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La bibliothèque, un lieu essentiel

Et si c'était plus qu'un tas de bouquins?

Par
Rebecca Corrales
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Et si la biblio, c’était plus qu’un tas de bouquins? Plus qu’un lieu d’étude? Du plus loin que je me rappelle, ces grands espaces blancs ont toujours été source de quiétude. Un bain de lumière à mes fins de session interminables. Sous la pandémie du millénaire, ce havre est menacé…

En janvier dernier, le gouvernement annonçait une réouverture des bibliothèques pour les étudiants. Un accès exclusif, sous masque, à distance. Ça aurait dû être un pansement pour la communauté étudiante, mais je constate plutôt un retour dans la plaie. Comme plusieurs encore aux études, la réouverture n’a pas signifié plus qu’un symbole du pouvoir de la COVID dans notre société. De sa façon de séparer chacun, à sa manière. Le couvre-feu pour preuve. Parce que, même si tu étudies là, avec ton masque pendant six heures, tu dois être revenu avant huit heures. Retour à la maison que tu ne quittes jamais, avec tes parents ou tes colocs que tu vois 24-7. Et si ton cours commençait à 18h, bye ta connexion, bye ton cours! Bref, cette nouvelle s’apparente à une sorte de baume, un tout petit mini Band-Aid pour panser le creux.

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Une cure à la réalité

Fini l’étude tard en gang, ce moment de socialiser sous le regard noir des autres. Ou juste cet endroit de solidarité commune : être seul, mais avec tous. À la fois un espace d’étude et de rassemblement, la bibliothèque procure un silence rassurant. Cette période ou cet événement difficile à passer, souvent je les ai passés à la bibliothèque. Après une chicane familiale ou pour des examens à venir, de minuit aux petites heures du matin.

À la fois un espace d’étude et de rassemblement, la bibliothèque procure un silence rassurant.

Pour Danaé-Antonia Coplin, étudiante en psychoéducation à l’UdeM, fréquenter la biblio relève presque d’une thérapie. Ça représente un lieu de culte, une véritable “échappatoire”. Un moment où elle peut s’affranchir de son TDAH, de ses relations conflictuelles, bref de ses angoisses. C’est également un espace de retrait qui l’aide à se concentrer, et surtout, performer. Coincée entre les quatre murs de sa chambre, Danaé, comme nombreux autres étudiants, est soumise à des distractions quotidiennes. Qu’il s’agisse de son chat qui danse sur son ordi, son frigidaire qui l’appelle, ses voisins qui passent devant sa fenêtre…Les tentations sont là. La concentration diminue, tandis que les notes dégringolent. Les cours en ligne sont-ils réellement plus faciles?

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Sous le port du masque

Depuis les nouvelles mesures sanitaires, Danaé n’est plus à l’aise de retourner à la biblio ni même à l’école. Alors que l’accès aux classes sera autorisé une fois par semaine, le premier ministre nous aura prévenus : “Les cégeps et les universités de 2021 ne seront pas les mêmes qu’avant la pandémie”. On s’y attendait, parce qu’on n’est pas près de retourner à la normale. Certains sont toutefois prêts à accepter cette nouvelle réalité. C’est le cas de David Tremblay, étudiant et travailleur, le tout à temps plein. Entre deux pauses café et ses shifts au magasin, David en profite pour se garer à sa bibliothèque du moment, des sciences humaines à la biologie. Selon lui, cette seconde maison n’a pas mal vieilli. Bien que les mesures soient strictes, et les inscriptions, longues, l’ambiance se veut plus calme et propre. Il se dit d’ailleurs réellement heureux des réouvertures, et adore toujours autant y aller. Et comme il n’a pas d’ordinateur, cet espace lui est carrément essentiel.

Alors que l’accès aux classes sera autorisé une fois par semaine, le premier ministre nous aura prévenus : “Les cégeps et les universités de 2021 ne seront pas les mêmes qu’avant la pandémie”.

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Les gens sous-estiment souvent à tort le rôle que les bibliothèques portent. Pour plusieurs, il s’agit d’un incontournable de la vie étudiante, d’un pilier des vies personnelles. C’est s’accrocher à autre chose que ses problèmes, en plus de s’investir dans son avenir. Pour d’autres, c’est la richesse du savoir et de la culture, à portée de main. Moins chère et moins bruyante que les cafés, la bibliothèque prône l’égalité des chances, l’accès au capital humain et aux internet. Ou comme dirait Sandrine Desforges, secrétaire générale de la FAÉCUM, elle procure un environnement « viable » d’étude. Encore faudra-t-il que je puisse me démasquer avant d’y remettre pied, m’assurer de pouvoir respirer.