débloqué.»
Fast forward quatre ans plus tard, je suis à New York pour un voyage de presse vraiment glam et je décide de retirer de l’argent pour passer m’acheter des trucs fermentés au Trader Joe, question de vivre ma vie de rêve jusqu’au bout. Je passe ma carte de crédit, ça ne marche pas. Alors j’essaie d’aller voir mon compte en ligne et il a disparu de mon application. Ma sœur paie pour moi, je suis comme WTF, je sue de la face, j’ai mal au ventre et ce n’est pas à cause du shooter de jus de pickle que je viens de boire, j’appelle ma banque, ils me disent d’appeler les impôts, je les appelle, et on me dit que je dois payer 24 000$ tout de suite sinon mon compte n’est pas débloqué.
Je capote. Encore.
Je rappelle ma banque en pleurs.
La conciliation sur la carte de crédit, c’est comme un tout inclus avec des intérêts vraiment élevés!
Au téléphone, je parle à un vieux monsieur qui en a vu des centaines d’autres comme moi. Il me demande «est-ce que tu as des avoirs?». En joke, parce que je suis mal à l’aise, à NYC, high sur le La Croix et le jus de pickle, je dis que j’ai des beaux pyjamas et une couple de poêles le Creuset. J’ai juste un bazou de char et mon dossier de crédit est pas super bon, quoique pas de la marde non plus. J’ai des bons revenus, mais ils ne sont pas stables.
Il me dit «écoute, on peut faire un prêt sur ta carte de crédit. C’est un prêt de type conciliation, qui a des forts intérêts, mais c’est l’étape à faire pour te sortir la tête de l’eau». Je vais payer pendant 10 ans avec des intérêts de 20%, mais ça va me donner un paiement minimum de 450$ à la place de 2000$ si je prends un arrangement de paiement avec les impôts. J’ai pas super gros le choix, mais je suis contente de pouvoir le faire de même au téléphone (ça se fait même sur internet, que j’apprendrai plus tard). Ils transfèrent les impôts, ma carte est débloquée et je décide que j’achèterai plus de jus de pickle du reste du voyage.
C’est pas l’enfer, c’est pas le paradis!
Pendant deux ans j’ai payé ma consolidation sur carte de crédit et tout allait bien dans le meilleur des mondes ou presque. Jusqu’à ce que vienne le shit storm qui a fait que ma situation était pire qu’avant. Baisse de salaire, très mauvais investissement, se faire avoir, vouloir réussir un projet entrepreneurial qui a été trop grand pour moi, dépression majeure, arrêt de travail, changer de job pour préserver ma santé mentale, alouette. Je me suis retrouvée presque à la case départ, sauf que j’ai appris de mes mauvaises expériences.
Avant de me faire geler mon compte, j’ai appelé ma banque pour être franche avec eux. Même si j’ai bien payé mes dettes étudiantes et ma marge de crédit, j’avais des dettes partout, j’étais de retour dans la chnoute pis ça n’allait pas pantoute.
On a donc décidé de remanier ma consolidation sur carte de crédit, avec un meilleur taux et des paiements plus petits. Dès que j’ai des sous et que j’ai fini de payer une des autres dettes qui traînent, je mets plus d’argent sur ma consolidation et tout va bien.
T’sais je le sais que c’est vraiment anxiogène prendre le taureau par les cornes et essayer de régler ça. Mais s’il y a bien une chose que j’ai comprise dans ma jeune vie de fille avec des dettes, c’est qu’elles disparaissent pas quand on ferme les yeux et qu’on pense à autre chose. Il n’y a jamais d’argent qui tombe du ciel et plus on s’enfonce dans ses dettes, plus c’est toff de s’en sortir sans faire faillite. Pis c’est pas glam faire faillite, je le souhaite à personne.
C’est comme, je sais pas, commencer à jogger, I guess. Ça fait mal au début et un moment donné ça devient correct.