LogoSponsor

Je fais quoi avec mon argent comptant?

Si vous ne savez pas, tirez à pile ou face.

Par
Edouard Ampuy
Publicité

Il y a quelques semaines, j’ai vendu une pièce de déco via un groupe Facebook de revente. À ma grande surprise, la personne me l’a payée en laissant un billet de 20$ dans ma boite aux lettres.

Après avoir récupéré l’argent, je suis resté un bon cinq minutes dans mon hall à regarder le billet comme un archéologue scrute un artefact qu’il vient de déterrer. Comme beaucoup de monde, je privilégie le paiement sans contact à cause de la pandémie. Selon une étude réalisée par Mastercard, c’est près d’un québécois sur deux qui n’a pas réglé en espèce depuis le début de la crise. Les résultats d’une autre étude publiée par Paiements Canada indiquent qu’un peu plus de 6 Canadiens sur 10 affirment se procurer moins souvent de l’argent comptant à un guichet automatique.

Publicité

Pas étonnant, sachant que les signes indiquant «Nous vous prions de bien vouloir utiliser une carte de débit ou de crédit si possible» ont commencé à apparaitre un peu partout dans les commerces essentiels.

Le cash est passé d’objet convoité à objectum non grata en un clin d’œil. À tel point qu’on hésiterait à ramasser un billet si on en voit un par terre.

Et je ne sais pas quoi faire de ce 20$. Il repose sagement dans mon porte-monnaie en attendant que je me décide.

Mais j’ai pensé à quelques solutions.

Le donner

C’est possible de le donner à n’importe qui, mais on peut aussi décider d’en faire don à ceux qui en ont le plus besoin.

Comme le rappelle Jean-François Mary, directeur de l’organisme Cactus, c’est toujours une bonne chose de donner son argent aux personnes itinérantes, encore plus en ce moment. «Ils sont dans une situation difficile, car ils n’ont plus de possibilités de quêtes, plus d’opportunités pour des “jobbines”, donc l’argent comptant les aide directement», souligne-t-il.

Publicité

Pour ceux qui n’ont pas de compte en banque, le cash reste le seul moyen de survivre. On peut donc le donner aux itinérants que l’on croise, ou le déposer aux organismes qui travaillent avec eux. «Nous acceptons les dons en argent comptant, il suffit de venir sur place», indique Jean-François Mary.

L’offrir en argent de poche à un enfant

À votre enfant si vous en avez un. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez vous tourner vers votre petit neveu, nièce, cousin ou cousine, sinon le petit ou la petite des voisins.

D’après une étude conduite par des experts en comportement de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, c’est à sept ans qu’on commence à façonner nos habitudes financières. À cet âge-là, les enfants comprennent la valeur de l’argent et seraient même capables de planifier des dépenses, de les reporter ou d’y renoncer.

Publicité

D’ailleurs, selon l’un des co-auteurs de l’étude, le comportement que l’on adopte en tant qu’enfant face à l’argent est susceptible d’influencer nos choix financiers à l’âge adulte.

Donc avec la pandémie, si on veut pouvoir faire plaisir à un bambin en lui refilant le fardeau du billet qui traine, il faut se souvenir que 20$ à un enfant ce n’est pas «qu’un peu d’argent de poche». Non, c’est une leçon de vie.

Aller le déposer à la banque

Les banques ont en général gardé un certain nombre de succursales ouvertes. Il est possible de se rendre à certains comptoirs pour y déposer de l’argent en cash si la somme est importante.

Si néanmoins ce n’est pas une mallette pleine de billets que vous comptez laisser, alors vous pouvez le faire aux guichets automatiques, qui sont normalement ouverts.

Si vous ne voulez pas donner l’argent à la banque pour qu’il se retrouve sur votre compte et que vous souhaitez absolument le garder, pensez à les laver. La Banque du Canada, qui dit avoir testé la durabilité des billets avec des produits ménagers courants, conseille de les laver avec de l’eau et du savon. Des substances comme l’eau de Javel et l’éthanol provoquent toutefois des dommages et rendent les billets méconnaissables.

Publicité

L’encadrer comme souvenir

Une façon originale de disposer des billets d’argent inutilisé serait d’en plastifier un et de l’encadrer pour l’ajouter à la collection des « objets liés à la pandémie ». Il y trouvera une bonne place aux côtés des titres de journaux qui parlent du confinement mondial, d’un masque, d’un gant, d’un vieux bout de pain et d’une photo du Dr Horacio Arruda.

Un musée à Vienne a commencé dès la fin mars à documenter le quotidien en temps de pandémie. La photo d’un mariage pendant la crise, des dessins d’arc-en-ciel, ou un baiser à travers une vitre font par exemple partie des photos soumises.

En commençant avec le billet, vous pouvez constituer votre propre collection personnelle qui sera elle-même utilisée plus tard pour raconter le quotidien de cette période hors du commun. Qui sait.

Le conserver «au cas où»

Au cas où quoi me demandez-vous ? Eh bien selon un lecteur du journal Le Quotidien qui a travaillé 30 ans à la Banque du Canada, si les systèmes informatiques des grandes banques tombent en panne pour un certain temps, l’argent comptant peut être un mode de paiement fort utile.

Publicité

Donc si nous nous dirigeons vers un avenir aux reflets dystopiques dans lequel le système bancaire se retrouve paralysé, il se peut qu’on se voie contraint d’utiliser notre cash en attendant sa relance. À ce moment-là, les quelques billets prudemment conservés pendant cette crise de la COVID-19 tomberont bien à point.

Avant de ne plus rien valoir, si le problème dure.

Ce qui n’est pas conseillé c’est de jeter littéralement l’argent par la fenêtre, ou de le stocker dans son matelas en importante quantité. Si face à un billet inutilisé depuis longtemps on se pose la question: qu’est-ce que je vais bien pouvoir en faire? C’est que peut-être que quelqu’un d’autre en a plus besoin que vous.