LogoSponsor

La business des cartes-cadeaux inutilisées

Vos fonds de tiroirs sont peut-être plus riches que vous.

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
Publicité

Tout le monde aime offrir et recevoir des cartes-cadeaux : c’est simple, efficace et crowd pleaser… non? Pas toujours. Beaucoup de ces étrennes du type « ça me tente pas de me casser le bécyk » ne sont jamais utilisées. Et malheureusement, des tonnes de gros (et de petits) joueurs de l’écosystème économique se remplissent les poches grâce aux 20$ en plastique qui traînent dans nos portefeuilles.

Tour d’horizon du côté sournois de cette business très fructueuse.

Une machine qui roule à plein volume

Depuis près de 15 ans, les cartes-cadeaux sont au top de la wishlist de nos voisins américains. Là-bas, environ 55% du budget magasinage de la période des Fêtes est dépensé en cartes-cadeaux. Au Québec, le total des bidous déboursés pour ces merveilles de plastique était de 241 millions de dollars en 2016, une augmentation de 33% par rapport au chiffre de 2010. On peut parler d’un marché en véritable expansion, et on comprend pourquoi : les cartes sont faciles à se procurer et à utiliser, évitent des retours en magasin et garantissent que l’argent qui y est investi est dépensé à bon escient… n’est-ce pas?

Publicité

Pour les commerçants, l’objet est un formidable outil marketing. Environ 40% des gens qui paient avec une carte-cadeau n’ont jamais mis les pieds dans le magasin qui leur offre un crédit. De plus, la grande majorité des personnes qui reçoivent une carte ou un certificat du genre (on parle quand même de 70%) dépensent la totalité du montant au cours d’une période de six mois.

Après ça, les choses se corsent : passé un an, les cartes finissent généralement dans le fond du tiroir à gogosses de la cuisine, bien au chaud avec le menu de Pizza Toni et les pamphlets de micro-ondes.

Cette année, on prévoit qu’environ trois milliards de dollars américains ne seront pas réclamés par les détenteurs de cartes-cadeaux aux États-Unis. Par chez nous, ça se chiffre autour de 20% d’inutilisation. Et ce, même si les cartes prépayées n’ont pas de date d’expiration au Québec depuis 2010.

Publicité

Pourquoi gaspille-t-on autant ?

Les raisons les plus évidentes sont les suivantes : carte ou portefeuille perdus, oubli, difficulté d’accès (une carte des Galeries de la Capitale alors que tu habites à Longueuil, mettons, ça fait loin pour 25$), restrictions sur l’utilisation (les fameux « valide seulement le jeudi soir de 5 à 7 ») ou un simple manque d’intérêt. Il faut dire que les cartes-cadeaux sont souvent des présents assez impersonnels — un excellent choix pour une pige de job, donc, ou pour les gens qui sont assez dernière minute dans leur magasinage.

L’autre frein à l’utilisation? Les frais d’activation et d’utilisation, qui ne peuvent légalement pas être réclamés par les commerçants, mais qui sont monnaie courante (ha, ha) pour les cartes de crédit prépayées et celles de centres commerciaux.

Publicité

Les compagnies profitent (encore) de votre paresse

Aux États-Unis, tant que l’argent n’a pas été réclamé, le montant de la carte-cadeau flotte dans des espèces de limbes financières. Et la personne qui perd au change, ben… c’est tout le monde. Pour pallier ce problème, certains états ont mis en place des lois qui forcent les entreprises à déclarer l’argent non réclamé après une période donnée. À ce moment-là, le montant est ensuite redistribué à l’état et traité comme des fonds publics.

En 2017, Starbucks, un champion de la carte de plastique, a récolté plus de 60 millions de dollars américains grâce à ce tour de passe-passe.

Publicité

Dans d’autres états, par contre, les compagnies empochent l’argent des cartes, peu importe si elles sont utilisées ou non. En 2017, Starbucks, un champion de la carte de plastique, a récolté plus de 60 millions de dollars américains grâce à ce tour de passe-passe. Vendre des lattés gigantesques, c’est presque aussi payant que vendre des cartes-cadeaux, on dirait.

Au Québec, c’est un peu pareil : l’argent des cartes-cadeaux revient au commerce qui l’a émise, et ce, dès son paiement. En gros, si le montant n’est pas utilisé, les établissements réalisent un bon profit.

Une autre manière de remettre des sous dans les poches des entreprises? Le solde non utilisé. Environ 20% de la somme totale des cartes-cadeaux reste sur ladite carte. Pourtant, les commerçants sont tenus de vous remettre le cash restant quand son montant est inférieur à 5$. Au-delà de ça, il faut le dépenser.

Publicité

Enfin, sachez que si l’entreprise fait faillite avant que vous n’ayez l’occasion de dépenser sa carte, il est fort probable que votre cadeau soit perdu à jamais, et ce, même si vous avez le droit de réclamer le montant non utilisé.

Faites partie de la solution

Que faire pour contrer le fléau ? D’abord, utilisez-le, votre certificat valide pour une pédicure, et dépensez-le, votre dix piasses chez Winners. Si vous ne comptez pas faire usage de votre cadeau, sachez qu’il est toujours possible de vendre votre carte à un prix égal ou inférieur à sa valeur initiale. Un geste plus altruiste serait de la donner à un ami ou une personne dans le besoin, mais bon… un petit 20$ fait rapidement, c’est toujours le fun. À vous de voir.

Publicité
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!