.jpg)
«Je suis pas assez payé pour ça»: vos pires histoires de travail
Vient un moment dans la vie de tout jeune employé.e où un événement majeur, dégueulasse ou dangereux survient. Les codes tacites de l’allégeance envers l’employeur voudraient que l’employé.e intervienne. Mais la dure réalité, c’est que dans ces moments-là, où on est en train de regarder l’événement arriver pendant que le big boss de la compagnie a probablement les fesses bien installées dans le sable chaud d’une plage vierge des Caraïbes, on a la réalisation ultime et on se dit: I don’t get paid enough for this shit…
Dans mon cas, ce fut dans mes premières minutes en tant qu’employé dans un supermarché. Alors que la gérante me faisait faire le tour des lieux, un des superviseurs est venu l’interrompre pour lui dire qu’il y avait eu un «dégât» dans la toilette des hommes… Par «dégât», il faut comprendre qu’un vieux monsieur avait complètement repeint la cabine. Les deux se sont retournés vers moi, et nettoyer ledit dégât fut ma première tâche en tant qu’employé. Fouillez-moi pourquoi, j’ai quand même fini par occuper cet emploi pendant plusieurs années 🙃 .
Après avoir vu cette vidéo où un jeune employé filme la scène alors que des kids mettent le feu à un présentoir de feux d’artifice, et repart avec le plus gros look «je me fais pas payer assez pour dealer avec ça» que la terre ait connu, je me suis dit que ça serait intéressant de demander à nos abonnés et nos collègues de nous raconter les meilleures fois où ils se sont dit la même chose.
Et il y en a des vraiment pas pires!
J-P: jouer à la police
Toutes les fois où j’ai couru pour rattraper des gens qui essayaient de se pousser avec des Xbox, quand je travaillais au Future Shop. Je ne dépassais pas la limite des portes du magasin, parce qu’à 11$ de l’heure, j’allais pas me lancer dans une poursuite ou me battre pour ça.
Une fois, un collègue a sauté sur le toit du char des voleurs, comme dans un film, avant de débarquer quand l’auto s’est mise à rouler. J’ai jamais trop compris ce qu’il pensait qu’il allait pouvoir faire.
Isabelle: l’enfant fru
Quand un enfant de camp a fait une crise de bacon car il venait de perdre à un jeu et que j’ai dû l’emmener dans mon bureau et attendre qu’il se calme. Il frappait sur les murs, sur le classeur, il a hurlé pendant minimum 30 minutes avant de diminuer son intensité de décibels. Une chance qu’il ne joue pas pour le CH, ce kid-là! #UnBrinMauvaisPerdant
Aleksandra: la politique au bureau
La dernière fois que j’ai dit «je ne suis pas assez payée pour faire ça»: Mon gestionnaire du moment m’a demandé de «mettre mes culottes» et de répondre à un département avec lequel je travaillais main dans la main pour défendre son point de vue, alors qu’il avait tort, dans une conversation avec beaucoup trop d’enjeux et de conséquences possibles. Quand je lui ai dit que je n’étais pas d’accord et que j’ai expliqué les raisons pour lesquelles je n’étais pas d’accord, il m’a répondu: «Des fois être politique c’est dire des choses avec lesquelles on n’est pas d’accord. Maintenant je veux voir comment tu te débrouilles.»
Non non, je ne défendrai pas un point qui ne se défend pas avec des risques directement sur ma carrière et ma réputation pour faire semblant que je suis d’accord et voir comment je gère une situation politique.
Kat: histoires de bar
Je pense qu’en étant bartender pendant 10 ans, j’étais clairement pas assez payée pour ben des affaires comme…
La fois où j’ai fortement suggéré trois fois à une fille de boire plus lentement son drink, qui contenait du lait. Résultat? Elle a tout régurgité dans l’entrée et j’ai dû tout nettoyer. FUN TIME!
Ou bien la fois où j’ai dû gérer un gars clairement en crise de psychose un dimanche soir, alors que j’étais pas mal toute seule au bar.
Ou encore la fois où mon collègue et moi on s’est fait cracher dessus par une fille avec qui on a fini par se battre. Résultat? Elle a obtenu une injonction restrictive!
