Journal de bord d’une session d’été à l’étranger – Partie II

Cela fait maintenant un mois jour pour jour que nous avons réussi à braver la bureaucratie canadienne afin d’obtenir nos passeports : un mois de découvertes grâce à l’École d’été de l’UQAM à Prague.

La seconde partie de notre journal de bord européen est tombée par hasard entre les mains d’URBANIA. Ça tombe bien, nos parents attendaient justement un signe de vie.

14 juin 2022, Cloé – Le capybara – mammifère qui ressemble à la fois à un rat, un castor et une loutre – est un rongeur qui flâne à proximité des plans d’eau et qui, malheureusement, se dégêne avec les touristes de Prague. J’en aperçois assez souvent depuis le début de mon séjour à Prague (même jusque dans mon algorithme TikTok tchèque…)

Le cours se termine et on s’installe sur une terrasse qui longe la Vltava (la plus longue rivière de la République tchèque) avec des ami.e.s de la cohorte pour boire une petite pivo (« bière » en tchèque). Quelques capybaras vaquent à leurs occupations sur le bord de l’eau et on les observe, amusé.e.s. Une dame (sans doute une touriste) s’approche d’un des rongeurs et lui tend un sushi, qu’il attrape et engloutit.

Ben voyons madame! Il est aussi absurde de payer pour des sushis pour ensuite les donner à un capybara que de penser que c’est la bonne chose à faire de nourrir un animal sauvage.

16 juin 2022, Cloé – C’est jeudredi! On se permet un petit séjour à Berlin jusqu’à dimanche pour changer d’air (t’sais, la grosse vie).

On s’y est pris un peu à la dernière minute, alors on a dû réserver des lits dans la seule auberge de jeunesse qui proposait des prix corrects (parce qu’à un moment donné, 100 $ la nuit pour un vulgaire lit simple dans un dortoir sans salle de bain, nein danke).

Petit bémol, tous les avis rédigés en ligne étaient super décourageants quant à la propreté de l’endroit et au service à la clientèle. On s’attend donc à un dortoir un peu crade et à quelques babounes de la part des employé.e.s.

La route en train entre Prague et Berlin, c’est un peu comme faire Gatineau-Québec (un petit 4 h qui se prend bien), sauf qu’on croise un peu moins de Tim Hortons en chemin.

On parvient à trouver une cabine dans le train qui n’est pas réservée et on s’y installe. Les paysages qui défilent par la grande fenêtre sont magnifiques et la cabine nous donne l’impression de nous retrouver dans un film d’Harry Potter. J’espère ne pas tomber nez à nez avec un détraqueur, je ne suis pas dans le mood.

17 juin 2022, Jacob – Arrivé.e.s à Berlin. Notre hôtel se trouve soit à une heure de marche, soit à 20 minutes de trottinette électrique. Le petit groupe cède à la tentation du petit bolide et je me chie un peu dans les culottes. On se rappelle qu’il y a quelques semaines, j’avais tenté d’en chevaucher une dans les rues rocheuses de Prague, manquant de causer plusieurs accidents (et quelques éraflures).

Paye, embarque et roule : à vitesse modérée, on visite Berlin, grouillante de monde. L’asphalte est lisse, la température est clémente et le danger, presque inexistant. Je l’avoue, je me suis réconcilié avec ce moyen de transport.

Après 3 jours, je réalise que la réconciliation peut coûter cher. Aussi gênant que cela puisse paraître, j’ai tellement roulé en trottinette qu’au total, j’ai dépensé plus de 50 $ en frais d’utilisation. Rendu là, je considère sérieusement m’en acheter une.

18 juin 2022, Cloé – Des ami.e.s de l’UQAM qui participent à l’École d’été de Berlin nous ont parlé DU meilleur endroit à kebabs de la ville et on n’a pas pu s’empêcher de l’essayer.

La file est longue, c’est bon signe. Un des hommes derrière le comptoir porte fièrement une immense toque de cuisinier, alors qu’il est le seul qui ne cuisine pas; il s’occupe de la caisse. Sans blague, j’ai mangé le meilleur kebab au falafel du voyage (et Dieu sait qu’on en mange beaucoup).

Dans le tramway sur le chemin du retour, je réponds à mes messages alors que mon cellulaire vibre : un.e inconnu.e tente de me airdrop une image. Tant pis, on n’a qu’une vie à vivre, alors j’accepte. Ce qui arrive quand on reçoit un mème en allemand, c’est qu’on ne peut pas réagir tout de suite : il faut prendre le temps de le traduire avant de pouvoir rire.

Est-ce la vie m’envoie des signes? Dois-je varier davantage mon alimentation?

24 juin 2022, Jacob – Je suis pas mal fier d’être Québécois. La Saint-Jean, c’est une fête qui résonne en moi de façon identitaire, même si mon père, aussi souverainiste puisse-t-il être, ne fêtera pas la Saint-Jean « tant qu’on n’aura pas un pays ». Que ce soit au Québec ou à Prague, c’est une fête qui mérite d’être célébrée.

Nous sommes un groupe à nous rassembler près d’un restaurant de « poutine canadienne » à Prague. Incroyable, mais vrai, ce resto semble bien rouler sa bosse. Cloé pourra en témoigner, mais la poutine praguoise n’a pas passé le test : les frites étaient dures, la sauce était étrange et le fromage était presque absent. F- pour le goût, mais A+ pour l’effort.

La suite de la soirée se déroule dans un beergarden non loin, sous une température alternant entre soleil doré et apocalypse orageuse. C’est finalement sous le thème de l’apocalypse qu’on se permet un petit rigodon sur du Mes Aïeux et un moshpit sur du Dead Obies.

Notre soirée se termine brusquement lorsqu’un éclair tombe à quelques dizaines de mètres de nous. Je l’aime, mon Québec, mais mourir électrocuté le jour de la Saint-Jean : je passe mon tour.

25 juin 2022, Jacob – Aujourd’hui, on assiste à une représentation d’opéra de Don Giovanni, à l’endroit même où elle a été jouée pour la première fois il y a de cela 235 ans au Théâtre des États. Habillé.e.s sur notre 31, on déambule dans les couloirs du théâtre, pour finir par nous acheter une petite coupe de vin.

Sacrilège, un employé nous indique que nous ne pouvons pas boire à l’intérieur de la salle : la représentation commençant dans quelques minutes, nous n’avons d’autres choix que de caler notre verre à la porte, comme de vrai.e.s novices.

Écouter (un peu) pompette Don Giovanni et ses ami.e.s se faire aller le trémolo sur la scène, je vous assure que ça fait rêver.

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes au bord d’une piscine en Croatie, avec une vue imprenable sur Split et la mer Adriatique. On se trouve en pleine « semaine de relâche », juste avant de commencer la deuxième portion de l’École d’été, qui consistera à tourner et à monter un film à Prague.

Maman, papa, on se redonne des nouvelles très bientôt. À notre coloc qui demeure à Montréal : n’oublie pas d’arroser les plantes! Bisous.