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Je veux ouvrir mon couple. Qu’est-ce que je dis à mes enfants?

La famille évolue, l’amour aussi.

Par
Maude Painchaud Major
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Coudonc, le couple ouvert, c’est-tu rendu aussi courant qu’un bouton qui sort juste avant une date? Selon l’Observatoire des réalités familiales du Québec, près d’une personne sur cinq en Amérique du Nord a déjà été dans une relation non-monogame consensuelle (NMC). Et pour les 20 à 39 ans, c’est carrément une personne sur quatre!

Cependant, quand on a des enfants, que doit-on leur dire et, surtout, dans quel contexte?

Les bases de la NMC

Avant de plonger dans le vif du sujet, quelques définitions s’imposent!

Le polyamour implique qu’on peut avoir des sentiments amoureux et des relations amoureuses avec plusieurs personnes à la fois. Dans les relations ouvertes, les partenaires amoureux s’offrent la liberté d’avoir des relations sexuelles avec d’autres, mais sont généralement exclusifs au niveau romantique. Les couples qui pratiquent le libertinage vont généralement explorer la sexualité à plusieurs, mais ensemble (avec une 3e personne, un autre couple ou dans un club libertin).

Dans toutes les relations NMC, un élément demeure central : l’éthique. La transparence et la communication sont cruciales, mais il faut aussi prendre en compte les besoins de chaque personne impliquée.

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Si prôner la transparence avec nos partenaires est essentiel, qu’est-ce qu’on dit à nos enfants? J’en ai parlé avec 4 personnes qui sont dans des relations NMC et qui habitent toujours avec l’autre co-parent. De mes entretiens, je retiens quatre choses importantes.

L’honnêteté, toujours l’honnêteté

Tout le monde s’entend sur ce point : il faut éviter de mentir à tout prix. Mais (ben oui, y a un mais) on doit adapter les explications en fonction des questions posées par nos enfants, de leur âge, mais aussi en fonction de la réalité de chacun.e. Par exemple, on n’en parle pas nécessairement de la même façon avec un enfant anxieux qu’avec un enfant ben chill.

Fred, en relation avec son co-parent depuis 20 ans, a attendu avant d’en parler avec ses enfants. Avant de plonger, il voulait s’assurer que ce type de relation lui convenait réellement. Au début, le couple a expérimenté avec le libertinage et a gardé le tout secret. C’est seulement quand une relation s’est développée avec des partenaires stables que ça a été abordé en famille.

Ses enfants, 6 et 11 ans, ne posent aucune question au sujet des relations sexuelles en soi, alors les parents l’ont expliqué comme ceci : « C’est mon ami que je vois souvent et que j’aime vraiment fort. »

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Pour sa part Mei, qui a une fille de 5 ans, n’en a pas encore discuté avec elle en raison de son âge. «

Environ une fois par mois, un de nous deux passe la nuit à l’extérieur. On dit à notre fille qu’on sort avec des ami.e.s. »

Pour Soraya, c’est important d’utiliser les vrais mots. « On simplifie les explications et on utilise le mot “intimité” pour parler de sexualité. » Elle utilise donc des formules telles que : « Les ami.e.s dont on vous parle plus souvent, ces temps-ci, ce sont des ami.e.s plus intimes. »

Une question de feeling timing

Plusieurs prétextes peuvent servir à amorcer des discussions sur les configurations relationnelles avec nos enfants. Éloi et sa blonde ont ainsi saisi l’occasion du visionnement d’un film en famille dans lequel il y avait une relation toxique. « On a parlé du fait que l’amour n’implique pas de posséder l’autre. On leur a expliqué qu’on peut aimer quelqu’un et avoir des sentiments amoureux pour une autre personne ou une sexualité avec quelqu’un d’autre. »

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Lors de la séparation d’un couple de leur entourage, Fred et sa partenaire en ont profité pour aborder les configurations familiales. « On peut avoir plusieurs ami.e.s, et on peut aussi avoir plusieurs partenaires amoureux. »

Présenter les partenaires aux enfants : on fait ça quand?

On ne peut pas protéger les enfants de tout, mais on ne veut pas les blesser inutilement, non plus. Il est donc préférable d’attendre avant de présenter tout ce beau monde, ce qui veut dire que les one nights restent incognito, tout comme les dates occasionnelles.

« Pour présenter un.e partenaire, on attend que ça soit une relation stable depuis au moins 6 mois et que cette personne ait déjà rencontré l’autre partenaire. On veut s’assurer de ne pas présenter des partenaires qui disparaissent ensuite », explique Mei.

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Pour sa part, les enfants de Soraya ont rapidement démontré de la curiosité envers les nouveaux partenaires de leurs parents. « Ils m’ont demandé : “Quand est-ce qu’on va rencontrer ces personnes-là?”.»

Rassurer et être à l’écoute (indeed!)

La communication est un aspect très important des relations non-monogames. Le même principe s’applique aux enfants. Soraya mentionne que l’important, c’est d’être à leur écoute, de les laisser poser leurs questions et surtout, de ne pas imposer sa façon de voir. Ses enfants ont déjà compris que leur relation était « hors norme » parce qu’ils ne sont pas tout à fait à l’aise d’en parler à l’école.

Il est aussi important d’atténuer leurs inquiétudes. « Allez-vous rester ensemble? Est-ce que votre amour pour vos autres partenaires est différent? ». Face à ce genre de questions, l’important c’est de dire aux enfants qu’ils seront toujours notre priorité et qu’on ne cessera jamais de les aimer.

Soraya a donc dit à ses enfants : « Ça n’enlève rien à l’amour qu’on a l’un pour l’autre ni à l’amour qu’on a pour vous. L’amour, ça se partage. »

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Si vous faites le choix de vous impliquer dans des relations NMC, vos enfants auront forcément des questions. Parfois, celles-ci nous prennent de court et c’est correct de le dire et de prendre le temps d’y réfléchir. Cependant, on devrait toujours revenir avec une réponse, parce que le secret ou le manque de clarté peuvent être source d’angoisse pour vos enfants.

Dans tous les cas, l’essentiel, c’est de rassurer les enfants par rapport au fait que tout le monde est d’accord et que ça se fait dans le respect.

Élargir les possibles

Ce qu’on devrait retenir de tout ça? Que les relations peuvent exister sous différentes formes, tout comme les familles peuvent être différentes. L’important, c’est que chacun.e se sente respecté.e, aimé.e et en sécurité. Parce qu’il est possible d’aimer plusieurs personnes de manière différente sans que cela ne diminue l’amour que l’on porte aux autres.

Pour beaucoup de parents non-monogames, cette forme de relation permet plus d’ouverture à tous les niveaux. Soraya conclut : « Nos filles questionnent beaucoup plus les normes depuis qu’on est dans une relation non-monogame. Ça les aide à mieux vivre leur propre marginalité. » Pis ça, c’est oui!

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