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J’tu obligée d’être propriétaire?

Je suis propriétaire d’angoisse, c’est pas mal tout.

Par
Arianne Maynard-Turcotte
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J’ai pas mon shit together

Quand mon amie Marie nous a annoncé l’achat de son condo, j’ai fait une crise d’angoisse. «On est vraiment rendues là?», que j’me suis écriée.

Julie m’a répondu qu’elle a un plan quinquennal pour amasser sa mise de fond et Gen, qu’elle magasine une maison neuve à Mirabel.

On est rendu là, oui.

«Mais vous avez vos shits together les filles!», que j’ai répondu en calant de façon très mature une bouteille de Sour Puss.

J’avais l’impression d’être la seule à pas avoir reçu le mémo. J’ai vérifié dans mes pourriels pis il était là. Il datait d’il y a deux ans:

«Bonjour Arianne, ici la vie.

T’as 29 ans, t’es censée être propriétaire d’ici la fin de l’année.

Merci de faire ce qu’il faut en conséquence et de prendre sur toé».

J’ai fait un reply all (avec ma psy en Cci):

«Salut la vie,

J’ai 31 ans pis pour l’instant, j’suis propriétaire d’angoisse et c’est pas mal tout.

À la revoyure.

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P.S. à ma psy: on peut-tu devancer mon rendez-vous de vendredi?»

Hypothèque and the city

J’me sentais comme dans Sex and the City, version Hypothèque and the city: j’suis Arie Bradshaw, la seule jeune professionnelle (I wish) à pas savoir c’qu’elle veut.

J’hésite entre rester dans mon appart loué (mon Aiden confortable) ou faire le grand saut avec l’achat d’une propriété (mon Mr. Big à moi… le mari de Carrie, pas la barre de chocolat).

Je regarde les maisons et les condos sur Du Proprio chaque semaine depuis au moins 10 ans.

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Faut dire que je regarde les maisons et les condos sur Du Proprio chaque semaine depuis au moins 10 ans. J’me réveille aussi la nuit pour jalouser Sarah-Jeanne Labrosse d’avoir flippé et pinteresté sept maisons en huit ans.

(J’viens d’inventer le verbe pinterester et je songe à le breveter. Merci de m’aider à le populariser pour que les rentes me permettent d’acheter une maison un jour. Boum! J’suis en train de get my shit togheter, non?)

Peer pressure (pression sociale, pas «poires pressées»)

Être propriétaire, j’ai l’impression que c’est c’que j’veux, mais c’tu vraiment ce que j’veux ou c’est la société qui veut que j’pense que j’veux c’que j’veux pas vraiment? Bon, j’ai le tournis.

Acheter une maison ou un condo, c’est considéré comme un accomplissement. Les gens font même des pendaisons de crémaillère pour célébrer la plus grosse dépense de leur vie. Ok, c’est aussi accessoirement pour nous montrer leur nouveau chez-eux…

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Mais est-ce qu’on fait des partys pour célébrer l’achat d’un REER? Non. Ça a pas le même prestige. Acheter une maison, c’est synonyme de réussite, de maturité, de «j’ai pas flaubé ma paye en sushis pis en saké».

Mais outre la pression sociale, pourquoi j’veux un chez-moi? J’ai fait une liste:

Arrêter d’avoir peur de me faire foutre à la porte de mon loyer.

Comme dirait Jean Lesage: pour être maître chez nous (aka pouvoir rénover pis foutre des murs à terre – ça c’est pas de Lesage).

C’est pas mal ça.

Au final, mes motivations sont pas monétaires pantoute.

Show me the money (of being lonely)

Coup de théâtre! Au moment même où je finis ma très courte liste, l’excellente vidéo de RAD sort. Pas exactement «au moment même» là, mais pour l’histoire, on va dire que oui.

La vidéo dit, en très gros résumé: c’est plus économique d’être locataire si tu places bien ton argent, mais être propriétaire, c’est de l’épargne forcée pour les gens pas trop tight qui gèrent pas leurs finances assidûment.

Boum. L’expression «épargne forcée». C’est ça qui me manquait.

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Boum. L’expression «épargne forcée». C’est ça qui me manquait. Pas tight, ça je le suis (dans les finances je parle!) Donc, m’obliger à bien gérer mon pécule*, c’t’une bonne idée.

*Pécule: «petit capital économisé» ou «somme qu’économisait un esclave afin d’acheter sa propre liberté». Ici, les deux définitions s’appliquent.

Faque, j’tu obligée?

Mon problème, c’est que je rêve à coup de tableau Pinterest pis d’émissions de déco. Là, faut que j’arrête d’avoir peur des chiffres pis que je prenne su’ moé.

Voir un conseiller financier, c’est le genre de truc que je repousse toujours, comme remettre l’heure sur le four après une panne de courant. Mais là, ça fait 30 ans que mon horloge clignote pis y’est temps que je mette les pendules à l’heure (poudoutish sur le clavier de Guy A).

Au final, devenir propriétaire, j’tu obligée?

Non, vraiment pas.

Mais ça me tente.