L’autrice est fondatrice du blog Maman Autochtone.
Avant les vacances des fêtes, j’étais assise dans mon véhicule pour faire le point. Deux jours après avoir reçu le prix MAMMOUTH, on m’envoyait une impressionnante quantité de messages, dont un m’avait particulièrement interpellée. C’était celui d’une adolescente québécoise fréquentant le niveau secondaire.
Dans ce message, cette jeune fille me parlait de la nécessité que les langues autochtones soient enseignées dans les écoles, et ce, bien plus que l’anglais. Elle mentionnait également qu’en tant que québécoise de souche qui a à cœur la langue française, elle déteste comment certaines lois sur la protection de la langue française pilent sur la survie des langues autochtones.
En tant qu’allochtone, elle a aussi exprimé le souhait que ce soit quelque chose que le gouvernement du Québec adopte et d’en faire un cours obligatoire et rendre l’anglais optionnel puisqu’il s’agit d’une matière facilement accessible ailleurs qu’à l’école.
Toujours dans ce même message, la jeune fille mentionnait également que puisque nos langues viennent d’ici, de notre territoire que nous partageons depuis des millénaires : « Je ne vois pas pourquoi on ne serait pas capable d’apprendre les langues autochtones à partir du primaire si vous, on vous a imposé le français et l’anglais? ». On oublie trop souvent que ce sont d’abord nos langues qui sont nées ici, nos langues qui viennent du territoire! En tant que parent, son message a eu un grand écho en moi. Ce qu’elle avait comme idée faisait beaucoup de sens, à mon avis.
Préserver les langues autochtones : un pilier pour la préservation de notre culture
Il ne faut surtout pas négliger l’importance de préserver et d’enseigner les langues autochtones. Après tout, celles-ci font partie intégrante de notre patrimoine culturel et doivent être valorisées et protégées.
En enseignant ces langues dans nos écoles primaires et secondaires, nous pourrions aider à réduire les écarts culturels tout en favorisant une meilleure compréhension entre les peuples autochtones et non autochtones. Après tout, les langues autochtones sont souvent étroitement liées tant à l’histoire des peuples autochtones qu’à celle du Québec.
En apprenant une langue autochtone pendant leur cheminement scolaire, les élèves pourraient avoir accès, par exemple, à des récits traditionnels liés au Nitassinan, à des traditions et à des valeurs culturelles qui pourraient être perdus si la langue disparaît.
Dans un monde idéal, le souhait de la jeune fille serait de créer un programme où il serait possible d’apprendre une langue autochtone en fonction du territoire de la nation où l’école se trouve. Par exemple, sur la Côte-Nord, ce serait l’Innu-Aimun. Éventuellement, avec une plus grande diffusion des langues autochtones, il serait possible d’offrir des services dans ces langues, comme on le fait actuellement avec le français et, bien sûr, l’anglais.
Cette réflexion m’a également fait prendre conscience de l’importance de donner plus de voix à nos jeunes. Ils et elles ont des idées novatrices qui méritent d’être entendues. En leur donnant la parole, nous pouvons apprendre d’eux et travailler ensemble pour un avenir meilleur.
Les jeunes ne sont pas seulement les leaders de demain, ils sont également des acteurs cruciaux dans la construction d’un avenir plus inclusif et diversifié. En écoutant activement nos jeunes sur leurs préoccupations, en encourageant leur participation et en leur accordant la confiance nécessaire, on pourrait permettre de construire un Québec plus inclusif et respectueux de toutes les cultures et de toutes les langues.