Logo

La fausse bonne idée d’un hasbeen : les psychostimulants

Un cocktail de drogue et d'excès de confiance.

Par
Hasbeen
Publicité

L’hasbeen du Guide des universités URBANIA, c’est cette vieille croûte des campus universitaires qui a tout vu et tout vécu. Existant en plusieurs exemplaires (qui ne connaît pas un.e hasbeen?) et jouissant d’une expérience dont nous pouvons tous bénéficier, nous souhaitons leur donner la parole, chaque fois de manière anonyme. L’hasbeen sera donc un véhicule qui permettra à des diplômé.e.s de conseiller les générations futures avec leurs histoires d’antan. On vous conseille fortement de NE PAS suivre les traces de vos prédécesseur.e.s.

PRÉLUDE

Il n’y a pas mille façons de le dire. Je vais vous raconter la fois où j’ai décidé de sauver ma session en prenant de la Vyvanse, un psychostimulant utilisé pour traiter le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH). Sachez que cette expérience était complètement illégale et vous allez comprendre, par mon histoire, que je le déconseille à tout le monde. Faites juste vous prendre d’avance pour vos examens. Je n’encourage en aucun cas la consommation de psychostimulants, sauf sur ordonnance d’un.e spécialiste de la santé.

J’étais jeune, fou… et complètement stupide.

Publicité

Cette session-là, j’avais un cours à dix crédits, et ça, ça faisait en sorte que chaque évaluation pouvait déterminer si je passais ou non mon bac (j’exagère, mais pas tant).

Le début de l’hiver s’était assez bien déroulé, j’étais en contrôle de mes moyens (et de mes notes). Jusqu’à la semaine de relâche.

Vous savez, lorsque vous étudiez dans un programme comme l’ingénierie, la médecine ou le droit – ces grands programmes traditionnels qui demandent excessivement beaucoup d’heures d’étude et de lecture –, la pire des choses qui peuvent vous arriver, c’est d’être (trop) confiant.e.

Dans mon cas, cette abondance de confiance s’était traduite en : me booker un voyage dans le Sud pendant la semaine de relâche… ERREUR.

Le voyage était formidable, je me suis complètement déconnecté de tout, ça a fait du bien. Sauf qu’à mon retour… l’apocalypse. Un examen qui valait 40 % de ma session m’attendait de pied ferme… Comment avais-je pu louper une évaluation d’une telle ampleur? C’est encore un mystère à ce jour. Tout ce que je savais, c’est que j’avais une semaine devant moi pour apprendre l’équivalent de 7 semaines de matière.

C’était clair pour moi que je ne devais pas tomber dans la dépendance. Je l’essaierai pendant moins d’une semaine, pas plus.

Publicité

Avant d’aller plus loin, ce que vous devez savoir sur moi, c’est qu’étant un scientifique dans l’âme, j’étais et je suis encore un grand amateur de l’expérimentation. Par contre, mes démarches n’étaient pas toujours très scientifiques à l’époque, mais je m’assurais toujours d’émettre une hypothèse, un procédé et, ensuite, un rapport.

Ça n’a donc pas été long avant que je me retourne vers la Vyvance pour « essayer » d’étudier comme un « surhomme ». J’avais déjà entendu des rumeurs comme quoi cette drogue était utilisée par certain.e.s étudiant.e.s en période d’examen et que ça devenait même un fléau.

Cependant, c’était clair pour moi que je ne devais pas tomber dans la dépendance. Je l’essaierai pendant moins d’une semaine, pas plus.

Grâce à quelques contacts obscurs, j’ai réussi à mettre la main sur des comprimés. Le plan était clair : une demi-capsule par jour, pas plus, jusqu’à l’examen, et ce, sur une période de trois à quatre jours.

Ça s’est déroulé ainsi…



JOUR 1 – Let’s go!

9 h – Ça vient de kick in. Je n’ai jamais été autant concentré de ma vie. Je ne suis pas sorti de ma chambre de la journée et j’ai à peine bu de l’eau. J’ai réussi à condenser l’équivalent de deux journées d’étude en une seule.

Publicité

14 h – Chapitre après chapitre, je décortique les notes de cours comme un robot – mais je n’ai pas l’impression d’être high. Je me sens juste extrêmement concentré et passionné. Rassurez-vous, je n’ai aucun god complex, je suis juste vraiment, mais vraiment satisfait de ma journée de travail.

