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Je mets des photos de ma fille sur Instagram. Et alors ?

Publier ou ne pas publier bébé? Telle est la question.

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On dirait que depuis quelques années, il faut choisir un camp. Celui des parents intelligents et éclairés qui ne publient aucune photo de leur enfant sur les réseaux sociaux ou le camp des parents inconscients qui exposent leur progéniture comme si c’était un influenceur en devenir.

Dans mon cercle à moi, la ligne est assez nette : moins on voit la face de ta descendance sur Instagram, mieux tu es censé dormir la nuit.

Les emojis de la pureté

Je les vois souvent, autour de moi, les emojis de cœur sur les visages des petits, ces gardiens de la pudeur et du bon goût. Ou encore les cadrages hyper stratégiques où on voit juste un mollet d’enfant et des gerbes de blé qui laissent deviner un champ à l’arrière.

Ne pas montrer le visage de notre enfant sur les réseaux, c’est devenu une façon de dire : « Je suis une bonne personne, je suis consciente des enjeux. J’ai lu les articles, moi!», ce qui fait que parfois, en publiant ma fille de face en train de rire ou de jouer, je me demande si je fais fausse route ou si je suis carrément une mauvaise mère.

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Bébé versus crustacé

Moi aussi, j’ai lu les articles. Je connais les risques. Je suis tout à fait consciente que chaque photo laisse une trace. Que l’identité numérique de ma fille prend forme avant même qu’elle sache écrire son nom en lettres attachées. Je sais que ces images peuvent être reprises, modifiées, sorties de leur contexte. Je sais qu’une pancarte d’école en arrière-plan peut en dire long sur notre mode de vie. Je sais que je suis responsable de sa vie privée et de son siège d’auto.

Selon la porte-parole du Centre canadien de protection de l’enfance citée dans cet article de Radio-Canada, « avec l’intelligence artificielle, des gens peuvent produire toutes sortes de matériel : du matériel illégal et pédopornographique. Aucun parent n’est à l’abri parce que les images de leurs enfants qui sont en circulation sur les médias sociaux peuvent être récupérées par des personnes mal intentionnées ». Et ça, c’était en 2023, l’année du premier Will Smith qui mange du spaghetti. Imaginez ce que l’IA peut faire de nos jours.

Je sais tout ça et pourtant, je continue. Pourquoi? La vérité plate et simple, c’est que ma fille, c’est la personne que j’ai le plus envie de photographier.

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Je peux trouver un plateau d’huîtres très photogénique, mais pas assez pour dire à mes amies d’attendre avant de le dévorer parce que je dois faire un photoshoot. Mais ma fille qui rit, qui découvre, qui fait ses premiers bricolages avec un bâton de colle Pritt qui sent l’enfance, j’ai envie de l’immortaliser 12 000 fois. Et parfois, j’ai envie de le partager. Blâmez-moi.

Je ne pense pas que ce soit pour les likes. On le sait, les gens détestent les mamans qui publient sans cesse des photos de leurs enfants. Un papa qui le fait, c’est cute. Une matante qui n’a pas d’enfants qui va au Biodôme une fois par année avec sa nièce et qui len fait un post? Attendrissant. Mais une mère? Ark! estie qu’elle a pas de vie, elle. Mais ça, c’est un tout autre débat.

Bref, je ne tente pas de performer mon rôle de mère cool en publiant des photos de ma fille sur les réseaux, ou du moins, c’est ce que je crois. Je le fais parce que ça déborde de beauté et que ça me fait du bien. C’est plate de même.

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Qui a raison?

Je me suis posé 1 000 questions à ce sujet. Est-ce que je publie ces images pour moi ou pour les autres? Est-ce que ce serait plus vertueux de ne rien montrer? Est-ce que la pudeur parentale est en train de devenir un statement politique? Est-ce que c’est rendu performatif de ne pas montrer son enfant? Et si oui, est-ce que je suis obligée d’entrer dans le jeu?

La réponse que je me donne, c’est que non, c’est pas un concours de vertu ni une course à la discrétion absolue. C’est pas un test de pureté numérique, non plus. C’est un choix, tout simplement.

Pour ma part, j’ai établi des balises très claires : ne jamais voir notre adresse ni le nom de son école. Ne pas activer la géolocalisation sur Instagram. Ne pas publier de photos gênantes, de moments vulnérables, ni de nudité. Bref, rien qui pourrait éventuellement lui nuire. Avant chaque post, je me pose la question : est-ce que ma fille, une fois adolescente, serait à l’aise qu’il y ait cette photo sur mes réseaux sociaux? Si la réponse est non, ça reste sur mon téléphone et nulle part ailleurs.

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La nuance, un acte de rébellion

Je comprends ceux et celles qui choisissent de ne rien montrer. Je comprends aussi ceux et celles qui montrent juste un bout de main ou un profil flou devant un coucher de soleil. Je comprends même ceux et celles qui sont devenus quasiment invisibles sur les réseaux (option à laquelle je songe moi-même parfois).

Cela dit, je ne pense pas être une mère irresponsable parce que je partage parfois une photo de ma fille qui saute dans une flaque d’eau. Je pense au contraire que je navigue dans un monde complexe avec les meilleures intentions possibles.

Je veux protéger ma fille et respecter sa vie privée, mais je refuse aussi d’avoir honte d’aimer la montrer.

Dans un monde où tout devient rapidement un débat moral, je me donne le droit d’exister dans la nuance. Pas tout ou rien. Pas noir ou blanc. Juste une mère qui réfléchit, qui apprend, qui ajuste, et qui partage parfois ce qui la rend heureuse. Parce que la parentalité n’a pas besoin d’un dilemme de plus.

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Une réflexion en évolution

Je vous avoue cependant qu’en écrivant ce texte, ma réflexion a évolué. Pourquoi je choisis de publier des photos de ma fille, malgré les risques? La vérité : je vis un peu dans le déni. Je me dis que des personnes mal intentionnées voleront probablement les photos d’enfants d’influenceurs à 100 000 abonnés bien avant celles de ma fille. Je sais, c’est faire l’autruche. Si je ne fais habituellement pas passer mes propres besoins avant ceux de ma fille, dans ce cas-ci, je me rends compte que c’est l’inverse.

J’ai des amis qui ont des albums de photos en ligne auxquels seule la famille a accès. Ce n’est pas sur les réseaux sociaux et le résultat est le même, les bénéfices sans les risques!

Connaissant cette option, pourquoi je m’obstine à mettre mes photos sur Instagram? Honnêtement, je n’ai pas la réponse… Ou j’ai peut-être simplement peur de la connaître.

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