L’amour d’un enfant, ça fuck un baromètre d’amour. J’ai jamais aimé un chum autant que j’aime mon enfant. Je n’ai jamais eu autant envie de coller un chum que j’ai envie de coller mon bébé.
C’est-tu normal? Suis-je une perverse narcissique qui aime juste ce qu’elle crée? Je ne pense pas. J’ai créé quelques vases à temps perdu et je les haïs pour mourir; la poterie, c’est vraiment pas pour moi.
On ne travaille pas sa relation de couple comme on travaille sa relation avec son enfant et il y a une raison derrière ça : ce n’est pas le même amour ni le même genre de relation (sauf si vous vous appelez Woody Allen, mais on n’ira pas là).
Les études le confirment
Moins aimer son conjoint après avoir eu un bébé, c’est normal. Même les études le confirment. En fait, une méta-analyse de 2021 a prouvé que la satisfaction relationnelle diminue au cours des dix premières années de vie commune, que les couples soient parents ou non. Et quand est-ce que les parents ont leur premier enfant? Souvent dans les 10 premières années d’une relation.
Cela dit, selon une autre méta-analyse, les non-parents sont généralement plus satisfaits de leur relation de couple que les parents.
C’est particulièrement vrai chez les nouveaux parents : 38 % des femmes qui viennent d’avoir un bébé affichent une satisfaction élevée, contre 62 % des femmes sans enfants.
Ce qui est intéressant, c’est que plus l’enfant grandit, plus les mères sont satisfaites de leur relation de couple. Chez les pères, l’âge de l’enfant ne semble avoir aucune influence. C’est donc vraiment le stade de « bébé » qui a le plus d’incidence sur la relation.
Sauf quand on a plusieurs enfants. C’est malheureusement prouvé : plus un couple a d’enfants, moins il est susceptible d’être satisfait de sa relation.
Il y a tout de même de l’espoir : avec le temps, les parents et les non-parents ont une satisfaction similaire de leur relation de couple.
Être une équipe
Il existe moins de données sur les familles LGBTQIA+, mais celles qui existent démontrent que les mères des couples lesbiens qui ont porté le bébé consacrent plus de temps à l’éducation des enfants que leur partenaire (bien que ces dernières y consacrent déjà plus de temps que les pères des couples hétérosexuels). Les couples lesbiens et gais ont d’ailleurs tendance à répartir les tâches ménagères de manière plus égalitaire que les couples hétérosexuels, ce qui résulte en une plus grande satisfaction au niveau du couple.
Une partie de la solution résiderait donc dans la répartition des tâches.
Une étude démontre d’ailleurs que près des deux tiers des couples signalent une baisse de satisfaction relationnelle jusqu’à trois ans après la naissance d’un enfant.
Les chercheurs ont cherché à savoir ce qu’avaient fait différemment les couples ayant obtenu des résultats positifs. Le résultat : ils ont développé un fort sentiment d’amitié, ont pratiqué une saine gestion des conflits et ont abordé les différents besoins de leur nouveau-né en équipe.
Tout est toujours un peu la faute du post-partum
Une grande partie de cette insatisfaction est attribuable aux hormones et au manque de sommeil.
Pour la grande majorité des couples, ce que les psychologues appellent les facteurs relationnels « protecteurs » – comme la communication, l’intimité et le temps passé ensemble – sont mis à mal par la naissance d’un enfant. Si on ajoute à cela des facteurs de stress comme le manque de sommeil (c’est pas pour rien que c’est considéré comme une forme de torture), il peut souvent sembler impossible pour un couple d’éviter que des tensions apparaissent après la naissance d’un enfant.
Redéfinir l’intimité
Maintenir une connexion sexuelle avec son partenaire est également important, et, après l’accouchement, un couple a souvent besoin de temps avant de rétablir cette connexion. Le corps de la mère a changé, il doit guérir physiquement, mais aussi psychologiquement.
Cela dit, j’espère que je ne vous apprends rien en écrivant que sexualité n’égale pas nécessairement pénétration. Environ 90 % des mères recommencent à avoir des relations sexuelles dans les six mois suivant l’accouchement. Toutefois, 83 % d’entre elles rencontrent des problèmes sexuels trois mois après l’accouchement et 64 % en ont encore, six mois plus tard.
Pas moins d’amour, mais moins de tout
Les parents ne sont pas nécessairement moins amoureux l’un de l’autre, mais ils ont certainement moins de temps, moins de sommeil, moins de patience… Cette combinaison peut donner l’impression d’avoir moins d’amour pour l’autre.
Ils ont moins de temps ensemble, aussi. Le bébé devient le centre de l’univers, les grands-mères sont là plus souvent qu’autrement… Et compter le nombre de cacas par jour et leur couleur, c’est pas le contexte idéal pour entretenir son couple.
L’important, c’est de travailler ensemble, de montrer son appréciation à l’autre et de tenter de se trouver des micros-moments pour entretenir la connexion.
Mais surtout, il faut se dire que ça va finir par passer.
Que les hormones vont se replacer.
Que bientôt, on pourra dormir plus.
Et qu’on pourra prendre le temps de prendre le temps, dès qu’on aura le temps.