18 h – Plus d’inquiétude pour mon examen, c’est dans la poche.

JOUR 2 – La barre était haute.

9 h – Pas le temps de perdre mon avance, je repars l’avant-midi en force. L’étude avance bien. Je dois vraiment boire de l’eau et manger aujourd’hui. C’était un peu un peu con de ne pas avoir fait ça hier.

11 h – Justement, j’ai faim. Qu’est-ce que je pourrais manger? Des pâtes? Non, j’en ai mangé récemment. Des ramens? Pas assez nutritif. Je pourrais me faire un petit sauté avec ce qui reste dans le frigo. Il ne reste pas grand-chose dans le frigo, en fait. Je vais aller acheter ce qui manque à l’épicerie.

16 h – Merde, j’ai pas étudié depuis ce matin. Au moins, j’ai mangé et j’en ai profité pour faire réparer mon vélo. Je procrastinais la tâche depuis vraiment longtemps.

Publicité

18 h – De retour à l’étude. Je suis un peu moins concentré qu’hier, les effets doivent avoir diminué, mais je réussis tout de même à avancer. Malade.

JOUR 3 – Encore une fois, j’ai eu trop confiance en moi.

9 h – Cette fois, pas question de sortir de ma chambre. J’ai pris un léger retard hier. Il ne faut juste pas que je tombe dans des délires. Une fois que ça part, je ne m’en rends pas compte et ce n’est pas contrôlable. Je décide donc de prendre une plus petite quantité, juste assez pour être concentré, mais sans plus. Ça fonctionne (ou presque).

15 h – J’ai rattrapé le retard, même que j’ai terminé ma to-do list de la journée. Il me reste quand même beaucoup de temps devant moi, je pourrais prendre de l’avance. Est-ce que je le fais? Non, pas du tout, même si je décide de sortir le soir avec mes amis tellement je suis en « contrôle de mes moyens ». Une autre excellente idée à mettre dans mon rapport. Mes notes s’arrêtent ici, je ne me souviens plus du reste de la soirée, je pense avoir voulu expérimenter différents mélanges d’alcool. À proscrire honnêtement.

Publicité

JOUR 4 – Dernier sprint

11 h – Il ne me reste que le quart de mes notes de cours à étudier. Ça se fait. Malgré ma gueule de bois, je sais que je suis capable de surmonter cette épreuve. Sauf qu’hier, en allant festoyer avec des gens de mon programme, on m’a approché pour que je m’implique dans un comité l’année prochaine. Est-ce que j’ai le temps pour ça? Les inscriptions se terminent ce soir. Ça me tente vraiment, mais j’ai peur que ça fasse trop. Je décide donc d’appeler les ancien.ne.s membres du comité un par un pour avoir leur avis. J’en parle à mes colocs. Je suis incapable de me sortir ça de la tête. Je vais aller marcher pour y réfléchir.

Je ne vais pas vous mentir, en plus de m’être retrouvé complètement épuisé, j’ai eu honte d’avoir eu recours à ce moyen.

Publicité

15 h – Maudit, ce n’est pas facile. C’est ma dernière année, faut que j’en profite, non? Ah au pire fuck off, je le fais.

À ce moment-là, je réalise qu’il est déjà 21 h… au moins, je me suis inscrit dans un comité.

CONCLUSION

Au terme de cette expérience, j’ai réussi à décrocher un 75 % à mon examen. Tout ce qui me manquait, c’était le quart de mes notes de cours que je n’ai jamais étudiées au final.

Malgré tout, je ne peux pas dire que j’ai apprécié l’expérience.

Je ne vais pas vous mentir, en plus de m’être retrouvé complètement épuisé, j’ai eu honte d’avoir eu recours à ce moyen. Ce n’est pas quelque chose, je pense, dont il faut être fier. Je ne dis pas ça pour être moralisateur ou me dédouaner, c’est juste qu’après, on se demande si on est à la hauteur de notre diplôme quand on a – dans un certain sens – triché. Mon seul réconfort… il ne faut pas oublier que j’ai fait ça, pour la science?

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!
À consulter aussi