Lucie: trop c’est trop
Le patron du bar où je travaillais ne voulait pas payer pour une femme de ménage, et forçait le staff à nettoyer les toilettes du club. Un jour, je sors d’une cabine bloquée par du vomi et je tombe face à face avec une cliente qui me dit littéralement: «Ma chérie, je suis certaine que tu te fais pas assez payer pour cette merde. Enfuis-toi.»
J’ai donné ma démission deux jours plus tard, après avoir vidé la moitié du stock d’alcool avec le reste du staff.
Lyne: «s’amuser» avec les vacanciers
Quand mon chef de village au Club Med me demandait «gentiment» de finir la soirée avec de gentils membres, dont un nain riche de Mexico. Une bonne partie des lettres de plainte de nos clients portaient là-dessus; pas les serviettes sales, le manque de planches à voile, les quesadillas trop cuites ou le spectacle de Cats pourri, mais sur le fait qu’une telle ou un tel n’a pas voulu s’amuser avec le client. On nous faisait la lecture des lettres de plainte le lundi matin, lors du petit déjeuner. La définition même de I don’t get paid enough for this shit.
Frank: le party d’étudiants en médecine
Ma première job, j’étais busboy dans un golf où il y avait toujours des réceptions, mariages, partys, etc. Si vous avez côtoyé des gens en médecine, vous savez que le motto «work hard, play hard» s’applique sur un moyen temps quand vient le moment de faire le party … On est genre le 22 décembre et c’est le party de fin de session ou de bac d’étudiants en médecine.
Évidemment, tout le monde s’explose à coups de Jagermeister et de shots cheap du bar toute la soirée. Pendant ce temps-là, le jeune de 15 ans que je suis sue sa vie en cuisine pour essayer de laver les 45643 services du souper en même temps quand, tout à coup, la barmaid entre avec une face blême comme j’ai jamais vu. Elle me dit «peux-tu venir avec moi? Il y a un “dégât” à ramasser…». Je pense tout de suite à une assiette qui s’est renversée ou quelque chose du genre, mais je comprends rapidement que le «dégât» s’était passé aux toilettes…
Je vous épargne les détails, mais disons qu’une certaine fêtarde avait un peu trop abusé des bonnes choses et ses orifices en avaient eu assez. En même temps. Cette scène est encore imbriquée dans ma mémoire 13 ans plus tard…
Mathieu: servir de réveil-matin
Il y a plusieurs années, alors que je travaillais comme recherchiste pour la radio de Radio-Canada, un invité (animateur à ses heures et grassement payé) qu’on avait booké à notre émission m’avait demandé de lui téléphoner pour le réveiller quelques minutes avant son passage en ondes (pour lequel il était aussi grassement payé). Rien de déplacé, rien de dégoûtant, mais… mannnnn arrête de faire ton roitelet pis METS TON RÉVEIL-MATIN comme tout le monde! J’avais refusé en lui disant que j’étais débordé et que surtout, j’étais pas payé avec les taxes des Canadien.ne.s (!) pour jouer à l’alarme d’iPhone.
Alex: pause-joint
Je travaillais dans un bar du Mile End à l’époque où l’endroit était au peak de sa popularité. Vendredi soir, minuit, la folie. Il n’y a plus de place pour marcher. Je m’occupe de sortir toutes les commandes pour la salle tandis que deux collègues servent les clients au bar. On est complètement débordés, il y a trois-quatre vagues de clients assoiffés, les bons de commande défilent, les serveurs hurlent, les busboys paniquent. Un vendredi soir classique.
Et puis le téléphone sonne. Je sais que c’est le patron. Pas le temps, je ne réponds pas. Il rappelle immédiatement. Je décroche en essuyant mon front. Il me demande à son bureau, situé au fond du bar. Je lui réponds que c’est vraiment pas le bon moment. Il insiste.
J’arrive dans le bureau en courant. On me prie calmement de m’assoir, entre deux inconnus. J’obéis. Deux hommes hassidiques me fixent. L’un d’eux me tend une boulette de hasch déposé sur une Torah. Et là je réalise qu’on m’a convoqué pour leur rouler un joint. Me voilà en complet-nœud papillon, tout dégoulinant, sachant que ma pauvre équipe ne se remettra jamais de mon départ, à égrainer du marocain blond pour un deux papiers en me faisant demander mon opinion sur la pertinence des colonies en Cisjordanie. I really don’t get paid enough for this shit.