Logo

La face cachée des journaux étudiants

Ou le défi de garder un journal papier d’actualité.

Par
Marie-Soleil Lajeunesse
Publicité

Note : l’autrice est rédactrice en chef du journal étudiant Montréal Campus.

Être membre de l’équipe éditoriale d’un journal étudiant n’est pas une mince tâche. De la rédaction à la correction en passant par la mise en page et la planification, chaque poste apporte son lot de responsabilités et de défis. Deux ans après le début de mon implication avec le Montréal Campus, le journal étudiant de l’UQAM, j’ai l’impression d’être devenue une machine.

Entre les cours et les obligations personnelles, notre équipe doit constamment réfléchir aux prochains articles publiés en ligne ou dans les éditions en format papier. On doit aussi être présent pour les étudiant.e.s qui collaborent avec le journal.

Si le Montréal Campus est toujours vivant depuis 1980, c’est grâce aux personnes qui en prennent la relève chaque année. Les membres de l’équipe sont des mordus de l’information qui sont prêts à tout pour informer la communauté étudiante.

Publicité

Sans laisser de côté nos deux éditions papier annuelles, nous avons le défi de suivre les tendances numériques afin de rejoindre notre public. Au moment d’écrire ces lignes, nous nous apprêtons d’ailleurs à publier nos premières vidéos en deux ans et à nous créer un compte TikTok.

Le Montréal Campus est malheureusement l’un des seuls journaux étudiants universitaires au Québec qui ne rémunère plus les membres de son équipe, faute de subventions.

Je me suis donc demandée : comment les autres journaux étudiants réussissent-ils à maintenir leur production malgré l’inflation et la multiplication des plateformes numériques?

LE COLLECTIF, UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Pour l’équipe du Collectif, journal étudiant de l’Université de Sherbrooke créé en 1977, pas question d’abandonner les éditions papier malgré son virage numérique des dernières années. « Il y a plusieurs collabos qui trouvent ça le fun de pouvoir écrire dans le papier, parce que ça leur fait un souvenir. C’est comme une petite satisfaction ou même un petit trophée pour eux », explique le corédacteur en chef Victor Dionne.

Publicité

Le journal étudiant sherbrookois produit ainsi deux éditions papier par session, ce qui est « beaucoup mieux pour l’environnement », selon la corédactrice en chef Sarah Gendreau Simoneau. « Ça permet aussi aux gens qui ne connaissent pas Le Collectif de le découvrir sur le campus », ajoute-t-elle.

En plus de vendre des espaces publicitaires, Le Collectif a accès aux cotisations étudiantes et à plusieurs autres subventions pour financer ses éditions. À l’exception des collaborateurs et collaboratrices, tous les membres de son équipe sont rémunérés.

Le Collectif développe aussi certains projets comme des capsules à la radio et parfois même des vidéos. Pour la première fois cette année, l’équipe suivra une formation sur la gestion des réseaux sociaux. Elle sera peut-être en mesure de se créer un compte TikTok par la suite…

QUARTIER LIBRE, UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Fondé en 1993, Quartier Libre, le journal étudiant de l’Université de Montréal, produit six éditions par année grâce aux cotisations étudiantes et aux espaces publicitaires. « Avant, les éditions étaient bimensuelles, mais on a réduit le nombre pour avoir un format magazine. C’est un format qui est lissé et plus beau », indique la directrice de publication Camille Dufétel.

Publicité

Tous les membres de l’équipe sont rémunérés et les pigistes sont aussi payé.e.s pour tous leurs articles à partir de huit feuillets. « Pourquoi huit feuillets? Parce qu’on estime que leurs premiers articles doivent être revus de manière intensive. Après [ce nombre], on estime que [les pigistes] ont compris le truc », explique Camille.

Le journal étudiant montréalais a sa propre émission de radio chaque vendredi et publie des brèves à plusieurs reprises durant l’année. L’équipe est ouverte à l’idée de faire des vidéos, mais elle manque de temps pour développer ses projets multimédias.

Quartier Libre est bien présent sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Facebook et Instagram. « Pour TikTok, c’est en cours de discussion », indique Camille.

LE DÉLIT, UNIVERSITÉ MCGILL

À l’Université McGill, Le Délit est l’un des seuls journaux étudiants au Québec qui publie des éditions papier chaque semaine depuis 1977. « Être au Délit est une implication quasi surhumaine », admet la rédactrice en chef Gabrielle Genest.

Publicité

Tous les articles paraissent dans les éditions papier, sauf durant la saison estivale, quand le campus est moins achalandé. « Comment réussit-on? Je crois que c’est parce que l’équipe est tellement motivée », mentionne Gabrielle.

Deux membres du conseil éditorial se penchent sur des projets multimédias pour le journal, soit des balados et des vidéos. Comme tous les autres journaux étudiants, Le Délit est aussi présent sur les réseaux sociaux afin de rejoindre sa communauté. Et il s’agit du premier journal étudiant au Québec s’être créé un compte TikTok!

Les membres du conseil éditorial sont rémunérés chaque mois avec le même montant. Le Délit est financé en grande partie par les cotisations étudiantes, qui sont assujetties à un référendum aux cinq ans. Cette procédure aura d’ailleurs lieu au cours du mois de novembre. La communauté étudiante de McGill sera invitée à voter sur la préservation de ses journaux étudiants et de leur financement.