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J’tu obligé de vouloir être riche?

Dans un monde où l'argent brouille tout, est-ce qu'on est en train de perdre le cap?

Par
Billy Eff
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C’est facile, de nos jours, d’avoir l’impression qu’on n’a pas assez d’argent. Quand on regarde le prix des loyers, ou simplement le coût de la vie en général, on en vient vite à se demander si les choses auraient été différentes, eût-on économisé un peu plus dans sa jeunesse.

Faire de l’argent, c’est pas seulement une nécessité ou une pression personnelle, c’est aussi une pression sociale. Le salaire que l’on a nous place dans une case sociale, un terrain de jeux avec des possibilités différentes selon le palier auquel on a accès. Même ici à Quatre95, on vous donne tous les jours des conseils sur comment gagner, économiser, et optimiser votre argent. On vous parle de REER, de CÉLI, de short-selling et d’autres termes qui peuvent, selon votre situation, vous être soit totalement étrangers, soit très anxiogènes.

Il est pertinent de se demander, à un niveau individuel, si la relation que l’on entretient avec l’argent est saine et positive.

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On pourrait longuement parler de l’argent à un niveau philosophique, en considérer les avantages et les inconvénients, se questionner sur sa nécessité et tenter de découvrir si c’est vraiment la «racine de tous les maux». Mais je crois qu’il est beaucoup plus pertinent de se demander, à un niveau individuel, si la relation que l’on entretient avec l’argent est saine et positive. Rendu là, on le sait, l’argent ne fait pas le bonheur. Alors dans le contexte mondial et économique actuel, est-ce que c’est correct de ne pas avoir l’ambition de devenir riche?

Se poser les bonnes questions

La première question à laquelle il faut trouver une réponse, c’est: qu’est-ce que je veux de la vie, et comment je souhaite y parvenir?

Si, par exemple, je sais que je veux une vie remplie de voyages et d’aventures, il y a plusieurs moyens pour y parvenir. Je pourrais très bien me trouver un emploi de bureau peu stimulant mais très payant, qui me permettrait de voyager dans mes vacances.

Ou peut-être pourrais-je trouver un job moins payant, mais qui implique beaucoup de voyages (au frais de l’employeur). La même motivation donne deux résultats très différents, qui nécessiteront des budgets et une organisation de sa vie différents. Aucun des deux ne vous protégera des petits malheurs de la vie, ou ne vous mettra à l’abri de l’insécurité financière, mais si c’est ce que vous voulez, ça vous aidera à avoir une vie bien remplie.

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Argent, maître ou serviteur?

Lorsque les gens basent leur bonheur et leur valeur personnelle sur leur succès financier, ils sont plus enclins à souffrir d’anxiété élevée et d’un sentiment de détresse.

Parce qu’au-delà de l’argent, c’est la vie qu’on a eue qui fera une réelle différence. L’argent, c’est un outil qui doit vous aider à vivre votre meilleure vie, mais ça ne peut pas être le but final. Et les études le prouvent: des recherches menées en 2017 à l’Université de Buffalo ont conclu que d’être focalisé sur l’argent cause plus de mal que de bien. Lorsque les gens basent leur bonheur et leur valeur personnelle sur leur succès financier, ils sont plus enclins à souffrir d’anxiété élevée et d’un sentiment de détresse.

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Ce qui est encore plus surprenant, c’est que l’étude nous apprend que c’est vrai, peu importe le revenu. Riches comme pauvres, ceux qui font de leur succès financier le but ultime finissent par en ressortir plus mécontents.

Par contre, complètement négliger ses finances peut aussi vous ramasser dans la même situation de détresse et d’anxiété, il faut donc trouver le juste milieu.

Le chiffre magique

Parlant de juste milieu, d’autres études se sont aussi penchées sur la question de l’argent et du bonheur. À l’Université de Princeton, des chercheurs ont tenté de déterminer quel était le revenu annuel «magique», à partir duquel les gens sont réellement comblés. Réponse? 75 000$. Au-delà de ça, on ne se réveille pas nécessairement plus contents, le matin. Moins que ça, et le sentiment de satisfaction et de plénitude dans notre vie en général baisse.

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Ce qui est intéressant, c’est que 75 000$, ce n’est pas astronomique. En fait, ça nous place en plein milieu de la classe moyenne, au Canada. C’est juste assez pour faire en sorte que quelques-uns des imprévus financiers de la vie nous semblent soudainement moins gros.

Le vrai but, c’est d’atteindre un équilibre où on a ce qu’il nous faut, et où on peut se permettre les petits luxes qui nous tiennent à cœur.

Et c’est surtout ça, l’important. Malgré ce que peut nous dire la société, les experts en finances et les ultra-riches, on peut très bien vivre une vie pleine et comblée sans être millionnaire. Le vrai but, c’est d’atteindre un équilibre où on a ce qu’il nous faut, et où on peut se permettre les petits luxes qui nous tiennent à cœur. C’est certainement plus facile avec des millions, mais c’est aussi atteignable (et probablement plus le fun) sans.

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Ce n’est donc pas que l’argent soit en lui-même forcément mal, ou que de vouloir plus d’argent soit un péché. Mais rien ne sert d’en faire notre priorité si l’on n’est même pas certain de ce qu’on veut réellement faire avec. On finit par en perdre le côté important, la partie de notre vie qui peut se vivre avec ou sans argent.

Donc pour ceux d’entre nous qui ont tendance à regarder les gens riches pour avoir des conseils financiers, il vaudrait aussi la peine de poser les mêmes questions à des gens moins riches, mais très heureux. Et en combinant les deux, peut-être arrivera-t-on au plus important: l’équilibre.